Le pluvier siffleur, menacé par les activités humaines et le réchauffement

Les pluviers siffleurs abandonnent les plages de l’Île-du-Prince-Édouard. Les activités humaines et les changements climatiques menacent les aires de nidification de cet oiseau et ses routes de migration. Associations et parcs nationaux tentent de le protéger aux quatre coins du Canada atlantique. 

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Marine Ernoult

Initiative de journalisme local − APF − Atlantique

Les plages de la province risquent d’être plus silencieuses cet été. Le pluvier siffleur voit sa population décliner selon le décompte annuel réalisé par Parcs Canada et l’organisme environnemental Island Nature Trust. Le long de la côte nord, les équipes ont recensé 51 oiseaux au début juin (dont 18 dans le parc national), contre 71 l’an dernier. «Ils ont pu s’installer sur les plages des provinces voisines», tempère Jennifer Stewart du parc national de l’Î.-P.-É.

Dans le sud-ouest de Terre-Neuve, la situation n’est pas plus enviable. L’organisme Intervale a dénombré 17 oiseaux entre Port-aux-Basques et la vallée de Codroy, contre 26 en 2019. «C’est préoccupant de voir des couples nicheurs disparaître de nos plages, confie Russell Wall, coordinateur du programme pluvier siffleur chez Intervale. Surtout qu’il y a beaucoup de pertes. L’an dernier peu d’oisillons ont survécu.»

Du Canada aux Caraïbes

Du côté du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, les nouvelles sont meilleures. Nature Nouveau-Brunswick a comptabilisé 94 pluviers siffleurs sur les 33 plages du nord-est de la province. En Nouvelle-Écosse, Birds Canada en a répertorié 64. Des chiffres constants par rapport à l’année précédente.

Classés comme espèce «quasi-menacée» par l’Union internationale pour la conservation de la nature, les pluviers siffleurs arrivent chaque printemps sur les côtes du Canada atlantique pour se reproduire, nicher et élever leurs petits. Les couples se ménagent un nid dans le sable sec des plages et les femelles y pondent systématiquement quatre oeufs qui éclosent au bout de 28 jours. Fin août, les pluviers siffleurs reprennent le chemin du sud des États-Unis et des Caraïbes. Mais l’avenir s’annonce compliqué pour l’oiseau migrateur.

La menace des ouragans

«Les principales menaces sont la perte et la dégradation de son habitat dues aux activités humaines, notamment l’urbanisation, la pollution plastique, les loisirs, l’usage de véhicules sur les plages», alerte Lewnanny Richardson, directeur du programme «espèces en péril» au sein de Nature Nouveau-Brunswick. Avant de préciser : «Si un pluvier voit son nid et ses oeufs détruits, il va le refaire et repondre. Mais si c’est démoli une seconde fois, il l’abandonne définitivement».

Les changements climatiques contribuent également au déclin du pluvier siffleur en modifiant son habitat et en augmentant la force et la fréquence des évènements météorologiques extrêmes. L’intensité accrue des ouragans dans les Caraïbes est susceptible d’affecter ses routes de migration et d’entraîner une surmortalité. Ainsi, après l’ouragan Dorian, qui s’est transformé en tempête post-tropicale au-dessus de l’Î.-P.-É., «de nombreuses plages de la province ont changé et des habitats ont été détruits», explique Jennifer Stewart.

Tenir les chiens en laisse

Dans les quatre provinces de l’Atlantique, associations et parcs nationaux coordonnent leurs efforts de conservation et mènent des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens. Un travail essentiel alors qu’à la mi-juin, le personnel de Parcs Canada a retrouvé une trentaine de ballons en plastiques sur la plage de Cavendish. «On doit partager la plage, ce n’est pas seulement à nous, c’est aussi un habitat essentiel pour d’autres espèces, il faut la respecter», insiste Vicki Jonhson d’Island Nature Trust. La coordinatrice du programme pluvier siffleur rappelle l’importance de tenir les chiens en laisse et de ne pas les promener là où c’est interdit, de ne pas utiliser de véhicule à moteur sur les plages, de marcher sur les sentiers et de ne pas laisser d’ordures (cela attire des prédateurs qui mangent les oeufs).

Les acteurs impliqués dans la protection de l’oiseau migrateur veulent rester optimistes. À l’Île-du-Prince-Édouard, l’objectif est d’avoir quinze couples dans le parc national. Pour l’heure, trois plages du parc sont fermées au public pour permettre aux oeufs d’éclore et aux oisillons de prendre leur envol.

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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)

Pluvier et son petit : À peine sortis de leur coquille, les oisillons abandonnent leur nid et partent à l’aventure. Protégés par leurs parents, ils doivent tout de suite apprendre à se nourrir seuls. (Courtoisie Vicki Jonhson)

Pluvier adulte : Un pluvier siffleur adulte mesure entre 17 et 18 centimètres et peut vivre jusqu’à 15 ans. (Courtoisie Vicki Jonhson)

Nid : Les pluviers siffleurs font leur nid dans le sable sec des plages, au-dessus du niveau de l’eau. La femelle pond toujours quatre oeufs. «Ils installent leurs nids là où nous aimons poser nos serviettes pour bronzer», commente Vicki Jonhson d’Island Nature Trust.(Courtoisie Vicki Jonhson)

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  • Date de création 26 juin, 2020
  • Dernière mise à jour 26 juin, 2020
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