L’attaché culturel de France, Mélaine Ricard-Boulieu, dit au revoir à l’Acadie

La situation est inédite : il n’y a plus de consul général de France à Moncton depuis le départ de Johan Schitterer peu après Noël. Bientôt, la petite équipe sera également amputée d’un autre membre, cher au cœur de la communauté artistique acadienne : l’attaché culturel.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Mélaine Ricard-Boulieu est arrivé en avril 2022 pour occuper cette fonction habituellement dévolue à une femme. Cela faisait si longtemps que l’Acadie n’avait vu un attaché plutôt qu’une attachée culturelle que rares sont celles et ceux qui se souviennent avoir vu un homme endosser ce rôle.

Le Moniteur Acadien l’a rencontré au consulat qui, autrefois, occupait tout un étage au 777 rue Main à Moncton. Des travaux avaient même été effectués au début des années 2010 pour réagencer l’espace afin de créer une grande pièce propre à organiser des réceptions. Ce temps-là est révolu. Dorénavant ne subsistent, un étage plus bas, que des bureaux dédiés aux fonctions administratives.

Au fil des années, le poste consulaire, qui comptait pourtant trois secrétaires jusqu'à l'automne 2007, a subi une réduction notable de son effectif. Les contraintes budgétaires ont progressivement conduit à la suppression de plusieurs postes d'agents titulaires au sein de l'administration française, commençant par celui de consul adjoint en 2010, suivi par celui de comptable en 2019.

Il y a cinq ans, le Quai d’Orsay avait envisagé la fermeture du consulat à l’été 2022, mais une vaste mobilisation en Acadie a fait reculer cette décision. L’absence simultanée des deux principaux agents pendant quelques mois est purement fortuite. Elle ne suggère en aucun cas que l’Élysée pourrait revenir sur l'engagement pris par le président Macron envers la Société Nationale de l’Acadie et la figure emblématique d’Antonine Maillet.

À cet égard, il est à noter qu'une création de poste s'est effectuée discrètement, sans tambours ni trompettes. Le 1ernovembre 2023, l'ambassade de France au Canada a nommé un expert technique en Francophonie économique chargé de développer la coopération décentralisée entre la France et les Provinces atlantiques. Il s'agit de Sébastien Rodts, dont le bureau est établi dans les locaux de la Commission des services régionaux Sud-Est.

Un nouveau consul général avant l’été ?

Malgré la double vacance de poste qui découlera de son départ, l’attaché culturel se veut rassurant sur la pérennité de l’antenne diplomatique et consulaire française à Moncton.

« L’inquiétude des gens par rapport à l’absence provisoire d’un consul général démontre leur attachement à ce poste que la mobilisation de 2019 a contribué à maintenir. Nous sommes sensibles à toutes les marques d’attention que nous recevons. Malgré tout, le consulat fonctionne avec beaucoup d’appui de la part de l’ambassade qui suit les dossiers de très près. »

Rappelons qu’un consul général de France prend habituellement ses fonctions au début du mois de septembre. Exceptionnellement, Johan Schitterer avait repris le flambeau de Laurence Monmayrant le 10 août 2019 pour l’ouverture du CMA dans la région. Tout aussi exceptionnellement, son mandat avait été prolongé de quelques mois dans l’attente d’une visite présidentielle au Nouveau-Brunswick qui ne s’est pas concrétisée.

« C’est plus difficile de recruter un consul au mois de janvier que durant la période de la traditionnelle relève estivale. S’il y a un message à lire dans ce temps d’attente, c’est la volonté de l’ambassade et de Paris de trouver le profil adéquat pour ce poste. On espère avoir un consul général avant le Congrès mondial, mais rien n’est certain. »

Dynamique culturelle et internationale

Alors que son mandat de deux ans tire à sa fin, Mélaine Ricard-Boulieu dresse un bilan positif de son passage au service culturel du consulat. Éducation, culture, universités et sciences : dans le cadre des fonctions qu’il a occupées, il a couvert tout le champ des compétences qui leur sont inhérentes. Tous les projets qu’il a portés ne concernent pas uniquement le Nouveau-Brunswick, puisque la compétence territoriale de Moncton s’étend jusqu’à Terre-Neuve-et-Labrador.

« J’ai eu beaucoup de travail, avec des joies et des déconvenues. Après la pandémie, il a fallu relancer notre relation avec tous les festivals avec lesquels on travaille depuis leur fondation. Dans la région, je pense notamment au Festival Frye. Nous avons maintenu ces partenariats et les avons renforcés. »

De Los Angeles à Sydney, en passant par Rome et Montréal et pour finir, Moncton, Mélaine Ricard-Boulieu a déjà beaucoup bourlingué au service du drapeau tricolore. Il rentrera en France à la fin du mois. Diplômé de Sciences Po Paris où il a obtenu une maîtrise en affaires publiques (filière culture), il aimerait continuer à travailler pour le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

« C’est vraiment une belle mission de travailler au renforcement des liens entre la France et des autres pays dans le monde. J’espère que c’est là que la vie me conduira, soit à Paris, soit dans un autre poste à l’étranger. Je pourrais aussi travailler pour une ville, un département ou une région, que ce soit dans un service de relations internationales ou le milieu culturel. Je veux garder la double dynamique culturelle et internationale. »

En attendant, la personne qui succédera à Mélaine Ricard-Boulieu devrait prendre ses fonctions le 1er juillet prochain.

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Photo

Titre : Mélaine
Légende : Mélaine Ricard-Boulieu partira à la fin du mois avec le sentiment du devoir accompli.Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Lycée français : déçu pour le Nouveau-Brunswick, mais heureux pour l’Acadie (D.D.)

Mélaine Ricard-Boulieu est très fier de la concrétisation de l’implantation d’un premier lycée français en Acadie qui ouvrira ses portes à Halifax en septembre 2024. Initialement, l’établissement devait être implanté au Nouveau-Brunswick, dans la ville portuaire de Saint-Jean. Cependant, cette option a dû être abandonnée en raison de coûts exponentiels.

« Nous avions mis tous nos efforts et nos espoirs dans le projet à Saint-Jean. Nous avons été extrêmement déçus quand il s’est avéré qu’il était impossible d’aller de l’avant avec ce projet. Nous avons accompagné autant que possible les entrepreneurs pour trouver une solution alternative, car la promesse originelle du président de la République était d’avoir un lycée français en Acadie. Nous sommes heureux de tenir cette promesse en l’ouvrant à Halifax. »

Colton LeBlanc, ministre néo-écossais des Affaires acadiennes et de la Francophonie, se réjouit de voir le lycée ouvrir dans la capitale voisine. « Cela contribuera à la vitalité de notre communauté francophone en plein essor », affirme-t-il.

Du côté de Fredericton, on ne désespère pas pour autant.

« Le gouvernement du Nouveau-Brunswick demeure disposé à travailler avec l’ambassade de France, son consulat au Nouveau-Brunswick et l’ensemble des partenaires à examiner tous autres projets qui auraient le potentiel d’être développés dans la province », déclare Glen Savoie dans un courriel adressé au Moniteur Acadien.

L’attaché culturel de France abonde prudemment dans le même sens. « Il est tout à fait envisageable qu’un autre lycée français ouvre dans les prochaines années au Canada atlantique. Nous encourageons cela. L’objectif de la France est de développer au maximum les établissements français à l’étranger. Plus il y aura de lycées français, plus nous serons heureux. »

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CMA 2024 : avec ou sans Emmanuel Macron ? (D.D.)

Devant la délégation acadienne qu’il a reçue au palais de l’Élysée à l’automne 2021, le président de la République française avait promis que, sous réserve d’être réélu au printemps 2022, il assisterait au Congrès mondial acadien (CMA) l’été prochain en Nouvelle-Écosse. Depuis, les circonstances qui n’existaient pas alors ne garantissent plus la visite présidentielle du côté de Clare et d’Argyle.

« En ce moment, l’actualité internationale est particulièrement dense. En novembre 2021, le président n’avait pas connaissance de l’invasion imminente de l’Ukraine par la Russie, ni des conflits actuels au Proche-Orient », justifie Mélaine Ricard-Boulieu.

Et puis, il y a les Jeux Olympiques (J.O.) à Paris, du 26 juillet au 11 août. Le CMA commencera la veille de la clôture des J.O.

« L’option est toujours sur la table, mais l’été 2024 n’est peut-être pas la meilleure fenêtre pour une visite présidentielle, tempère l’attaché culturel. Nous travaillons sur plusieurs scénarios mais la volonté présidentielle de venir en Acadie est toujours réelle, même si cela ne se faisait pas durant le Congrès mondial acadien. »

La Société Nationale de l’Acadie continue d’assurer le suivi sur cette visite avec l’ambassade à Ottawa. Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur de France sera présent au rassemblement quinquennal de la diaspora acadienne.

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  • Date de création 20 mars, 2024
  • Dernière mise à jour 20 mars, 2024
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