Le PNN produira des aliments locaux toute l’année grâce à un projet novateur

Isabel Mosseler

IJL – Réseau.Presse

Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

Êtes-vous estomaqués par le prix de la laitue ? La sécurité alimentaire vous préoccupe-t-elle ? La Première nation Nipissing (PNN) en est préoccupée depuis quelques années, et les solutions qu’elle a imaginées il y a six ans sont sur le point d’être mises en œuvre.

En effet, la PNN vient de recevoir trois serres-conteneurs pour la culture hydroponique, équipées de lumières LED et d’un système d’arrosage et de nutriments automatisé qui permettront de produire des aliments 365 jours par année. La première récolte est attendue en janvier, puisque les serres sont déjà en pleine préparation à Jocko Point.

Les serres « mnodin » sont arrivées le 9 novembre, puis ont été installées près de la pompe à essence Gen7. Le vendredi 18 novembre, les médias ont pu visiter le site avec le chef de la PNN, Scott McLeod, la directrice des opérations Geneviève Couchie, et l’ancien agent de développement économique de la PNN, maintenant à la retraite, Mike Harney.

C’est M. Harney qui avait initié le projet en 2016, et il était ravi le voir enfin réalisé. Son objectif était d’assurer la sécurité alimentaire de la PNN, mais aussi d’être fournisseur pour les restaurants et grossistes de la région. « Dans le temps, lorsqu’on commençait à parler du changement climatique, les gens se plaignaient que nos aliments venaient de la Californie et du Mexique (…) et parfois il y avait des bactéries sur la laitue. (…) Cela me paraissait évident qu’il fallait produire notre propre alimentation afin d’alléger ces inquiétudes et de ne pas être dépendants d’autrui pour nous fournir en légumes. »

Le chef McLeod y voit plein de possibilités. « Ce projet pourra s’élargir aussi. Lorsque nous voyons que dans le Nord, une tête de laitue coûte 14$ à 15$, nous pourrions offrir une alternative moins couteuse (…) Nous pourrions offrir aux autres premières nations du Nord des aliments plus sains et moins chers. »

Selon M. Harney, le partage fait partie intégrante du projet. « Lorsque nous serons bien partis ici et que nous saurons comment tout ça fonctionne, nous allons offrir de la formation à d’autres premières nations… C’est l’un de nos objectifs. »

Il y aura un aspect commercial afin de rendre la production viable, explique-t-il. « Il faut que ce soit une opération autonome. Nous ne voulons pas que le conseil soit obligé de financer ce projet continuellement. Il faut vendre assez pour pouvoir payer les factures et les employés (…) Il faut du revenu et ce revenu viendra de la vente aux restaurants. (…) Dans une seule serre, si nous produisions exclusivement de la laitue, nous pourrions produire 24 000 à 25 000 têtes de laitue par année. C’est beaucoup de laitue,» d’exclamer M. Harney.

Les coûts capitaux de 1,2 millions de dollars ont été financés par le Fonds du Patrimoine du Nord de l’Ontario, FedNor, la Banque de développement Waubetek et la PNN.

Il faudra quatre semaines pour produire de la laitue, mais la culture sera gérée de manière à garantir une récolte chaque semaine. On commencera par de la roquette, des épinards, des herbes et de jeunes pousses, dont le temps de maturité variera. « Une fois bien parti, ça fonctionnera de manière très précise, très efficace. C’est le but. Nous ne laisserons pas un centimètre de ces serres non-utilisé, » décrit M. Harney.

Le personnel nécessaire sera bientôt en fonction. Mme Couchie dit que le poste de gérant des opérations a déjà été offert à un candidat compétent. « C’est un diplômé de l’Université Nipissing en Horticulture avec une spécialisation en Marketing (…) Lorsqu’il aura commencé, nous ajouterons un Opérateur des systèmes aussi. Cette personne n’aura pas besoin d’expérience préalable. C’est un système complètement automatisé, mais il faudra suivre les protocoles de nettoyage. Nous avons aussi un bon service de soutien de la part de notre fournisseur (…) Mike a fait beaucoup de travail sur un site de vente en ligne et des recherches sur les marchés agricoles. »

Le projet tombe à point, puisque plusieurs restaurants locaux ont cessé de servir de la salade en raison du prix galopant de la laitue. Les produits seront aussi commercialisés sous l’étiquette « produit localement par la PNN », donnant aux entrepreneurs des opportunités intéressantes pour vendre des produits à valeur ajoutée, comme des salades composées.

Le terme « mnodin », en langue anishinaabemowin, veut dire « qui pousse bien ». Si tout va comme prévu, les premières salades pourront être servies d’ici la mi-janvier. Le chef McLeod en est ravi. « Ce projet nous a été proposé par Mike [Harney] comme une entreprise potentielle et une façon de promouvoir l’indépendance alimentaire, tout en favorisant une alimentation saine et de bonnes retombées économiques pour les marchés locaux et potentiellement pour les premières nations du Nord qui paient des sommes astronomiques pour les légumes frais qui sont transportés là-bas. De plus, il y a l’avantage de devenir un centre de formation pour les premières nations qui veulent se lancer dans une entreprise similaire. (…) Lorsque Mike travaillait sur ce projet, c’était bien avant la pandémie. Lorsque la COVID a frappé, nous avons compris toute l’importance de l’indépendance alimentaire. Maintenant nous entrons dans une récession, et ça confirme encore plus l’importance de cette initiative. Au début, c’était un peu flou, mais au fur et à mesure que les choses avançaient et que nous en apprenions davantage, c’est devenu très clair que c’était une très bonne affaire pour nous. »

Cela s’inscrit parfaitement dans la vision plus large de la PNN, aussi. « Nous avons toujours eu des programmes de santé pour nos aînés et nos petits à la garderie, pour promouvoir une alimentation saine. Nous avons des nutritionnistes qui travaillent avec notre service de santé pour encourager les membres à manger sainement. C’est aussi une façon responsable de combattre le changement climatique. Lorsque la laitue nous vient de la Californie, l’empreinte carbone est immense avant même que cette laitue n'arrive dans nos épiceries. Cette laitue sera locale! Ça ne va pas remplir toute la demande, mais c’est un pas dans la bonne direction. Ça va servir d’exemple, ça va montrer que c’est possible (…) À la longue, on verra de plus en plus d’entreprises comme celle-ci, » espère le chef McLeod.

Photo : L’ancien agent de développement économique de la Première nation Nipissing, Mark Harney (à gauche) était ravi de voir son projet de serres-conteneurs enfin voir le jour pour assurer la sécurité alimentaire de sa communauté. Il a visité le nouveau site de culture hydroponique avec le chef de la PNN, Scott McLeod, et la directrice des opérations, Geneviève Couchie.

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  • Date de création 25 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 25 novembre, 2022
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