Le film "L'ordre secret" a été projeté devant 1500 élèves

« L’ordre secret », docu-fiction du cinéaste acadien Phil Comeau, rejoint à présent la jeune génération. Le Club Richelieu Moncton-Dieppe a organisé deux projections dans des écoles de la région, devant près de 1500 élèves. Les réactions sont enthousiastes.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

« Pour savoir où on s’en va, il faut savoir d’où l’on vient. » Cette phrase prononcée par l’ancien journaliste Rosaire L’Italien explique le sens de la démarche entreprise par le Club Richelieu Moncton-Dieppe, dont il est membre. Son président, Luc J. Doucet, a organisé la projection du film « L’ordre secret » dans deux écoles secondaires de la région : Mathieu-Martin à Dieppe et L’Odyssée à Moncton.

Luc fut le récipiendaire d’une mallette qui aurait dû être détruite il y a 58 ans lorsque l’Ordre de Jacques-Cartier fut subitement dissout. Fortuitement, son propriétaire n’a pas suivi les consignes qui lui furent transmises au moyen d’un télégramme. Il ne pouvait se résoudre à jeter au feu ce qui est devenu, avec le temps, une véritable capsule temporelle. Du pain béni pour le cinéaste Phil Comeau afin de lui permettre de mettre en chantier ce film qu’il a dédié à la mémoire de son père. C’est sur son lit de mort que Julius Comeau a avoué à son fils son appartenance à l’ordre secret.

Le 24 mars, ce sont près de 1500 spectateurs qui ont assisté à la projection à l’école L’Odyssée. Un record de plus à ajouter à la liste de ceux que Phil Comeau collectionne d’une année sur l’autre.

«C’est le record de spectateurs réunis à date pour ce film, s’émerveille le cinéaste. Après la présentation du film, les étudiants ont posé beaucoup de questions aux deux anciens membre «commandeurs» et aux trois comédiens du film sur scène. Grand merci à l’organisateur Luc Doucet, président du Club Richelieu Moncton-Dieppe, et à l’école L’Odyssée !»

Deux jours plus tôt, c’est à l’école Mathieu-Martin qu’eut lieu la première projection devant des élèves. Professeure de français création littéraire en 12e année, Christine Aubé Savoy y a assisté avec ses 16 élèves. L’enseignante fera un suivi avec eux pour voir comment ils ont perçu le film.

« J’ai vraiment apprécié de voir mes élèves très intéressés, et pour cause ! Avec la présence de ces hommes qui sont venus pour la table ronde après le film pour expliquer tout le travail qui a été fait en dessous. On n’avait jamais réalisé cela avant aujourd’hui. Ça va donner lieu à de belles discussions en salle de classe », a confié Mme Aubé Savoy au Moniteur Acadien.

Un petit jeu espiègle

Si « L’ordre secret » lève le voile sur La Patente, il reste encore des mystères à percer. Originaire d’Eel River Crossing, Daniel Pitre a participé au tournage. Il a appris que trois de ses oncles avaient été membres de l’Ordre, ce que tout le monde ignorait dans sa famille. L’Ordre de Jacques-Cartier était si secret, si hermétique et cloisonné que des frères, membres de commanderies différentes, ignoraient mutuellement que l’autre en faisait aussi partie.

Jules Desrosiers s’est fait souvent dire par son épouse, qui vient de la famille d’Antonine Maillet, qu’il n’était pas Acadien parce que son père était Québécois et que sa mère était Américaine. C’est plus tard qu’il apprit que celle-ci était en fait de pure souche acadienne, provenant du Village des Cyr. Depuis, Mme Desrosiers n’ose plus niaiser son mari !

« Mes enfants sont Acadiens, ma femme est Acadienne et moi je suis à moitié Acadien et j’en suis fier. Je suis allé étudier à la Pointe-de-l’Église pour apprendre du bon français. Continuez votre langue française et n’ayez pas peur d’être francophones ! » a lancé Jules au jeune public sous une salve d’applaudissements.

Rosaire L’Italien a encouragé les jeunes à l’imiter dans un petit jeu facétieux qu’il a commencé à pratiquer dans les années 70 au centre commercial Champlain : prétendre ne pas savoir parler anglais dans les commerces. Le client étant roi, cela force les commerçants unilingues à l’accommoder du mieux qu’ils peuvent, quitte à perdre pour cela 15 ou 20 minutes !

«Aujourd’hui, je le fais encore, révèle-t-il avec malice. Je parle trois langues mais mon fun c’est encore de dire «j’parle pas anglais», comme il y a deux semaines à Fredericton dans une taverne! C’est de même qu’on prend notre place au Nouveau-Brunswick et dans le pays, et qu’on continue d’exister.»

Fils et filles de Cartier

Les panélistes avaient des messages à faire passer aux jeunes. Ils leur ont fait comprendre que rien ne devait être tenu pour acquis et qu’il ne fallait pas s’endormir sur ses lauriers (Luc Doucet). Qu’ils sont la relève et doivent s’intéresser à la politique (Daniel Pitre). D’être fiers de qui ils sont, de leurs ancêtres et de leur histoire, mais aussi de ne pas hésiter à apprendre plusieurs langues (Euclide Chiasson).

À Mathieu-Martin, la table ronde était animée par Claire Émond (11e année) et Ophélie Chiasson (12e année). Les jeunes femmes ignoraient tout de l’histoire de La Patente avant de participer à ce projet. Pour elles, ce fut une remarquable découverte qui les rend encore plus fières et les incite aussi à aller plus loin pour leur francophonie. Claire, qui a l’habitude d’accueillir les clients en anglais lorsqu’elle travaille à temps partiel dans des commerces, est décidée à changer la norme et à leur parler spontanément en français. Ophélie, qui est membre de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick, a un message à transmettre aux jeunes.

« Impliquez-vous et soyez fiers de vous impliquer dans votre langue, en français. C’est nous qui sommes le futur. Nous sommes la relève et, d’une certaine façon, c’est nous qui sommes, aujourd’hui, les fils et les filles de Cartier. »

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Photos

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Légende : Un public record à l’école L’Odyssée, pour la plus grande joie de Phil Comeau.

Crédit : Gracieuseté

Titre : OJC-4

Légende : De g. à d. : Euclide Chiasson (ancien commandeur), Jules Desrosiers (comédien), Daniel Pitre (comédien), Romain Landry (frère d’un ancien commandeur), Ophélie Chiasson et Claire Émond (animatrices), Luc J. Doucet et Rosaire L’Italien (comédiens et membres du Club Richelieu Moncton-Dieppe).

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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Légende : Chasse au trésor pour ces élèves qui trouveront peut-être des membres de leur famille dans les archives de l’Ordre secret.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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Légende : Pour Christine Aubé Savoy, l’expérience constitue une occasion enrichissante d’avoir de belles discussions en classe avec ses élèves.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : OJC-10

Légende : En participant au projet, Ophélie Chiasson et Claire Émond ont fait de belles découvertes qui ont renforcé leur fierté et leur sentiment d’appartenance à la communauté francophone.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 29 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 29 mars, 2023
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