Le Parti vert à la conquête de l’Ouest canadien
Le Parti vert du Canada s’est muni d’un nouveau visage, le 3 octobre dernier. Après 14 ans à la barre du parti, Elizabeth May a cédé sa place à Annamie Paul, une avocate de Toronto. La nouvelle cheffe aura-t-elle des chances dans l’Ouest canadien et saura-t-elle faire grandir son parti à la Chambre des communes?
Alyson Roussel
Initiative de journalisme local – APF - Ouest
Première impression : un nouveau visage et de nouvelles promesses
Lors de son élection au début du mois d’octobre, la nouvelle cheffe du Parti vert du Canada, qui est aussi la première femme noire à diriger un parti politique au pays, prononçait un discours inclusif et plus centriste que ce qu’on a connu dans le passé.
La professeure adjointe au département de science politique et d’économie au Collège militaire royale du Canada, Stéphanie Chouinard, explique qu’avec son discours, Annamie Paul tente de se rapprocher d’une clientèle médiante en parlant des enjeux environnementaux, mais aussi d’autres sujets comme le filet de sécurité sociale.
«Pour l’électeur moyen, quelqu’un comme Annamie Paul va montrer le sérieux du Parti vert. Tant au point de vue des idées que du point de vue de la plausibilité du Parti vert comme une alternative au gouvernement», pense la professeure au Collège de Kingston.
L’Ouest n’est pas un terrain acquis
La Colombie-Britannique est au cœur du succès du Parti vert avec deux sièges à la Chambre des communes, soit les circonscriptions de Nanaimo-Ladysmith et de Saanich-Gulf Islands. La nouvelle cheffe devra tout de même investir de l’énergie pour préserver les acquis dans l’Ouest, nous explique la professeure.
«Malheureusement pour le Parti vert, le système électoral joue contre lui», dit-elle.
En région urbaine, le parti a des appuis, mais il est difficile pour lui de percer. En région rurale, c’est une majorité «extrêmement forte» qui vote pour les conservateurs. Selon Mme Chouinard, ce serait «extrêmement surprenant que le Parti vert ait des chances de percer» dans les plus petites communautés.
En Alberta et en Saskatchewan, avec l’opposition à la taxe carbone qui a atteint un niveau très élevé, «le climat actuel n’est pas une option pour le Parti vert», souligne le professeur en science politique à l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily.
D’un autre côté, venir de l’Ontario lui permettra peut-être de garder ses sièges et d’en obtenir dans d’autres régions du pays où Elizabeth May n’était pas très présente, souligne Mme Chouinard.
Le Parti vert n’est plus le seul vert
Les élections de 2019 et le discours du Trône du 23 septembre dernier ont montré que le Parti vert n’est plus le seul à se battre pour l’environnement. Comme le dit la professeure en science politique du Collège militaire royale du Canada, «l’enjeu environnemental n’est plus la chasse gardée du Parti vert».
Le responsable des politiques internationales pour le Réseau action climat Canada, Eddy Pérez, explique la situation politique.
«Aujourd’hui, on ne parle pas de la question environnementale comme d’un enjeu qui appartient à un seul parti politique, mais comme d’une question de leadership. Tous les partis politiques fédéraux devraient avoir une plateforme climatique forte et ambitieuse s’ils souhaitent gagner les élections fédérales», mentionne-t-il.
Selon le politologue Frédéric Boily, le problème des verts en Colombie-Britannique est la proximité de sa plateforme environnementale avec celles des néo-démocrates et des libéraux.
Les priorités du Parti
Les deux politologues s'accordent pour dire que le premier défi de Mme Paul sera d’obtenir son propre siège à la Chambre des communes.
«Avant de gagner la confiance et le respect des parlementaires, il va falloir qu’elle devienne une parlementaire elle-même», souligne Stéphanie Chouinard.
Selon Frédéric Boily, «c’est loin d’être acquis pour elle. Il est possible qu’elle doive se présenter en Colombie-Britannique plutôt qu’en Ontario».
La deuxième priorité sera de trouver des candidats qui paraissent crédibles à l’électorat, y compris dans l’Ouest, même si on ne pense pas faire des gains à l’élection, pense M. Boily.
«S’ils veulent montrer qu’ils sont un parti sérieux, ils doivent être capables de présenter une brochette de candidats acceptable dans toutes les provinces, ce qui n’a pas toujours été le cas», explique-t-il.
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Bas de vignettes :
Le politologue et professeur en science politique à l'Université de l'Alberta, Frédéric Boily.
(Photo gracieuseté de M. Boily)
La professeure adjointe au département de science politique et d’économie au Collège militaire royale du Canada, Stéphanie Chouinard.
(Photo gracieuseté de Mme Chouinard)
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- Date de création 13 octobre, 2020
- Dernière mise à jour 13 octobre, 2020