Le casse-tête du transport en commun

Un projet pilote de transport en commun est en branle dans les Comtés unis de Prescott et Russell ( CUPR ). L’idée est d’évaluer la demande pour ce genre de service en milieu rural. Rendu au cœur du projet, l’achalandage n’est pas assez grand pour faire vivre une compagnie privée.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

En octobre 2019, les CUPR ont démarré PR Transpo grâce à une subvention du gouvernement de l’Ontario. Ce projet pilote qui durera jusqu’en 2025 relie les différentes municipalités des CUPR par autobus, l’objectif étant de voir si un service de transport en commun serait viable pour une compagnie privée dans ces régions.

« Un des buts de ce projet est de l’optimiser et de le valider de façon à ce qu’un fournisseur de transport privé puisse le prendre. On est encore en train d’analyser le tout. On essaie de voir qui sont les secteurs qui l’utilisent le plus pour voir si un système de transport pourrait s’installer dans certaines villes », affirme la directrice du développement économique et touristique des CUPR, Carole Lavigne.

De ses débuts à mars 2020, PR Transpo a enregistré 300 embarquements. Après une pause pandémique, la formule a changé. Les trajets fixes sont devenus un système sur demande.

De juin 2021 à mars 2022, 124 usagers différents ont utilisé le service pour 2009 embarquements. Mme Lavigne soutient qu’elle aurait souhaité un plus grand achalandage.

« Les gens ne sont pas habitués à un système de transport, alors on a de l’éducation à faire. »

Impact de la pandémie

Contrairement à PR Transpo qui transporte les résidents seulement à travers les CUPR, la compagnie 417 Bus Line offrait des trajets jusqu’aux centres-villes d’Ottawa et de Gatineau. Partant de Casselman, les 13 autobus permettaient aux travailleurs gouvernementaux des régions rurales de se rendre au bureau sans voiture. Mais la pandémie a complètement arrêté cette offre. Seuls les routes scolaires et les autobus voyageurs sont encore en fonction. Idem pour Leduc Bus Lines, basée à Clarence-Rockland, qui offre le même service.

« Maintenant, tous les travailleurs fédéraux travaillent à la maison, alors ça n’en vaut pas la peine. Je vais attendre de voir à l’automne, peut-être que les gens vont revenir. On a fait des sondages et on n’a pas eu assez de demandes », souligne le directeur des opérations à 417 Bus Line, Mario Laplante.

« On garde un œil là-dessus. On va bientôt lancer un sondage pour avoir une meilleure idée de la demande », ajoute le directeur des opérations chez Leduc Bus Lines, Jasmin Leduc, qui se trouve dans la même situation.

M. Laplante s’est senti délaissé par le gouvernement lors de la pandémie. « La covid a tué le transport. Pour l’industrie touristique du transport, le gouvernement ne nous a pas aidés. Ils nous ont tous plantés du premier au dernier, alors merci à notre gouvernement. »

De l’incertitude

Pandémie ou pas, Mario Laplante ne voit pas d’avenir pour un système de transport en commun à travers les municipalités des CUPR.

« Définitivement pas. Ce n’est pas compliqué, il n’y a pas assez de demandes pour ça. Il faut que ça soit subventionné, sinon ça ne fonctionne pas. Il n’y a aucune compagnie privée qui va payer ça avec un ou deux clients à chaque arrêt. On est un secteur rural, ce n’est pas comme en ville, donc c’est sûr que la majorité des gens ont des voitures. Ceux qui n’ont pas de voitures ont besoin de services spécifiques, comme OC Transpo. »

L’offre de trajet sur demande qu’emploie PR Transpo en ce moment n’est pas non plus la bonne solution selon lui. « Pour nous, c’est impensable [ de fonctionner de cette manière ]. C’est tellement cher de rouler en essence, en assurance et en permis avec ces véhicules-là, il faut que tu minimises les routes le plus possible, sinon tu ne fais pas d’argent. »

Jasmin Leduc a plus d’espoir dans ce projet. C’est d’ailleurs Leduc Bus Lines qui fournit les chauffeurs et les autobus aux comtés unis pour PR Transpo. « Pour l’instant, on a une demande qui est croissante. On va voir à la fin du contrat si ça vaut la peine que nous ou une autre compagnie privée prenions ce service. Ça s’en va dans la bonne direction. En ce moment, je ne suis pas sûr [ que ça pourrait être viable au privé ]. Mais la demande monte, alors je pense qu’éventuellement ça pourra être profitable. »

Du côté de l’Outaouais, c’est Transcollines qui offre le transport en commun des municipalités rurales vers Gatineau et Ottawa.

L’agente des communications, Chantal Mainville, affirme que la clientèle s’est beaucoup rajeunie et que le niveau d’achalandage se trouve à 60 % de ce qu’il était avant la pandémie.

Elle souligne que Transcollines vise un projet pilote de formule sur demande dès cet automne.

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Photos

Mario Laplante, directeur des opérations chez 417 Bus Line. (Étienne Ranger, Le Droit)

Leduc Bus Lines (courtoisie)

417 Bus Line (courtoisie)

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  • Date de création 20 juin, 2022
  • Dernière mise à jour 20 juin, 2022
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