Le Nouveau-Brunswick solidaire des réfugiés ukrainiens

Dans leur ADN, les Acadiens connaissent les sentiments qu’éprouvent les déracinés. A la mi-avril, plus de 5 millions d’Ukrainiens avaient déjà fui leur pays dévasté par la guerre. Cet exode volontaire crée une nouvelle diaspora qui s’éparpille à travers le monde. Mardi 7 juin, 170 réfugiés ont foulé le sol du Nouveau-Brunswick. C’est une communauté solidaire qui leur a déroulé le tapis rouge pour leur souhaiter la bienvenue.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

 

Yehor Titov a trois ans. Il ne sait pas qui est la dame qui lui a donné un drapeau du Nouveau-Brunswick et une peluche sur le tarmac de l’aéroport Roméo-LeBlanc. Peut-être lui apprendra-t-on plus tard qui est la lieutenante-gouverneure et quel est son rôle. Loin des ors de Fredericton et de leur cadre protocolaire, Brenda Murphy a joué les hôtesses d’accueil sans cérémonie, avec naturel. L’enfant, qui a le visage de l’avenir, écarquille ses grands yeux ronds et découvre un monde nouveau qui ne semble guère l’intimider.

Les adultes s’embrassent et se font des accolades sous des applaudissements nourris. Ils sont plus émus que les tout petits. Leur odyssée les a transportés sur un autre continent, loin de leur terre natale. Dans ce havre de paix que représente le Canada, ils viennent prendre un nouveau départ. De part et d’autre, l’émotion est palpable, à l’image de celle qui étreint Charles Murray, de Fredericton.

Le commissaire à l’intégrité porte bien son titre, auquel il pourrait ajouter l’intégration. Il y a quelques mois, son épouse Sarah et lui ont acheté une nouvelle maison, très spacieuse. Quand la guerre a éclaté et que des populations ont commencé à être déplacées, ils se sont dit qu’ils pouvaient faire quelque chose. Ils ouvrent leurs portes à une famille de quatre personnes avec qui ils correspondaient depuis plus d’un mois.

« Ça nous tient à cœur »

« Pour moi, c’est un jour rempli d’émotions, confie-t-il avec tendresse. J’ai le sentiment que cette expérience va beaucoup m’apporter. Ils vont avoir leur propre espace, une cuisine. J’espère qu’on va leur donner un bon départ. »

Les Murray font partie de celles et ceux qui, dans un formidable élan de solidarité, ont proposé des chambres chez eux, et qui parfois ont même mis leur chalet à la disposition des réfugiés. Environ 80% des 170 personnes qui ont atterri vont résider dans les centres urbains de Moncton, Saint-Jean et Fredericton. Les autres iront dans les régions rurales, comme à Grand Manan où Tetiana Psaras vit depuis sept ans et qui est venue accueillir une famille de trois personnes, originaires comme elle de Marioupol, la ville-martyre.

De leur côté, Suzanne et Yves Poussard ont offert leurs services pour transporter une famille avec enfants au centre-ville de Moncton. C’est Vera Schitterer, l’épouse d’origine ukrainienne du consul général de France, qui les a alertés et sensibilisés il y a de cela des semaines. Huit fois grands-parents, ils se réjouissent d’aider les familles avec de jeunes enfants. Leur exil trouve une résonnance dans la mémoire d’Yves.

« Ça nous tient à cœur, car mon beau-père a été interné en Allemagne pendant cinq ans comme prisonnier de guerre, relate Suzanne. Cinq ans, c’est long. Après la guerre, il a immigré au Québec pour y trouver la paix. »

Un nouveau départ dans la vie

La ministre responsable de l’Immigration, Arlene Dunn, a déclaré que les réfugiés ukrainiens arrivaient dans le cadre d’un programme d’urgence avec un visa temporaire de trois ans. Grâce à ce dispositif spécial, Ils pourront travailler et étudier. En temps opportun, ils pourront demander la résidence permanente et la ministre s’est engagée à ce que la province les soutienne dans ce processus.

Pour sa part, Dominic Cardy a pris ses dispositions pour favoriser l’intégration des jeunes dans le système éducatif. Des instructions ont été envoyées en ce sens aux districts scolaires.

« Les réfugiés abandonnent leur ancienne vie et arrivent ici avec presque rien. La moindre des choses que nous pouvons faire pour les aider à prendre un nouveau départ, c’est de donner à leurs enfants l’accès à nos services d’éducation », a dit le ministre.

Le président du Conseil multiculturel du Nouveau-Brunswick, Moncef Lakouas, est lui-même un produit de l’immigration et l’incarnation d’une intégration réussie. Il a loué le rôle central de son organisme dans la préparation de cette arrivée. En amont, le Conseil a coordonné l’action du gouvernement, des chambres de commerce, des employeurs et des agences d’établissement à travers la province.

« Tout le monde est impliqué dans leur transition pour minimiser le stress, dit-il. On laisse les familles ensemble. Il faut qu’on s’assure, en tant que Canadiens, que leur expérience se passe dans les meilleures conditions. Peu importe où ces réfugiés s’installent, les néo-brunswickois vont se mobiliser pour les accueillir de la bonne façon. »

 

 

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Photos

 

Titre : Yehor

Légende : Yehor Titov, 3 ans, est le visage de l’avenir.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

 

Titre : Les Poussard

Légende : Suzanne et Yves Poussard se sont portés bénévoles pour assurer le transport d’une famille de réfugiés.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

 

Titre : Charles Murray

Légende : Charles Murray et son épouse accueillent une famille de 4 personnes chez eux à Fredericton.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 16 juin, 2022
  • Dernière mise à jour 16 juin, 2022
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