Le centre alimentaire de l’Est ontarien abandonné

Les Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) laissent tomber le projet d’un centre d’abattage, de transformation et de distribution d’aliments dans Prescott-Russell. Le lourd impact économique d’un tel projet aurait été trop grand pour les retombées qu’il aurait apportées, mentionnent les CUPR.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

«C’est 100% une question d’argent, lance le président du conseil, Normand Riopel. C’est un projet immense concernant la demande en eau. Il n’y a pas une municipalité qui est capable de répondre à cette demande. Ça aurait freiné le développement immobilier et augmenté le taux d’imposition d’une municipalité.»

Au moment de proposer ce projet an avril 2020, l'intention des CUPR était de développer le marché local en augmentant la visibilité et la vente des produits de la région. Cette initiative aurait donné un coup de pouce aux entreprises qui ont de la difficulté à trouver une place sur les tablettes pour leurs produits. Le centre aurait été un modèle unique au Canada, car tous les légumes, viandes et produits de transformations alimentaires auraient été considérés.

Le projet qui aurait été financé à la fois par le public et le privé était évalué à 36,4 millions de dollars et aurait créé 65 emplois.

Projet incertain

Les retombées économiques n’étaient pas assez garanties pour que les CUPR se lancent dans un projet d’une telle envergure.

«On parle de la capacité d’eau du village de Casselman, illustre le directeur général des CUPR, Stéphane P. Parisien. Tu viens tuer la capacité d’augmenter le développement immobilier. Aussi, c’est difficile de trouver de gros joueurs prêts à investir. Plus on faisait des analyses poussées, plus on voyait des embûches. Des fois, on peut faire des projets pour améliorer les municipalités, mais des fois, ça ne sert à rien d’essayer de retirer de l’argent pour rien.»

Dans un rapport rendu public à la rencontre des CUPR mercredi matin, M. P. Parisien listait l’incertitude de la disponibilité de produits frais, le marché limité de Prescott-Russell et l’absence d’un portrait complet du réseau d’acheteurs potentiels comme autres raisons de l’abandon du projet.

Déceptions dans le monde agricole

Le directeur général du Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien se dit déçu de la mort du projet, mais comprend l’ambition qu’aurait nécessitée la construction de ce centre.

«Le projet avait des impacts positifs dans plusieurs secteurs de la région, dit-il en apprenant la nouvelle. Ça aurait porté fruit très loin dans la communauté. Mais je suis compréhensif, ce projet était extrêmement ambitieux. J’aimerais que la porte ne soit pas fermée. C’est souvent une question de timing pour ces projets-là.»

Il relève que l’un des plus gros défis dans le réseau de l’alimentation est la distribution. «Il y a un très grand écart entre un petit volume et un grand volume de distribution et ce projet aurait pu appuyer le réseau de distribution», mentionne M. Béland.

Même si la distribution des produits de la région prend de l’expansion, il relève que les produits du terroir ne sont pas assez connus. «Ce projet est un gros véhicule de moins. On est dans la vague en ce moment. Avec la pandémie, il y a un mouvement d’achat local dont on aurait pu tirer avantage. Ça aurait été un moment parfait.»

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Photos

Les Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) laissent tomber le projet d’un centre d’abattage, de transformation et de distribution d’aliments dans Prescott-Russell. (123RF)

Normand Riopel, président des Comtés unis de Prescott et Russell. (Simon Séguin-Bertrand, Le Droit)

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  • Date de création 24 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 24 mars, 2023
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