Le paysage s’éclaircit pour la loutre

Autrefois complètement disparue, la loutre fait son grand retour à l’Île-du-Prince-Édouard. Une vingtaine d’individus sont régulièrement observés dans nos cours d’eau. La province a promulgué de nouvelles règles de protection pour aider l’espèce aquatique à se réapproprier son territoire. Ce mustélidé revient de loin. 

 

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Marine Ernoult 

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne 

 

 

On aurait pu les croire perdues… mais voilà que les loutres repeuplent les rivières de l’Île-du-Prince-Édouard depuis une dizaine d’années.  

En 2016, une loutre mâle adulte a été capturée dans un piège à castors. Depuis, selon un rapport publié le 15 janvier dernier dans la revue The Canadian Field-Naturalist, sept autres spécimens ont été accidentellement piégés.  

En 2019, l’Association des bassins-versants de Kensington North a également observé des loutres en mouvement sur des caméras, accrochées à des arbres. Et régulièrement des insulaires témoignent de leur présence aux abords des cours d’eau.  

Cet animal aquatique, qui parcourt de grandes distances à la nage, «a probablement traversé le détroit de Northumberland depuis le Nouveau-Brunswick ou la Nouvelle-Écosse», explique Matthew Ginn, biologiste au sein du département Forêts, poissons et faune de la province.  

L’autre possibilité est qu’elles soient venues en hiver, aidées par la glace, ajoute le scientifique.  

Population «petite et précaire» 

Autrefois, l’Î.-P.-É. comptait une population florissante de loutres de rivière d’Amérique du Nord, également connues sous son nom scientifique, Lontra canadensis, ou kiwink en Mi’kmaq.  

Mais la chasse et la perte d’habitat ont eu raison du mammifère aquatique. Piégée pour sa fourrure, délogée des zones humides converties en champs, l’espèce s’est éteinte au début du XXe siècle.  

Les spécialistes estiment qu’aujourd’hui cinq familles, soit une vingtaine d’individus, ont repris leur quartier sur l’île.  

Un repeuplement spontané qui n’a nécessité aucune opération de réintroduction et qui semble assez dynamique pour que l’espèce soit provisoirement sortie d’affaire. 

«Ça reste très petit et précaire. Il faudra plusieurs décennies pour vraiment reconstruire la population de façon pérenne», prévient Matthew Ginn.  

À ses yeux, les conditions sont néanmoins favorables à l’installation des loutres dans les rivières de l’île. 

Piégeage interdit  

«Elles ont de la nourriture en abondance et suffisamment d’espace pour vivre, nous avons tellement de rivières, de marais, de ruisseaux et d’étangs», assure le biologiste.  

«Elles vont aussi pouvoir se disperser dans la province en se déplaçant le long des côtes et entre les bassins-versants qui sont interconnectés», poursuit-il. 

Pour aider les loutres à reconquérir le territoire insulaire, la province a interdit leur piégeage. Dans les bassins-versants de Kensington North, l’interdiction du piégeage est étendue à tous les animaux. 

«Certaines personnes peuvent obtenir un permis spécial et utiliser des pièges pour les castors. Mais s’ils prennent une loutre, ils doivent obligatoirement la laisser partir», précise Matthew Ginn.  

L’Alliance des bassins-versants de l’Î.-P.-É. coordonne, de son côté, un projet d’installation de caméras le long de différents cours d’eau et sentiers de la province. L’objectif? Suivre les loutres à la trace. 

 

 

 

 

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Photos 

 

Des caméras, installées par l’Association des bassins-versants de Kensington North, ont capturé des images de plusieurs loutres au cours des dernières années.  (Photo : Gracieuseté) 

  

Image d’une loutre capturée par la caméra la nuit en 2019.  (Photo : Gracieuseté) 

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  • Date de création 8 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 8 avril, 2024
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