Le bric-à-brac transformé en trésor

Isabel Mosseler

IJL - Réseau.Presse

Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

Louanne Edmunds, de Sturgeon Falls, se prépare à organiser sa deuxième « Journée d'échange de biens gratuits » dans le Nipissing Ouest, ce samedi 19 août, après une première journée d’échange réussie en mai dernier et ses initiatives continues visant à promouvoir le recyclage et la réutilisation. Mme Edmunds administre également une page Facebook de vente-débarras, qui compte 2 700 adeptes. Cette grand-mère de 46 ans souhaite détourner les matières recyclables des sites d'enfouissement, aider les gens à se désencombrer et mettre des articles d'occasion qui peuvent encore servir entre les mains de personnes qui en ont besoin.

Pour elle, c'est du gagnant-gagnant-gagnant. Désencombrer et simplifier est bon pour la santé mentale, recycler permet de réduire les montagnes de déchets, et la chasse aux trésors est profitable et amusante! «Au lieu de jeter les objets dont vous ne voulez plus, donnez-les ; vous réduirez ainsi les déchets et aiderez quelqu'un qui pourrait en avoir besoin! Déposez les articles ménagers dont vous ne voulez plus sur le trottoir ou au bout de votre allée (meubles utilisables, vêtements, livres, outils, articles de sport, jouets, etc.) Il s'agit d'un vide-grenier gratuit à l'échelle de la communauté! Faites le tour des quartiers pour voir quels articles pourraient vous être utiles,» peut-on lire sur son affiche. S'il pleut le 19 août, l’événement sera reporté au 26 août.

Mme Edmunds parle de son inspiration : «Ce qui s'est passé en mai, c'est qu'il y avait une journée d’échange de biens à North Bay et un groupe de personnes envisageait la possibilité d’en faire une à Sturgeon aussi. Les gens m'envoyaient des messages pour me demander si nous pouvions le faire, alors j'ai contacté la mairesse pour savoir si c'était autorisé. Elle s'est renseignée et m'a répondu le lendemain (…) J'en ai donc fait une en mai, dans un délai très court, mais c'était vraiment bien.» Mme Edmunds s'est promenée dans la journée pour voir le résultat et elle a constaté que beaucoup de gens avaient des objets à l’extérieur. Sa propre cour était à moitié remplie d'objets et, à la fin de la journée, tout avait disparu. «J'ai aussi dépisté des objets sympas, ce qui m'a vraiment fait plaisir,» raconte-t-elle.

L'événement du mois de mai s'adressait à l'ensemble du Nipissing Ouest et Mme Edmunds dit avoir reçu des commentaires positifs des régions rurales aussi. Rapidement, les gens ont commencé à lui demander si elle pouvait organiser une autre journée d’échange. «J'ai pensé en organiser une à la fin de l'été, juste à temps pour la rentrée scolaire. Je me suis dit que ce serait bien, avant que les élèves ne retournent à l'école (...) C'est le moment de faire le ménage.» Il peut être difficile pour certaines personnes d'habiller et d’équiper leurs enfants pour le mois de septembre ; Mme Edmunds pense que les vêtements et fournitures d’occasion sont une bonne solution.

Elle donne l’exemple de son expérience au mois de mai. «J'avais sorti des pneus d'hiver. J'ai sorti une vieille souffleuse à neige qui avait besoin d'être réparée (...) Elle valait de l'argent, mais si quelqu'un pouvait la prendre et la réparer, c'était mieux (...) J'ai débarrassé beaucoup d'articles de cuisine.» Lors de sa propre chasse aux trésors, «j'ai trouvé beaucoup de jouets. J'ai deux petits-fils de 3 ans et j'ai trouvé pas mal de jouets sympas. Il y en avait un, un grand bus scolaire en métal» ainsi qu’une petite trottinette qui ont fait le bonheur des enfants. «Mes deux filles sont tombées enceintes [à peu près] en même temps. Mes petits-fils ont deux mois d'écart.» Les enfants adorent aller à la «chasse aux trésors» avec leur grand-mère. «L'un d'entre eux était avec nous [en mai], et il a repéré le grand bus scolaire jaune. Il a bondi de son siège, il était tellement excité!»

Lorsque ses filles étaient jeunes, Mme Edmunds vivait à North Bay. «En nous promenant avec ma belle-mère, nous voyions souvent des articles mis au le bord de la route, comme une vieille commode (...) Nous les prenions pour les poncer, les réparer et leur donner un aspect entièrement nouveau.» Les chambres des enfants ont été meublées avec ces trouvailles. Ce sont de bons souvenirs, dit-elle.

Elle a également des choses à dire sur notre mode de vie. «Je pense que nous avons tous beaucoup trop de choses. Puis nos vies changent. Il y a quatre ans, ma maison s’était vidée et nous construisions une salle de sport. Tout à coup, nous sommes devenus grands-parents! Maintenant nous avons des affaires d'enfants dans la maison à nouveau! C'est vrai, les choses changent très vite et on a besoin de choses différentes, ou l’on doit se débarrasser de choses pour faire de la place.»

Elle sait que de nombreuses personnes ne veulent pas s’occuper de vendre leurs vieux objets et se contentent donc de les jeter, alors que ces articles pourraient être bien utiles à quelqu'un d'autre. «Je suis sûre que vous en avez fait l'expérience : vous essayez de vendre sur un site, on vous pose les questions les plus stupides ou les gens essaient de vous arnaquer (...) c'est pénible. Je préfère offrir gratuitement mes articles pour que quelqu’un puisse en profiter. Je commence toujours par demander aux gens que je connais : «Est-ce que vous voulez ça ?»» Si personne parmi vos proches en veulent, mettre vos articles au bord de la route fera le bonheur de quelqu'un, dit-elle.

Mme Edmunds reconnaît que certaines personnes s’empressent à tout récolter pour revendre, admettant que «cela me rend folle.» Elle demande à ces personnes d'attendre plus tard dans la journée pour faire le tour, pour permettre à d'autres de trouver ce dont ils ont besoin. Elle évoque les pneus d'hiver qu'elle a donnés en mai : «C'était de bons pneus d'hiver, mais je veux qu'ils aillent à quelqu'un qui n'a pas les moyens d'acheter des pneus d'hiver pour sa camionnette, parce qu'il a des enfants (...) Cela leur permet d'économiser des centaines de dollars qu'ils ne peuvent pas se permettre, au lieu qu’un gars passe par là, les prenne et mette 200$ dans sa poche.» Mais, bien sûr, elle sait qu'elle ne peut pas empêcher cela, et elle ne veut pas que ce comportement compromette une bonne initiative.

Pour ceux qui donnent, c’est aussi avantageux : ils se débarrassent de leurs fardeaux, de leurs projets inachevés qui ne seront jamais terminés - comme la réparation de la grosse souffleuse à neige. En outre, il n'est pas facile pour tout le monde de charger un camion pour aller à la décharge. «Il est préférable de mettre des objets à la disposition des autres, surtout s'ils sont encore en bon état [ou réparables].» Mme Edmunds répète le vieil adage selon lequel «le bric-à-brac d'une femme, c’est le trésor d'une autre femme.»

Louanne Edmunds estime que cet événement prendra de l'ampleur et évoluera. Elle pense qu'un grand nombre de personnes âgées dans la communauté aimeraient réduire leurs possessions, et que c'est un moyen facile, en particulier pour ceux qui ne sont pas en ligne. «Beaucoup de personnes ont des choses en trop dont elles ne savent pas quoi faire,» fait-elle remarquer. Selon elle, lorsqu'on fait le ménage, parfois la meilleure chose à faire est de se débarrasser de l'objet que l'on époussette depuis 40 ans!

Elle s'attend à ce que la journée de samedi soit aussi réussie que la première. Elle précise que «tous les objets doivent être enlevés avant 20 heures. La dernière fois que nous avons fait cela, je n'ai pas vu d'objets le lendemain. Les gens ont l'air de bien respecter les règles. Les deux plus gros défis sont d'atteindre tout le monde et d’aider les gens qui ne conduisent pas.» Mme Edmunds suggère qu'emmener un ami à la chasse au trésor est une excellente façon de passer un samedi. Vous pouvez aussi emmener votre étudiant qui part à l'université, pour trouver le bureau dont il a besoin, par exemple.

«Combien de personnes ont acheté un bureau parce qu'elles avaient commencé à travailler à la maison [pendant la pandémie] et qu'elles ne travaillent plus à domicile ? Il y a beaucoup de gens qui se sont lancés dans différentes activités et passe-temps pendant le confinement, mais qui ne s'y intéressent plus (...) beaucoup d'activités artistiques et artisanales (...) ou même «J'ai remplacé mon robot culinaire et mon mixeur, alors je vais mettre mes anciens appareils à donner,» donne-t-elle comme exemples. Mme Edmunds conseille également de ne pas faire trop d'efforts pour nettoyer un article donné ; il suffit de l'essuyer. «La personne qui le reçoit gratuitement se dira : «Oh, c'est génial ! Je peux le nettoyer ou le réparer.»»

Louanne Edmunds s'attend à ce que la Journée d’échange de biens gratuits devienne un événement communautaire populaire. «C'est comme une chasse aux trésors, et c'est gratuit! On ne peut pas faire mieux!»

Louanne Edmunds adore trouver des trésors parmi des objets mis au rancart, et elle a été ravie de découvrir cette tasse à café « Fraggle Rock » et un jouet d’autobus scolaire pour son petit-fils. Elle encourage d'autres personnes à participer à sa deuxième « Journée d'échange de biens gratuits » ce samedi 19 août.

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  • Date de création 18 août, 2023
  • Dernière mise à jour 18 août, 2023
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