Le ministre Guilbeault refuse la demande d’Action Champlain

Une autre tuile vient de tomber sur la tête d’Action Champlain. Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du gouvernement fédéral, Steven Guilbeault, a refusé d’évaluer le projet de cimenterie de Colacem à L’Orignal en vertu de la Loi sur l’évaluation d’impact du gouvernement canadien. 

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

En soumettant le projet à cette loi, le ministre aurait évalué les impacts sur l’environnement, sur la santé, sur les peuples autochtones et aurait pu vérifier les données fournies par la cimenterie Colacem.

Le comité de citoyens Action Champlain, qui tente par tous les moyens de faire reculer le projet de cimenterie de Colacem à L’Orignal, avait envoyé une lettre le 30 août dernier pour que le ministre évalue le projet selon la Loi sur l’évaluation d’impact.

Les CUPR, en plus de la majorité des municipalités de Prescott-Russell, du Bureau de santé publique de l’est de l’Ontario et des députés fédéraux Francis Drouin et Alexandre Boulerice, ont appuyé cette lettre.

«C’est le seul moyen qui permettra aux régions concernées d’obtenir une étude d’impact environnemental qui soit crédible et impartiale», peut-on lire dans une lettre d’Action Champlain envoyée aux Comtés unis de Prescott-Russell (CUPR).

Aucun changement

La Loi sur l’évaluation d’impact examine les répercussions d’un projet sur l’environnement, l’économie, la santé, la société ainsi que sur les droits des peuples autochtones du Canada.

Étant donné que la cimenterie qui serait située à cinq kilomètres du village de L’Orignal va ajouter une quantité de gaz à effets de serre (GES) dans l’air, Actions Champlain demandait au gouvernement d’évaluer ces répercussions surtout sur l’environnement et la santé. Le groupe croyait que le gouvernement aurait pu faire reculer un projet qui ajoute des GES dans l’air.

Le groupe comptait notamment sur cette évaluation pour illustrer les répercussions sur les peuples autochtones et les données erronées du projet, que le provincial ne veut pas vérifier.

Nature Canada avait déjà envoyé une demande du genre en 2018 au ministre de l'Environnement de l'époque Il avait refusé de désigner le projet sous la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale (2012), qui n’existe plus.

Le ministre avait alors répondu que la désignation du projet était «injustifiée» et «qu'il y avait des mécanismes de réglementation provinciaux et fédéraux en place pour gérer les effets environnementaux négatifs potentiels et offrir des possibilités de participation du public et des Autochtones.»

Action Champlain a voulu revenir à la charge en présentant eux-mêmes une demande sous la Loi d’évaluation d’impact mise en place en 2019, qui est différente de l’ancienne loi.

«Puisqu’il n'y a pas eu de changements matériels au projet, il n'y a pas lieu de revoir la décision», écrit le ministre Guilbeault dans une lettre envoyée uniquement en anglais à Action Champlain.

«Il est évident que le ministère ne veut pas s’en mêler», lance un des membres d’Actions Champlain, Gary Champagne.

«Très décevant»

Cet été, le comité citoyens avait demandé au ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario (MEPNP) de réviser l’approbation environnementale du projet avec les bonnes données. La compagnie Colacem a utilisé des tonnes américaines plutôt que des tonnes métriques dans leurs calculs des émissions atmosphériques produites par leur entreprise. Cela engendre une baisse de 10,23% des émissions de polluants. C’est ce qui a été relevé par l'expert engagé par le groupe citoyen Action Champlain, Brian Sulley, à la fin de l'année 2020. Le Tribunal d’appel de l’aménagement local (TAAL) avait reconnu une «omission de convertir les unités impériales en unités métriques». Cependant, c’est le devoir du MEPNP de réviser les données.

Le ministère n’a pas voulu entamer une révision. Après ce refus, on se fiait sur le fédéral pour reculer le projet de cimenterie.

«On comptait beaucoup sur le fédéral pour s’impliquer, surtout avec la crise climatique qu’on vit, confie une des membres d’Action Champlain, Élaine Demers. On a passé des heures et des heures à préparer le rapport de 240 pages. C’est très décevant.»

«On va s'asseoir et prendre un petit recul, on essaie de trouver des réponses. On était certains d’avoir travaillé la faille», mentionne Élaine Demers.

Le département de Pêches et Océans Canada (MPO) évalue présentement le dossier pour s’assurer que le projet n’ait pas de répercussions sur les poissons et son habitat.

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Photos

La cimenterie, qui serait située à cinq kilomètres du village de L’Orignal, ajouterait une quantité de gaz à effets de serre dans l’air. (Patrick Woodbury)

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  • Date de création 4 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 23 mai, 2023
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