L’achalandage aux frontières n’est pas encore revenu au rythme de l’avant-pandémie

Même s’il n’existe plus de restrictions liées à la COVID-19 aux frontières depuis plusieurs mois, le volume d’achalandage entre le Nouveau-Brunswick et ses voisins du Maine, aux États-Unis, n’est pas encore comparable à ce qu’il était avant la pandémie.

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Bobby Therrien

IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

 Le 1er octobre, le gouvernement fédéral a décidé de lever les mesures frontalières permettant ainsi aux gens de circuler plus aisément d’un pays à l’autre.

Au Nouveau-Brunswick comme au Maine, il y avait lieu de s’attendre à un retour de l’achalandage comme on le voyait avant la pandémie. Ce n’est pas tout à fait ce qui s’est produit jusqu’à maintenant.

Selon des données de Statistique Canada, des résidents des États-Unis ont effectué près de 913 000 voyages au Nouveau-Brunswick en 2019. Ce nombre est passé à un peu plus de 130 000 en 2020 et à près de 82 000 en 2021. Il a atteint plus de 458 000 personnes en 2022 et 204 000 entre octobre 2022 (moment où on a levé les restrictions) et février 2023.

Les données de Statistiques Canada par rapport au nombre de visiteurs non-résidents entrant au Canada en 2023 ne comptent pour l’instant que les mois de janvier et février.

Cependant, au cours de ces deux mois, des résidents des États-Unis ont effectué plus de 53 000 voyages au Nouveau-Brunswick. En 2019, pour la même période, ce nombre était à plus de 71 000.

Dans la région du Madawaska, qui partage une frontière avec le comté d’Aroostook, au Maine, on vit le même type de situation. Selon des données fournies par l’Agence des services frontaliers du Canada, le volume de voyageurs aux points d’entrée d’Edmundston, de Clair et de Saint-Léonard est inférieur à ce qui existait avant la pandémie.

En 2019, le volume de voyageurs qui ont transigé vers l’un de ces trois postes frontaliers était de 834 948. Il a connu une chute drastique pendant la pandémie (211 895 en 2020 et 76 534 en 2021), pour remonter à 324 140 en 2022. Le nombre de visiteurs a particulièrement augmenté à partir du mois d’avril 2022.

De janvier à avril 2023, on a compté un volume d’un peu plus de 162 000 voyageurs. Au cours de la même période, en 2019, il était d’un peu plus de 244 000. La majorité est entrée par le poste frontalier d’Edmundston.

Même s’il n’est pas encore au même niveau qu’il ne l’était avant 2020, la directrice générale de la Chambre de commerce d’Edmundston, Cathy Pelletier, constate un regain de l’achalandage des consommateurs et des touristes des États-Unis.

«C’est sûr que c’est un plus (…) On voit plus d’achalandage au niveau des restaurants, des festivals, etc. On l’a vu beaucoup aussi du côté de la motoneige cet hiver. Beaucoup d’Américains sont venus.»

«Malgré tout ça, je pense que ça va prendre quelques années avant que ça revienne à ce que c’était avant. Peut-être que ça ne reviendra jamais à 100%.»

Mme Pelletier croit toutefois que les entreprises locales sont en mesure de survivre et de se développer sans le même apport de consommateurs américains.

«On commence à avoir beaucoup plus de visiteurs d’ailleurs au Nouveau-Brunswick. On l’a encore vu pendant la saison de motoneige.»

Joey Landry, propriétaire de D.E. Landry et fils de Saint-François-de-Madawaska, possède une quincaillerie et une épicerie. Il remarque tout de même une hausse de l’achalandage de consommateurs en provenance des États-Unis, surtout du côté de sa quincaillerie.

«On a toujours réussi à faire des ventes aux États-Unis, même pendant la COVID-19, mais le client peut évidemment se déplacer en magasin maintenant, ce qui est un peu plus gagnant pour nous.»

«D’après moi, l’achalandage est au même niveau (qu’avant la pandémie).»

Selon M. Landry, le nombre de clients américains à sa quincaillerie compense la perte de certains clients du côté de son épicerie.

«J’en ai perdu, mais je ne peux pas dire que mes ventes d’épicerie ont beaucoup diminué depuis l’ouverture complète des frontières.»

Moins de Canadiens vont aux États-Unis

Il y a moins d’Américains qui se rendent au Nouveau-Brunswick, mais l’inverse est aussi vrai.

Selon les données du U.S. Customs and Border Protection, le nombre de voyageurs qui sont allés aux États-Unis par l’un des points officiels d’entrée de la frontière séparant le Nouveau-Brunswick et le Maine a été de 929 000 d’octobre 2022 à mars 2023 inclusivement. Il est à noter que les données sont traitées selon l’année fiscale de l’organisation qui commence au mois d’octobre de chaque année pour se terminer à la fin septembre de l’année suivante.

Pour la même période en 2020 (octobre 2019 à mars 2020), le nombre de voyageurs a été estimé à près de 1,3 million.

Dans la région du Madawaska, les données des services frontaliers américains tendent à démontrer la même chose. Lors de son année fiscale 2020, le U.S. Customs and Border Protection a comptabilisé 445 000 voyageurs qui se sont présentés à l’un des trois points d’entrée au Madawaska, soit Edmundston/Madawaska, Saint-Léonard/Van Buren et Clair/Fort Kent.

Ce nombre est passé à 81 500 lors de l’année fiscale 2021 pour remonter à 246 000 lors de l’année fiscale 2022.

Jusqu’à maintenant, pour l’année fiscale en cours (octobre 2022 à mars 2023), le nombre de voyageurs a été établi à 271 000. Il était de 404 300 lors de la même période en 2019-2020.

À la St. John Valley Chamber of Commerce & Tourism, qui représente les régions de Madawaska, Frenchville, Grand Isle, Sinclair et St. Agatha, on ressent cette diminution du nombre de visiteurs canadiens.

Lorraine Marston, directrice générale de la chambre de commerce dont les bureaux se trouvent dans la ville de Madawaska, croit que la situation est encore bien différente de ce qui existait avant la pandémie, même si le nombre de visiteurs a augmenté au cours de la dernière année.

Selon elle, il y avait davantage de gens qui fréquentaient les commerces locaux avant la pandémie. Cela affecte évidemment plusieurs entreprises de la région qui ont été habituées, depuis des années, à recevoir une importante clientèle canadienne, en particulier des gens de la région du Madawaska.

Pour sa part, Cathy Pelletier avoue que la Chambre de commerce et ses membres aimeraient que les consommateurs continuent de favoriser les entreprises dans leur région. Elle reconnaît toutefois que ce ne sera pas toujours le cas.

«On sait que les gens vont magasiner du côté américain et on aime moins ça. Je crois toutefois que la COVID-19 a sensibilisé les gens à l’importance de l’achat local. On espère qu’ils vont garder ça en tête.»

«On est chanceux que le taux de change soit haut. Ça fait en sorte que ce n’est pas toujours avantageux pour nous d’aller consommer aux États-Unis.»

 

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Légende : Même si le volume de voyageurs a augmenté au cours de la dernière année, il n'est pas encore au même point qu'en 2019.

Crédit  Photo : - Bobby Therrien : Acadie Nouvelle

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  • Date de création 8 mai, 2023
  • Dernière mise à jour 8 mai, 2023
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