Le legs ontarien de Brian Mulroney

De son propre aveu, la ministre ontarienne Caroline Mulroney n’a pas souvent parlé de son père en chambre. Mais le nom de l’ex-premier ministre du Canada, Brian Mulroney, ne cesse de résonner dans l’enceinte de l’Assemblée législative de l’Ontario, et ce, depuis des décennies.

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Émilie Gougeon-Pelletier

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

À Queen’s Park, Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor de l’Ontario et ministre influente au sein du cabinet de Doug Ford, n’a mentionné son père qu’une seule fois depuis son ascension fulgurante en politique provinciale, en 2018.

Et c’était il y a cinq mois.

«Les gens invoquent souvent le leadership de mon père, l’ancien premier ministre Brian Mulroney», a lancé Caroline Mulroney, le 18 octobre 2023.

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Cette fois-là, elle jugeait important de parler de son legs pour la communauté juive à travers le pays, mais aussi le monde.

«Ce n’est pas souvent que je l’invoque dans cette chambre, mais dans des moments comme celui-ci, je me souviens de son soutien fort et de principe à l’État d’Israël au fil des années, de son engagement à faire tout ce qu’il pouvait pour garantir que nous éradiquions l’antisémitisme au Canada et sa conviction persistante que le Canada doit être ferme dans son soutien à Israël et à son droit de se défendre», a-t-elle soutenu durant ce discours où elle tenait à faire part de son appui à Israël dans la guerre contre Hamas.

À Queen’s Park, Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor de l’Ontario et ministre influente au sein du cabinet de Doug Ford, n’a mentionné son père qu’une seule fois depuis son ascension fulgurante en politique provinciale, en 2018. (Archives, Le Droit)

C’était une fois parmi des centaines où l’héritage de Brian Mulroney à titre de premier ministre a été applaudi à l’Assemblée législative de l’Ontario.

Tous partis confondus ont souvent été élogieux à son endroit, et pour plusieurs raisons.

Bilan environnemental

Jeudi, le jour même où sa fille annonçait son décès, le nom de Brian Mulroney venait d’être mentionné à nouveau au parlement ontarien.

En début d’après-midi, durant les travaux parlementaires, le néo-démocrate Tom Rakocevic et la libérale Mary-Margaret McMahon discutaient du fait que, «surprenamment», plusieurs initiatives environnementalistes ont été mises en place par des gouvernements conservateurs, et le nom de Brian Mulroney est sorti du lot.

Son titre de premier ministre ayant été le plus écologiste de l’histoire du pays a d’ailleurs souvent fait écho à Queen’s Park.

Brian Mulroney a signé le protocole de Montréal en 1987, une entente internationale sur la protection de la couche d’ozone.

L’année suivante, il a convoqué à Toronto la première conférence politique sur les changements climatiques.

Ceci dit, c’est sa collaboration, en 1991, avec l’ancien président américain Ronald Reagan pour éradiquer les pluies acides dans les Grands Lacs qui a été citée le plus souvent au parlement ontarien.

En 1985, le président américain Ronald Reagan arrive à Québec à bord de Air Force One. Le premier ministre de l'époque, Brian Mulroney, l'accueille à l'aéroport de Québec. (Archives Le Soleil, Raynald Lavoie)

Les progressistes-conservateurs ont régulièrement fait les éloges du bilan de M. Mulroney à ce sujet, et l’opposition en a parfois aussi parlé, au cours des dernières années, pour convaincre le gouvernement Ford d’en faire plus pour protéger l’environnement.

«Il est possible que les conservateurs aient un plan pour l’environnement», avait soulevé l’ex-chef intérimaire libéral John Fraser, en 2018, quelques semaines après l’arrivée au pouvoir des progressistes-conservateurs de Doug Ford.

«Un premier ministre que vous connaissez peut-être, Brian Mulroney, un homme merveilleux et un conservateur […], et Ronald Reagan s’étaient unis sur leur défi environnemental, à savoir les pluies acides. Ils ont élaboré un plan, l’ont exécuté et ont obtenu des résultats», avait rappelé John Fraser.

Droits de la personne

Les droits de la personne ont aussi été une préoccupation centrale de Brian Mulroney durant ses neuf ans au pouvoir, notamment en ce qui concerne son ardente opposition à la politique d’apartheid de l’Afrique du Sud et de sa défense de la cause de Nelson Mandela.

La députée de Nepean, Lisa MacLeod, avait noté, durant le Mois de la Fierté en 2019, que sous le gouvernement Mulroney, le Canada est devenu l’un des premiers pays occidentaux à accueillir des réfugiés sur la base de leur orientation sexuelle.

«Je ne pourrais pas être plus fière du très honorable Brian Mulroney, il y a 30 ans – le père de ma voisine de siège [Caroline Mulroney] – qui, en 1991, a décidé de prendre cette position au nom de ce pays», avait-elle relevé.

Chez les francophones

Brian Mulroney est aussi connu comme étant le premier – et le seul – premier ministre canadien à avoir essayé de réconcilier le Québec et le reste du Canada, en ayant tenté de faire adhérer la province au grand projet constitutionnel canadien.

Par ailleurs, en apprenant son décès, jeudi soir, plusieurs organismes franco-ontariens ont aussi souligné l’importance qu’a eu le soutien de M. Mulroney envers leur communauté au fil des ans.

«La vie de Brian Mulroney a également été marquée par un soutien indéfectible aux droits des minorités francophones», selon l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

Parmi ses premiers gestes posés en arrivant en pouvoir, en 1983 et 1984, Brian Mulroney a «fait pression sur ses homologues ontariens pour accroître les droits des Franco-Ontariens et le bilinguisme officiel dans la province», a partagé l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa), par voie de communiqué.

Sa défense pour la survie de l’Hôpital Montfort en 1997, alors menacée par le gouvernement de Mike Harris, a aussi laissé sa marque, souligne l’organisme.

L’ACFO Ottawa note aussi la création du collège La Cité, le premier collège d’arts appliqués et de technologie de langue française dans la province, rendue possible grâce à son gouvernement, qui avait financé une partie du projet, en 1989.

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  • À Queen’s Park, Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor de l’Ontario et ministre influente au sein du cabinet de Doug Ford, n’a mentionné son père qu’une seule fois depuis son ascension fulgurante en politique provinciale, en 2018. (Archives, Le Droit)
  • En 1985, le président américain Ronald Reagan arrive à Québec à bord de Air Force One. Le premier ministre de l'époque, Brian Mulroney, l'accueille à l'aéroport de Québec. (Archives Le Soleil, Raynald Lavoie)
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  • Date de création 1 mars, 2024
  • Dernière mise à jour 1 mars, 2024
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