Le 15 août au Sud-Est : une fête nationale, deux capitales

La fête de l’Acadie 2023 a été plus qu’un événement festif. Elle a réuni résidents, visiteurs et nouveaux arrivants dans un sentiment d’unité et d’appartenance à une culture riche et vivante. Dans ce joyeux tintamarre qui a retenti partout dans la région, ce sont les villes de Dieppe et de Grand-Bouctouche qui ont accueilli le plus de monde.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

  

Il est devenu coutumier de dire que si Caraquet est la capitale culturelle de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Dieppe, plus grande ville francophone d’Amérique du Nord à l’extérieur du Québec, est sa capitale économique. Cette année, Grand-Bouctouche est venue s’intercaler entre les deux pour prétendre, le temps d’un quinzou, au titre de capitale nationale. Fait remarquable : nos confrères de Radio-Canada Acadie y ont passé cette journée mémorable, dès la matinale au marché des fermiers, jusqu’à la nuit tombée pour diffuser un spectacle haut en couleurs sur le réseau national.

«C’est une journée spéciale pour Grand-Bouctouche, avec Radio-Canada qui est ici. On va faire les manchettes à l’international!» s’est réjoui le maire Aldéo Saulnier avant de déclarer qu’il fallait que sa ville capitalise sur la nouvelle attraction Akadi Lumina.

Il faut dire que la crème de la crème s’était donné rendez-vous dans la municipalité du comté de Kent qui abrite le Pays de la Sagouine ! Parmi les personnalités néo-brunswickoises, figuraient le premier ministre Blaine Higgs, mais aussi la cheffe de l’opposition officielle, Susan Holt, accompagnée de ses députés locaux. Le chef du gouvernement provincial a déclaré en anglais que «l’Acadie fait partie de l’identité de la province», tandis que Mme Holt a pris la parole en français pour dire que les Acadiens lui avaient «pris son cœur».

Sur le front diplomatique, l’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, est venu d’Ottawa accompagner la délégation française conduite par son consul général à Moncton, Johan Schitterer. Quant à la province du Québec, elle s’est fait représenter par son ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, secondé par Maud-Andrée Lefebvre, cheffe de poste du Bureau du Québec dans les Provinces atlantiques (voir notre article page…).

Dans son costume d’Évangéline que sa belle-sœur lui a confectionné lors du Congrès mondial acadien de 2019, Lucie Bastarache attendait impatiemment le tintamarre. «On est le deuxième plus gros tintamarre après celui de Caraquet». Habillé comme à l’ordinaire, son mari Jean-Yves Jaillet n’a pourtant rien d’un Gabriel, «mais il est très romantique quand même», dit-elle d’un air malicieux. «C’est la plus belle fête qu’on peut avoir», renchérit-il de son côté.

Leader du groupe Pas Bâdré, Jacem Léger a entonné l’hymne national acadien à 11h. Il n’aurait jamais cru cela possible. «Ce n’est pas une chanson qu’on entend souvent les garçons chanter, c’est vraiment le fun». Cela a rappelé des souvenirs de jeunesse à son père, Daniel Léger.

«Ça boucle la boucle, déclare l’artiste. La première fois que j’ai fait un tintamarre, c’était à Bouctouche avant le Pays de la Sagouine. J’avais le même âge que Jacem et aujourd’hui je suis très fier de mon garçon.»

Les députés libéraux de la région ont littéralement fait la navette entre les deux tintamarres, celui de Bouctouche débutant vers 15h et celui de Dieppe à l’horaire symbolique de 17 h 55, clin d’œil résilient à l’année du Grand Dérangement. Pour Jacques LeBlanc, rencontré au marché de Bouctouche vers midi, le programme s’annonçait trépidant.

«J’ai un horaire assez chargé aujourd’hui avec Shediac et Cap-Acadie, mais je suis content d’être ici à Bouctouche pour célébrer avec le maire et mes collègues. Les gens apprécient de voir que les députés d’ailleurs se déplacent pour fêter avec eux. Ça les rassure de voir qu’on protège notre langue, notre patrimoine et notre culture.»

Le Dieppois Jean J. Gaudet, qui fut longtemps conseiller municipal de sa communauté, et qui les a imités dans leur parcours, partage cet avis. Il a tiré son chapeau à la Ville de Grand-Bouctouche.

«Je suis venu ici pour rendre hommage à l’énergie et au dynamisme de la population locale. J’ai félicité le maire parce que Bouctouche prend sa place au niveau culturel et touristique, et j’en suis très heureux pour eux.»

Les célébrations avaient une saveur particulière pour Anita Girouard. La pétulante dame, qui réside dans la baie des pêcheurs, nous a appris que le terrain sur lequel fut construit le Pays de la Sagouine appartenait autrefois à ses parents. C’est la raison pour laquelle faire la fête au «Pays» est comme revenir à ses racines et prendre le chemin des joies enfantines.

«Je me vois courir dans le bois quand j’étais petite fille, et nager jusqu’à l’île-aux-puces quand la marée était basse. Je ne peux pas vous dire comment ça me touche. La culture acadienne est riche. On se bat pour la garder avec la langue française. On a survécu et on va survivre encore! On est ici pour rester.», dit-elle jovialement.

Léa LeBlanc, de son côté, était costumée en Bretonne pour rappeler les origines de ses ancêtres qui venaient de Saint-Malo. «Ça vaut la peine de froliquer aujourd’hui, et de parler français, acadien et chiac! C’est mon langage.»

Après que d’une voix claire et cristalline le chanteur et musicien Zachary Richard, invité surprise des cérémonies, ait entonné un bouleversant «Réveil» sur la scène de la place Châtellerault, plusieurs milliers de personnes se sont mises en marche pour le tintamarre. Il y avait parmi elles de nombreuses familles avec enfants, ce qui laisse espérer une belle transmission des valeurs acadiennes à la jeune génération.

Il y en avait autant à Dieppe pour se rendre sur le site MusiquArt qui jouxte l’UNIplex. Partout l’ambiance était à la fête, d’autant plus que malgré les prévisions météorologiques qui annonçaient des averses, la nature s’est montrée clémente.

Du Pays de la Sagouine au Grand Moncton, la soirée a été marquée par des concerts en plein air mettant en vedette des artistes acadiens renommés. La musique a résonné dans l’air alors que de nombreuses personnes se sont rassemblées pour chanter, danser et créer des souvenirs inoubliables. Ce 15 août 2023 restera gravé dans les mémoires comme un exemple de la manière dont la culture et la tradition peuvent inspirer l’unité et le bonheur.

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Photos

Titre : Lucie et Jean-Yves

Légende : Même s’il n’est pas costumé, Jean-Yves est le tendre Gabriel de son épouse Lucie, resplendissante Évangéline aux couleurs nationales acadiennes.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Anita et Léa

Légende : Anita Girouard a vécu son enfance au Pays de la Sagouine, et dans son costume de Bretonne, Léa LeBlanc a fait un clin d’œil à ses ancêtres.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Diane Poirier

Légende : Dans son poncho aux couleurs nationales, Diane Poirier a gentiment accepté de prendre la pose pour Le Moniteur Acadien.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Jean Gaudet

Légende : Jean J. Gaudet a voulu rendre hommage à la population de Bouctouche avant de rentrer à Dieppe pour assister à temps au tintamarre qui démarrait à 17h55 précises.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Trio d’élus

Légende : Entourant Aldéo Saulnier, les députés Robert Gauvin et Jacques LeBlanc sont rentrés au Sud-Est quelques heures plus tard pour assister au tintamarre dans leur circonscription respective.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Higgs

Légende : Le premier ministre Blaine Higgs en conversation avec le maire de Grand-Bouctouche, Aldéo Saulnier, et le directeur général Serge Arsenault. À droite, Mélaine Ricard-Boulieu, attaché culturel de France à Moncton.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 23 août, 2023
  • Dernière mise à jour 23 août, 2023
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