L’Alberta en proie aux flammes : un répit fragile

De violents incendies font rage en Alberta depuis le début du mois de mai et ont déjà contraint des dizaines de milliers de citoyens à quitter leurs foyers. Alors que le mercure s’apprête à grimper à nouveau dans le nord de la province, les autorités se préparent au pire. Un appel est lancé à la population pour qu’elle prenne toutes les précautions nécessaires pour prévenir de nouveaux brasiers.

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Gabrielle Audet-Michaud

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Au cours des derniers jours, la zone de protection forestière de l'Alberta a été le théâtre d'une série de feux actifs, dont le nombre a oscillé entre 70 et 90. Une vingtaine d’incendies échappent toujours au contrôle des autorités, surtout dans les régions forestières de Grande Prairie, de Edson et de Slave Lake.

Si des températures fraîches et quelques précipitations ont permis aux pompiers de réaliser des progrès sur le terrain dans la semaine du 8 mai, la situation demeure critique, explique Josée St-Onge, qui travaille comme agente d’information provinciale pour Alberta Wildfire. «Surtout parce qu’on s’attend à des températures plus chaudes et sèches dans les prochains jours et semaines. Ça va faire grimper le danger de feu partout dans le nord de la province», explique-t-elle.

À partir de la mi-mai, certaines régions pourraient, en effet, connaître un deuxième épisode de chaleur extrême avec des valeurs avoisinant les 30 degrés. Dans de telles conditions, les brasiers actuels pourraient reprendre de la vigueur et de nouveaux feux pourraient également se déclencher.

En raison des conditions météorologiques, les autorités albertaines s’attendent à maintenir leurs efforts pour une période prolongée, «pendant des semaines, voire même des mois», confie Josée St-Onge. «Lorsque les feux atteignent une telle envergure, ça prend beaucoup de ressources et de temps pour les éteindre complètement, surtout quand on continue d’avoir des températures au-delà de la normale», analyse-t-elle.

L’agente d’information mentionne que des pompiers de la Colombie-Britannique, du Yukon, du Québec, de l’Ontario et des États-Unis ont dû être appelés en renfort. Des militaires de l’Armée canadienne ont aussi été déployés pour prêter main-forte aux pompiers albertains.

Une autre saison record

Bien que l’Alberta ait connu plusieurs années records en matière de feux de forêt, notamment en 2011 et 2016, avec plus de 1000 incendies par saison, le nombre d’hectares brûlés depuis janvier 2023 est «beaucoup plus élevé que la moyenne des cinq dernières années», met en garde Josée St-Onge. En date du 15 mai, plus de 534 0000 hectares avaient été réduits en cendres, soit près du double d’une année considérée comme «normale».

«Situation encore plus inhabituelle», prévient-elle, les brasiers se sont dispersés un peu partout dans la province cette année plutôt que d’être restés confinés à certaines zones. « Normalement et historiquement, il y a des secteurs spécifiques où se trouvent plusieurs feux, mais là, c’est un peu partout dans la zone de la forêt boréale», avance celle qui travaille pour Alberta Wildfire.

Cette tendance est le résultat des conditions extrêmement chaudes et sèches qui ont prévalu dans la province ces dernières semaines, ainsi que des épisodes de vents violents qui ont attisé l'activité des feux. Bien que la foudre soit soupçonnée d'être à l'origine d'une vingtaine d'incendies, il est important de souligner que c’est l'activité humaine qui reste la principale cause de ces catastrophes. «La prévention est donc de mise», explique Julien Bergeron, le chef adjoint des pompiers du comté de Northern Sunrise.

«Quand on parle des causes humaines, les options sont pratiquement infinies», souligne-t-il. Un feu de forêt peut être déclenché par un simple mégot de cigarette, mais aussi pas un véhicule qui fait surchauffer de l’herbe sèche, une bouteille en verre abandonnée sous le soleil brûlant, ainsi que par des gestes imprudents tels que l’«utilisation de feux d’artifice et de lanternes chinoises en pleine saison de sécheresse», ajoute-t-il.

Prévenir et protéger

Il existe plusieurs mesures préventives pour réduire les risques de déclencher un brasier. Toute personne qui passe du temps dans la nature ou qui a l’intention d’aller faire du camping devrait d’abord se renseigner sur les interdictions de feu en vigueur dans la province. Dans la mesure où les feux de camp sont permis, il faut «s’assurer de choisir un [emplacement] comportant de la terre ou de la gravelle» et de maintenir une distance d’«au moins un mètre avec le gazon», avertit le pompier.

Pour contenir les flammes, il est suggéré d’apporter un bac de métal ou de placer des pierres pour créer un périmètre qui agira comme coupe-vent. «C’est pour s’assurer qu’il n’y ait pas une étincelle qui voyage et qui provoque un plus gros incendie», note le chef adjoint. Et lorsqu’on quitte les lieux, «il faut ramasser nos déchets et surtout s’assurer qu’on a bien éteint le feu».

Pour ce faire, la meilleure méthode est d’arroser le feu une première fois, puis de remuer ses cendres avant d’ajouter de l’eau à nouveau, et ce, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus «aucun signe de fumée ou de chaleur», explique Julien Bergeron. Pour les personnes qui travaillent à l’extérieur, il est également recommandé de bien nettoyer le moteur de leurs véhicules tout-terrain afin d’éviter que leur équipement ne provoque un incendie accidentel.

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  • Date de création 16 mai, 2023
  • Dernière mise à jour 16 mai, 2023
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