L’Arctique photographié par Pierre Coupel : entre prise de vue et prise de conscience

Les changements environnementaux sont les témoins d’un réchauffement climatique marqué en Arctique. Pierre Coupel, jeune océanographe et reporter scientifique, consacre une partie de sa carrière à la transmission et à la vulgarisation des missions scientifiques auxquelles il participe. Son objectif : ouvrir « la boîte noire des sciences » et sensibiliser le grand public aux défis environnementaux.
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Marine Lobrieau
Initiative de journalisme local – APF – Territoires

Ce monde, Pierre Coupel le connaît bien. Passionné par l’Arctique, c’est lors de son échange postdoctoral au Québec qu’il a l’opportunité d’embarquer à bord d’un brise-glace en direction du Grand Nord canadien. Une expérience qui le poussera à se spécialiser et à revenir fréquemment dans cette partie du globe pour l’étudier.

Après avoir participé à de nombreuses explorations à travers le Nunavut et le Nunavik, il décide d’immortaliser ces instants et de les partager au grand public. « L’idée par l’image, c’est de faire passer, de démystifier ce travail scientifique et de montrer comment ça se passe sur le terrain, de faire rayonner ce domaine et de l’ouvrir au monde », explique-t-il.

Armé de son appareil photo, il se lance dans un travail de vulgarisation pour créer une sensibilisation et une accessibilité au domaine auprès de la population. « C’est assez flou en général le travail scientifique […] et là nous sommes face à des problèmes environnementaux qui concernent tout le monde et je pense que la population a envie de comprendre de plus en plus ce qu’est le travail scientifique », constate Pierre Coupel.

Nous sommes déjà dans « l’Arctique du futur » 

Rappelant que la fonte des glaces reste un processus naturel dans cette région, l’expert constate au cours de ses missions scientifiques les effets du réchauffement climatique en Arctique.

« Lors d’une expédition sur un brise-glace chinois, qui n’était pas spécialement performant, nous pensions ne pas pouvoir aller très au Nord en Arctique ». Pourtant, l’équipage est parvenu à s’y rendre avec une certaine aisance et l’état des glaces a marqué le jeune océanographe.

« Il y avait de grandes zones qui avaient fondu dans le bassin canadien, très au Nord et où la glace avait déjà disparu », explique Pierre Coupel. « À certains moments, en plein centre de l’Arctique, je me retrouvais dans des zones sans glace, avec d’énormes lacs. J’ai été surpris et je me suis dit que nous étions déjà dans l’Arctique du futur », se désole-t-il.

Un constat scientifique que le reporter souhaite divulguer au public à des fins de partage et de prévention. « Il reste très peu de régions sur Terre encore inviolées et sauvages comme l'Arctique. Il ne faut pas perdre ce trésor naturel. C'est une triste ironie du sort d'extraire du pétrole de l'Arctique, celui-là même qui une fois rejeté dans l'atmosphère va faire fondre sa banquise et mettre en péril son écosystème », alerte-t-il.

Pierre Coupel affirme qu’il « aime utiliser la photo pour vulgariser ce travail de recherche et le montrer ». Une sensibilité d’abord pour « la beauté de ce qui l’entoure » avec « le côté artistique des photos » et, une nécessité ensuite « de montrer » l’envers du décor des missions.

Un art qu’il remettra au service de son prochain reportage : « Un projet de mentorat est prévu pour l’été 2021. Nous irons dans les communautés inuites, nous leur demanderons les recherches qu’elles souhaitent faire en Arctique. Nous les formerons ensuite pour qu’elles puissent être autonomes dans la recherche afin de répondre aux questions qui serviront leurs communautés », conclut-il.

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Photos disponibles sur demande : [email protected]

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  • Date de création 28 septembre, 2020
  • Dernière mise à jour 28 septembre, 2020
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