La région de Kent a un gros problème de logement

Tout le monde le savait dans Kent, mais cette fois-ci une étude préparée par Richard Saillant confirme le manque flagrant de logements dans la région.

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Mario Tardif

IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

 Selon l’économiste, il faudra dramatiquement accélérer la cadence de l’activité de construction résidentielle pour satisfaire la demande projetée pour le logement d’ici 2026.

Les résultats de son étude indiquent que 553 logements additionnels par année seront nécessaires pour répondre à la demande projetée d’ici 2026 dans la région desservie par la Commission de services régionaux de Kent (CSR-Kent).

«On savait tous qu’il y avait une pénurie de logements dans Kent, mais dans quelle mesure, on ne le savait pas», a mentionné le directeur général de la Commission de services régionaux de Kent (CSR-Kent), Paul Lang, lors d’une réunion extraordinaire de l’organisme tenue le 27 février dans le quartier de Richibucto, à Champdoré.

Dans son étude commandée par la CSR-Kent, l’économiste et consultant devait estimer les besoins annuels en matière de logements additionnels d’ici 2026 pour Kent.

Pour montrer comment la région a changé, l’économiste a parlé de l’évolution de la population et du marché du logement entre 2016 et 2021. «Fondamentalement, le territoire de la CSR-Kent a explosé de manière démographique. Pour la première fois en 20 ans, la population est en forte croissante», a-t-il indiqué.

Dans l’ensemble, il constate que la population a augmenté de 4,9% dans la région desservie par la CSR-Kent, comparativement à 3,8% dans l’ensemble du Nouveau-Brunswick.

«Vous êtes la seule région à prédominance francophone rurale qui a augmenté plus rapidement que la moyenne provinciale», a commenté l’orateur. Cette augmentation de population a été marquante le long de la côte, dont 8% à Beausoleil, 7,9% à Cap de Richibouctou et 6,2% à Grand-Bouctouche.

Cette augmentation implique une demande élevée de logements.

Au cours de 2016 à 2021, malgré le fait que la population ait augmenté de 1700 personnes, soit près de 5%, il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de logements privés, c’est-à-dire essentiellement des maisons, appartements ou même des chalets. Le phénomène a fait en sorte que le taux d’occupation des logements privés est passé de 81,3% en 2016 à 86,3% en 2021.

En quelques mots, l’expert a expliqué que tout ce qui était disponible pour la location ou pour être habité a été loué ou habité dans le territoire entre 2016 et 2021.

De plus, le nombre de propriétaires et de locataires a augmenté de 5,9% et de 5,2% en cinq ans.

«On a eu une augmentation incroyable du taux d’occupation», a fait savoir l’économiste, qui doute que ce taux puisse continuer d’augmenter aussi rapidement dans la région.

Bref, le développement immobilier n’a pas répondu à la demande supplémentaire qui s’est présentée dans la région. Le nombre de logements dans Kent n’a pas augmenté entre 2026 et 2021, malgré la forte croissance démographique.

 À quoi faut-il s’attendre?

Selon Richard Saillant, il faut s’attendre à une augmentation de la demande de logements induite par le départ à la retraite des baby-boomers.

En fait, les gens qui s’en vont à la retraite ne seront pas nécessairement remplacés par le nombre correspondant de jeunes de la région qui entrent sur le marché du travail, car ces derniers ne seront pas assez nombreux. L’économiste parle d’un déséquilibre d’environ 1700 personnes.

Le rapport estime que 241 unités de logement additionnels par année seront nécessaires pour accueillir de nouveaux ménages et ainsi assurer le remplacement de tous les baby boomers qui vont partir à la retraite entre 2021 et 2026.

Il faudra aussi prévoir une augmentation de la demande de logements attribuable à la croissance de l’emploi. À ce sujet, le nombre de travailleurs dans le secteur privé est passé de 12 960 en 2016 à 12 065 en 2021, une diminution d’environ 7%.

«Ça c’est un signe qu’on manque de travailleurs», a avisé Richard Saillant.

À titre d’exemple, les services d’hébergement et de restauration ont perdu 23,6% de leurs travailleurs au cours des cinq dernières années.

Le chercheur émet l’hypothèse que globalement, 75% des emplois perdus vont revenir. Il estime qu’un total de 258 emplois par année devront être ajoutés pour préserver le statu quo économique sur le territoire entre 2021 et 2026.

«Cela va se traduire par une demande additionnelle de 184 nouvelles unités (de logement) par année», établit le rapport.

Enfin, la migration liée au style de vie et la recherche d’un logement plus abordable devrait augmenter la demande d’environ 107 unités par année.

En somme, la région de Kent devra ajouter presque quatre fois plus de logements qu’elle le fait présentement. Selon les chiffres de Statistique Canada, environ 145 unités de logement par année ont été ajoutées entre 2016 et 2021 sur son territoire.

Plus récemment, la CSR-Kent rapportait que des permis pour 222 nouvelles unités ont été livrés en 2022.

«Il y a de bonnes raisons de croire que les chiffres présentés dans ce rapport, bien qu’élevés, représentent des estimations conservatrices», indique le rapport de l’expert.

 Stimuler la construction

Selon Richard Saillant, la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction n’arrive pas à répondre à la demande. «Il y aura lieu de trouver une forme d’incitatif pour essayer de rendre plus attrayants les projets dans les régions rurales ou de les mettre sur un pied d’égalité avec les projets que l’on retrouve dans les grands-centres», a-t-il informé.

D’après lui, cela demandera une stratégie concertée de l’ensemble des gouvernements. «Il va falloir qu’on fasse de vrais investissements», a-t-il avancé.

«L’autre dimension, c’est qu’il faut absolument de manière urgente travailler sur une stratégie pour accroître la main-d’œuvre dans l’ensemble de l’industrie sur toute la province. Tant et aussi longtemps qu’on n’a pas le nombre suffisant de travailleurs dans l’industrie de la construction, c’est là qu’est le boulot d’étranglement», a-t-il expliqué.

La CSR-Kent a résolu que le rapport de l’économiste fasse partie de sa future stratégie régionale.

 

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Légende : Il sera nécessaire d’accélérer la cadence de l’activité de construction résidentielle afin de satisfaire à la demande projetée de logements, d’ici 2026, dans Kent.

Crédit :  - Acadie Nouvelle: archives

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  • Date de création 3 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 3 mars, 2023
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