Le Nord se penche sur l’égalité des genres

Un sommet bilingue sur l’égalité des genres s’est tenu au Centre culturel Kwanlin Dün, à Whitehorse, les 18 et 19 mai derniers. Pour les organismes à travers le pays, c’était l’occasion d’en apprendre plus sur les réalités des communautés nordiques.

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Laurie Trottier

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

Si l’égalité des genres est un principe qui transcende les provinces et territoires, les expériences diffèrent entre les grandes villes et les communautés du Nord. C’est ce constat qui a poussé le Réseau Avenir égalitaire, une initiative du Partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants (CanSFE), à tenir son deuxième sommet à Whitehorse. Le sommet a attiré plus de 200 personnes, provenant de tout le Canada.

L’égalité des genres sous toutes ses facettes

Une variété de sujets ont été abordés pendant les deux jours du sommet, allant du financement des organismes à la sécurité alimentaire et la nutrition, en passant par les perspectives communautaires de la violence fondée sur le genre.

Des conversations inclusives ont eu lieu, devant un public qui avait parfois des allures de chambres d’écho. « C’est toujours un risque avec ce genre d’événement, explique Laurence Rivard, la directrice des Essentielles au Yukon. Les organismes féministes comprennent déjà l’importance de l’égalité des genres! Dans l’idéal, la salle serait remplie de gens issus de la politique active, de l’éducation et de la justice. Mais ça n’enlève pas la valeur de ce genre de sommet où on peut partager nos bonnes pratiques entre organismes. »

Mélanie Lemay habite au Québec et est l’une des seize boursiers et boursières invité·e·s par le CanSFE à participer à l’événement. Pour elle, le sentiment de communauté était inspirant : « Je trouve que c’est extraordinaire, dans la mesure où on considère souvent qu’on porte ce fardeau-là seule, qu’on voit beaucoup d’immobilisme […] De voir qu’on est plusieurs à avoir la même vision des choses, c’est rassurant ».

Quand les élèves sensibilisent

Le 18 mai, quatre élèves du Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile Mercier (CSSC Mercier) ont présenté leur club d’inclusion lors d’une activité mise en place par Charlie-Rose Pelletier, agente de mobilisation des Essentielles. L’école secondaire dispose désormais d’un espace sécuritaire pour s’assurer que tous les jeunes, peu importe leur identité de genre, se sentent bien au sein de l’établissement.

« On a beaucoup de valeurs qui font la promotion de la sécurité et l’inclusion dans le groupe pour que tout le monde se sente bien et à l’aise », expliquait sur scène Paul l’Heureux. Kona Turpin a ensuite expliqué comment on peut créer une école plus inclusive, notamment avec des toilettes non genrées. Anick Girouard a quant à elle abordé les façons de sensibiliser le personnel de l’école : « Au début de l’année, la conseillère pédagogique a réuni tous les professeurs pour expliquer comment les personnes peuvent s’identifier autrement que comme filles et garçons. » Aurora April a conclu en rappelant la nécessité du club pour les élèves : « C’est important d’avoir un espace où on peut s’exprimer de la manière qu’on veut. »

L’assistance était ensuite invitée à se réunir en petits groupes pour discuter des façons de rendre leur milieu de travail plus inclusif. Catherine Maertens, une des personnes présentes dans la salle, a beaucoup apprécié l’activité : « Pendant le sommet il n’y avait pas tout le temps des espaces informels où on pouvait échanger […] Là, au sein même de leur conférence, ils ont créé un atelier super pratique. »

En avril 2022, le projet de loi 304 a été adopté à l’Assemblée législative du Yukon et stipule que toute école doit fournir des espaces et des activités inclusives pour la communauté LGBTQ2S+ et ses allié·e·s.

Miser sur l’entraide et les partenariats

Le sommet a abordé de plein fouet la nécessité d’améliorer les partenariats entre organismes. Lors de la séance d’ouverture du sommet portant sur le pouvoir du partenariat, Tamara Voudrach, une artiste inuvialuk des Territoires du Nord-Ouest, a rappelé que les solutions pour sa communauté se retrouveront au sein de celle-ci, plutôt qu’ailleurs. « Nous devons collaborer avec les femmes qui sont déjà ici, qui ne repartiront pas demain pour retourner chez elles. Vous n’avez pas besoin d’amener des personnes de l’extérieur pour guérir votre communauté », a-t-elle lancé.

Pour Mélanie Lemay, cofondatrice du mouvement Québec contre les violences sexuelles, il faut également plus d’opportunités d’empouvoirement pour les organismes à but non lucratif militant pour l’égalité des genres, en parallèle de leurs structures qui restent avec une plus vieille mentalité.

Patricia Brennan, gestionnaire à l’Association franco-yukonnaise (AFY), a profité du sommet pour présenter SERVIS, le nouveau réseau d’échanges et de services pour la communauté francophone. Aucune autre activité ou atelier n’a été développé par l’AFY pour ce sommet bilingue.

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Photos

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Légende : Tout au long du sommet, Esther Bordet a fait des captations graphiques des panels, de façon à résumer en images et en mots les discussions.

Crédit : Laurie Trottier

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Légende : Financement des organismes, sécurité alimentaire et nutrition ou perspectives communautaires de la violence fondée sur le genre faisaient partie des nombreuses thématiques qui ont été abordées lors du Sommet.

Crédit : Laurie Trottier

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  • Date de création 5 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 3 juin, 2023
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