Le gouvernement Ford appuiera un projet de loi du NPD sur la violence conjugale

Le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford affirme qu’il appuiera un projet de loi du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario déclarant la violence conjugale comme étant une épidémie en province.

_______________________ 

Émilie Gougeon-Pelletier

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

Le leader parlementaire Paul Calandra a soutenu que son gouvernement a l’intention de demander au comité de la justice d’examiner le dossier de la violence conjugale et de formuler des recommandations.

La décision, qui a reçu une rare ovation de la chambre, mercredi, survient alors que le projet de loi de l’opposition officielle devait passer en deuxième lecture, la même journée.


 


 

Or, le gouvernement Ford a l’habitude de rejeter les projets de loi des partis d’opposition après leur première lecture.

Cette fois-ci, toutefois, «le gouvernement et ce caucus soutiendront le projet de loi d’initiative parlementaire qui sera présenté à la Chambre plus tard dans la journée», a lancé Paul Calandra, en réponse à la question de la cheffe néo-démocrate, Marit Stiles.

«En fait, nous allons aller plus loin, a soutenu le ministre Calandra. Le premier ministre [Doug Ford] a demandé que nous demandions l’avis du Comité permanent de la justice pour faire une étude approfondie sur tous les aspects, en ce qui concerne la violence conjugale, les programmes actuellement disponibles, certaines des causes profondes de celle-ci et les moyens que nous pouvons prendre pour s’améliorer.»

La réponse du gouvernement Ford a surpris l’opposition officielle, qui s’attendait à un nouveau refus face à cette requête, puisque c’est le sort qui lui avait été réservé à peu près au même moment, l’an dernier.


 


 

L’enquête Renfrew

En juin 2023, les progressistes-conservateurs avaient rejeté cette recommandation faite par le coroner à la suite d’une enquête sur la mort de trois femmes à Renfrew, à l’ouest d’Ottawa, ayant été tuées par le même ex-conjoint.

Le jury qui s’était penché sur les meurtres de Nathalie Warmerdam, de Carol Culleton et d’Anastasia Kusyk avait d’ailleurs formulé 86 recommandations destinées à prévenir de telles tragédies.

La province avait reconnu l’intention derrière la recommandation de déclarer la violence conjugale comme étant une épidémie, mais avait refusé de l’appliquer, plaidant qu’il ne s’agissait pas d’une maladie infectieuse ou transmissible.

Paul Calandra n’a pas expliqué clairement, mercredi, ce qui a provoqué que son gouvernement change ainsi son fusil d’épaule.

L’enquête de Renfrew avait aussi mené à des recommandations concernant la création d’une commission sur la violence conjugale et la mise sur pied d’un rôle de défenseur des survivantes.

Le gouvernement ontarien opinait alors que ces mesures étaient redondantes, étant donné les services déjà en place.


 


 

Une centaine de municipalités de l’Ontario, y compris Toronto et Ottawa, ont déjà déclaré la violence conjugale comme étant une épidémie.

Le gouvernement fédéral qualifie aussi d’épidémie la violence fondée sur le genre.

Déception

La cheffe du NPD ontarien a toutefois fait part de sa déception lorsque le ministre Calandra a dit que le projet de loi serait renvoyé en comité. «Nous avons eu rapport après rapport après rapport, nous savons ce qui se passe», a-t-elle martelé.

Fartumo Kusow est d’accord.

Sa fille, Sahra Bulle, est morte aux mains de son mari, à l’été 2023.

«Combien de femmes devront encore mourir avant que nous puissions dire ‘assez, c’est assez’?», a demandé la mère de famille de Windsor, qui s’est déplacée à Queen’s Park mercredi pour demander au gouvernement Ford de déclarer l’épidémie concernant la violence conjugale.

«Nous n’avons pas besoin d’un autre comité, de nouvelles études. Quand on me dit que toutes ces étapes sont nécessaires, ce que j’entends, c’est qu’on se fout de moi», a-t-elle plaidé, soutenant que ce débat «ne devrait pas avoir lieu, en 2024».

-30- 

 

Photos 

 

  • Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et le ministre ontarien des Affaires municipales et du Logement, Paul Calandra (Etienne Morin/Archives Le Droit)

 

  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 11 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 11 avril, 2024
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article