La Société des femmes de Yellowknife critique la gestion de l’évacuation

L’organisation accuse le GTNO d’avoir pris des personnes vulnérables et de les avoir placées « dans des situations encore plus dangereuses dans un endroit inconnu ».

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Cristiano Pereira
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon

La Société des femmes de Yellowknife (SFY), une organisation qui soutient et aide les femmes ainsi que d’autres personnes vulnérables, a publiquement exprimé sa réprobation quant à la manière dont l’évacuation a été gérée au mois d’aout.

La directrice adjointe de la SFY, Zoe Share, a publié une lettre ouverte sur le site de l’organisation dans laquelle elle estime que « l’expérience nous a appris que les personnes en position de pouvoir comprennent rarement comment les situations se déroulent sur le terrain ».

Une narration détaillée de l’évacuation a également été mise en ligne par la SFY exposant des personnes vulnérables se sont retrouvées dans des villes de l’Ouest canadien sans aucune forme d’aide. D’après la Société, deux individus ont même succombé à une overdose présumée en Alberta.

« Ce groupe aurait dû être gardé ensemble dans un endroit sûr avec le soutien du personnel pendant toute la durée de l’évacuation. Le système a plutôt choisi de disperser une grande partie de la population mal logée des TNO dans plusieurs grandes villes inconnues du Sud, sans suivi ni soutien », observe la SFY.

La SFY accuse le GTNO d’avoir pris des personnes vulnérables et de les avoir placées « dans des situations encore plus dangereuses dans un endroit inconnu ». L’organisation note que cela s’est produit sans qu’il y ait eu de choix ou de faute de la part de ces personnes vulnérables. « Bien que nous comprenions que l’intention de cette relocalisation forcée était de sauver tous les résidents du grave danger immédiat que représentent les incendies de forêt, il manquait une égale intention de comprendre, d’analyser et de réduire les risques et les dangers auxquels nous exposerions nos concitoyens. L’effet de cet oubli devrait nous rappeler le modèle historique de la violence coloniale à l’égard des peuples indigènes », peut-on lire dans le texte.

L’organisation s’est efforcée de maintenir un groupe uni et en sécurité. Le lendemain de l’ordre d’évacuation, les responsables pour la SFY et 47 femmes ont pris un vol nolisé à destination de Fort McMurray. Une fois arrivées à destination, elles ont pris un bus pour un camp de travail situé à l’extérieur de la ville, où elles ont séjourné dans des logements collectifs.

Chacune s’est vu attribuer sa propre chambre, avec salle de bain privée, accès à trois repas par jour et à un réfectoire ouvert en tout temps. Toutefois, ce qui semblait être un bon scénario s’est avéré problématique : de nombreux participants sont inscrits dans un programme de réhabilitation pour l’alcool ou le cannabis, une donnée qui n’a pas été divulguée aux responsables du camp, qui maintient une politique stricte interdisant la consommation d’alcool et de cannabis. En outre, le groupe a éprouvé des difficultés à obtenir de l’aide de la part de leur infirmière.

Cette situation a conduit certaines personnes à quitter le camp pour se retrouver dans la même situation que les nombreuses personnes qui erraient dans des endroits incertains, sans aucune forme de soutien.

L’organisation affirme avoir reçu, à maintes reprises, l’assurance que les autorités et le gouvernement s’occupaient de la situation, que des plans étaient élaborés et que des processus étaient en cours. Mais « dans la plupart des cas, il n’y a pas eu de suivi », note la SFY.

Les responsables de l’organisation ont reconnu que les fonctionnaires du GTNO étaient souvent occupés à passer des appels téléphoniques et à faire des réunions pour résoudre des problèmes, mais que, pour l’essentiel, ils n’étaient pas en mesure de faire face à la situation.

« Dans très peu de cas, nous avons constaté que tout cela se traduisait par une aide réelle et efficace aux personnes les plus vulnérables », peut-on lire. Parfois, continue la SFY, « on nous a dit le contraire, à savoir que le GTNO n’avait aucune autorité pour faire quoi que ce soit en Alberta et que, de toute façon, nous ne devrions pas nous attendre à grand-chose parce que le personnel du GTNO était lui aussi évacué ».

De plus, l’organisation montre des signes de frustration lorsqu’elle a essayé de résoudre les problèmes par elle-même. « On nous a dit à plusieurs reprises de nous retirer ou de recommencer en passant par les canaux appropriés, ce qui conduisait généralement au même endroit, en envoyant des courriels dans le vide sans réponse ».


La SFY estime qu’il est « frappant de constater » que, tout au long de l’évacuation, le fait que les résidents de Yellowknife se retrouvent dans les rues de Calgary et d’Edmonton « a semblé être considéré comme simplement inévitable ». L’organisation note qu’« aucune intervention claire pour empêcher cela n’a jamais été identifiée par qui que ce soit comme nécessaire ou urgente, comme s’il s’agissait simplement d’un évènement qui s’était produit, sans que personne n’en soit responsable ».


De son côté, le GTNO a déjà reconnu les critiques de la SFY, mais comme celles-ci concernent plusieurs services et ministères, l’ensemble fait l’objet d’un examen interne. La gestion des autorités lors de l’évacuation du mois d’aout fera l’objet de nombreuses discussions dans les mois à venir. Le GTNO et la Ville de Yellowknife sont en train de demander deux analyses indépendantes.

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Photos

Titre : 2023.10.20_FemmesCP

Légende :La Société des femmes de Yellowknife vient en soutient et aux femmes, et à d’autres groupes de personnes vulnérables. (Photo : Cristiano Pereira)

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  • Date de création 15 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 15 novembre, 2023
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