La ville et l’hôpital font front commun devant la province

Les hôpitaux du Nord sont durement éprouvés, plaide-t-on

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Isabel Mosseler

IJL – Réseau.Presse - Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

Le Nipissing Ouest a présenté un front uni lors de la conférence de l'Association des municipalités rurales de l'Ontario (OMRA), qui s'est tenue à Toronto du 21 au 23 janvier. Des représentants de la ville et de l'Hôpital général de Nipissing Ouest ont fait une présentation commune à la ministre de la Santé et des Soins de longue durée, Sylvia Jones.

La mairesse de Nipissing Ouest, Kathleen Thorne Rochon et Sue Lebeau, directrice générale de l'Hôpital général de Nipissing Ouest, ont mené la délégation locale, soulignant les défis en matière de financement et de recrutement auxquels est confronté l’hôpital. La mairesse Rochon a insisté sur le caractère bilingue de l'hôpital, tandis que Mme Lebeau s'est concentrée sur les déficits en matière de financement, d'infrastructure et de personnel. Le conseiller municipal Jamie Restoule, président du conseil d'administration de l’hôpital, faisait également partie de la délégation.

La mairesse Rochon a fait remarquer que l'hôpital joue un rôle important au-delà des soins hospitaliers, en offrant des services diagnostics et de laboratoire, 38 lits de soins de longue durée et des soins palliatifs, entre autres services essentiels à la communauté. Elle a également souligné que l'hôpital dessert d'importantes populations francophones et autochtones. Il y a donc un plus grand besoin de travailleurs bilingues, ce qui rend les pressions de recrutement plus lourdes pour le Nipissing Ouest comme pour d'autres communautés dans le nord de l'Ontario.

C'est pourquoi, lors de la séance plénière de la zone nord-est de l'Ontario, la mairesse Rochon a plaidé en faveur de politiques de soutien aux immigrants francophones. Ses commentaires ont suscité des applaudissements spontanés de la part de ses collègues du nord-est, qui font face aux mêmes difficultés. «Lorsque nous avons parlé des défis en matière de dotation, la nature bilingue de l'hôpital et le fait de desservir une importante population autochtone ont été mis en avant... Il faut vendre à ces immigrants [francophones] qu'il existe des communautés en Ontario où ils peuvent vivre dans leur langue, où leurs enfants peuvent être bien éduqués dans un système scolaire français et où ils peuvent obtenir des services en français dans la communauté, que ce soit en faisant des achats chez Canadian Tire ou à la boulangerie,» dit-elle.

Elle souhaiterait que les plans d'immigration francophone profitent davantage aux communautés du nord-est. «Je suis tout à fait favorable aux programmes visant à attirer l'immigration francophone, mais ces programmes doivent être assortis de politiques qui permettent aux immigrants de s'installer dans les communautés qui en ont réellement besoin... Que vous soyez anglophone mais bilingue, ou francophone mais bilingue, cela n'a pas d'importance pour moi, tant que vous êtes en mesure de communiquer efficacement.»

Selon Mme Thorne Rochon, la présence de Sue Lebeau à la tête de la délégation municipale démontre l'engagement du conseil de Nipissing Ouest à relever les défis locaux en matière de santé et à collaborer avec tous les acteurs du milieu pour ce faire. Elle fait remarquer que l'hôpital est une bouée de sauvetage pour la population vieillissante et qu'un personnel bilingue assure une communication sans faille avec les résidents âgés, créant un environnement où les personnes aînées se sentent comprises et soignées dans leur propre langue.

Sue Lebeau a fait part au Ministre Jones des principales préoccupations de l'hôpital, notamment la pénurie constante de professionnels en santé. Cette pénurie oblige l'hôpital à embaucher du personnel suppléant pour combler les lacunes, ce qui coûte beaucoup plus cher que le personnel régulier. «Le fait de ne pas avoir assez de personnel pour fournir des soins de santé est un défi important. Non seulement cela fait augmenter les coûts en raison des heures supplémentaires et du recours à des agences externes, mais cela constitue également une menace pour la prestation des soins de santé,» avertit la directrice générale.

Un autre problème, c’est la lutte constante pour financer l'entretien et le remplacement d’équipements médicaux coûteux. Les hôpitaux ruraux se tournent souvent vers la collecte de fonds pour maintenir leur équipement à jour, mais cela nécessite aussi beaucoup de travail, souligne Mme Lebeau. «Cela prend du temps et de l'énergie, et nous devons nous assurer que les résultats en vaillent la peine.» Bien entendu, le Nipissing Ouest n'était pas la seule communauté à partager ce message. Mme Lebeau a déclaré que la ministre «n’avait pas l’air étonnée» d’entendre ces soucis. «Il est certain que les hôpitaux ont parlé des problèmes auxquels nous sommes tous confrontés par de nombreux canaux. Je crois donc qu'elle est bien au courant.»

Les défis en matière de soins primaires ont été soulevés aussi, car la pénurie de médecins de famille met une plus grande pression sur les urgences. «C'est courant dans les petites communautés. Environ 1/5 des patients qui viennent aux urgences n'ont pas de médecin traitant. Certains en ont un, mais ils viennent parce qu'ils ne peuvent pas avoir de rendez-vous [immédiat] avec leur médecin de famille. Il y a donc des pressions dans le domaine des soins primaires. Et vous savez, les hôpitaux ne ferment jamais leurs portes. Nous ressentons cette pression, tout comme nos partenaires en soins primaires,» déclare Mme Lebeau.

Le financement de l'équipement numérique et des technologies de l'information est encore une autre préoccupation, car les hôpitaux entreprennent la tâche non financée de remplacer des logiciels essentiels. «Le remplacement de l'équipement numérique sans financement adéquat représente un fardeau financier considérable. Actuellement, un groupe [d'hôpitaux du nord-est de l'Ontario] est en train de remplacer le principal système numérique qui gère les dossiers des patients, les finances, la pharmacie, les laboratoires et l'imagerie diagnostique, et il s'agit d'une entreprise très coûteuse qui n'est pas financée,» indique Mme Lebeau.

Malgré tout, elle souligne une chose qui va très bien, et c’est la collaboration avec la municipalité et les autres partenaires en santé. «La reconnaissance de notre rôle en tant que partenaire vital du système est cruciale. Nous collaborons étroitement avec d'autres hôpitaux pour veiller à ce que les patients reçoivent les bons soins au bon endroit. Il est impératif de garantir un financement adéquat pour continuer à fournir des services essentiels à notre communauté, et cette reconnaissance est essentielle pour maintenir notre engagement en faveur de l'excellence des soins de santé.»

Mme Lebeau est aussi encouragée par l’ouverture de la ministre Jones, mais il faudra attendre de voir si des actions concrètes suivront les plaidoyers des municipalités rurales. «En partageant l'histoire d'un patient, par exemple, cela nous permet de donner un visage au Nipissing Ouest et d’illustrer les défis auxquels tous nos hôpitaux du Nord (…) sont confrontés... Les médecins travaillent beaucoup plus d'heures qu'ils ne le voudraient, en raison de leur dévouement à leurs patients et au système, mais c'est difficile et ce n’est pas viable à long terme comme ça.»

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Photo : La ministre de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, Sylvia Jones (au centre), a reçu une délégation du Nipissing Ouest à la récente conférence de l’Association des municipalités rurales de l’Ontario. De gauche à droite, le conseiller municipal et président du conseil de l’Hôpital général de Nipissing Ouest Jamie Restoule, la directrice générale de l’hôpital local Sue Lebeau, la mairesse de Nipissing Ouest Kathleen Thorne Rochon et le conseiller municipal Jérôme Courchesne.

Photo : Courtoisie, Municipalité de Nipissing Ouest.

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  • Date de création 2 février, 2024
  • Dernière mise à jour 2 février, 2024
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