La population de Kent ne veut pas que la région devienne un désert médical

Après que le réseau de santé Vitalité ait brutalement annoncé que l’hôpital Stella-Maris n’offrirait plus de soins aigus, la Commission des services régionaux de Kent (CRK-Kent) a convoqué une réunion d’urgence. La communauté se mobilise pour ne pas perdre son hôpital.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Ce fut un coup de tonnerre à Sainte-Anne-de-Kent mais aussi dans l’ensemble du comté. Aldéo Saulnier concède que la nouvelle a pris tout le monde de court. Le maire de Grand Bouctouche est aussi le président de la CSR-Kent. La Commission a rapidement organisé une réunion de crise pour débattre de l’enjeu qui affecte un bassin de population de plus de 33 000 personnes.

Les deux députés provinciaux, Benoît Bourque (Libéral – Kent-Sud) et Kevin Arseneau (Vert – Kent-Nord) ont participé à la réunion par visioconférence. M. Bourque, qui fut ministre de la Santé du 4 septembre 2017 au 9 novembre 2018, a rappelé qu’il y a encore cinq ans, il y avait 11 médecins qui faisaient des rotations en alternance à l’Hôpital Stella-Maris.

Dernièrement, ce nombre était tombé à quatre praticiens. Vendredi 26 janvier, l’un des membres de ce dernier carré a déclaré forfait et s’est mis en congé pour trois mois. C’est ce qui a poussé Vitalité à fermer les soins de longue durée et à transférer les patients au CHU-Dumont à Moncton.

«Qu’est-ce qui explique qu’on soit passé en l’espace de cinq ans de 11 à trois généralistes qui font des rondes ?demande Benoît Bourque. Le problème, ce sont les conditions de travail. Stella-Maris est devenu un hôpital de deuxième classe. Dans l’immédiat, le transfert à Dumont est mieux pour les patients actuels en soins aigus, mais les problèmes se feront sentir à moyen et à long terme.»

L’ancien ministre de la Santé déplore que Vitalité n’offre aucun incitatif aux médecins pour aller travailler à Sainte-Anne-de-Kent. Ces derniers ne perçoivent ni indemnité kilométrique, ni supplément d’aucune sorte. Le diagnostic étant posé, Benoît Bourque estime que Vitalité doit «changer ses pratiques».

Si Aldéo Saulnier pense que la nouvelle a pris tout le monde de court, Kevin Arseneau est d’avis que ce qui vient de se produire n’est pas arrivé du jour au lendemain.

«Cela fait des mois qu’on tire la sonnette d’alarme. Vitalité n’a aucune excuse. Elle ne devrait pas attendre d’être dans le rouge pour communiquer les informations. C’est quand on est dans le jaune qu’il faut le faire pour donner le temps de trouver des solutions alternatives quand il est encore temps d’agir», martèle le chef-adjoint du Parti vert.

Le député de Kent-Nord ajoute que la province, «il y a des situations temporaires qui sont devenues permanentes». Il pointe le risque de perdre des spécialistes en soins aigus qui iront ailleurs pour exercer leur spécialité. Il dit qu’à Edmundston, la communauté a trouvé des solutions pour desservir la clientèle de Grand-Sault et de Saint-Quentin et regrette que le Réseau de Santé n’ait «pas de vision pour les hôpitaux ruraux».

Mobilisation publique et populaire

Benoît Bourque, qui a rencontré des médecins, ajoute encore qu’il y en a qui éprouvent de l’intérêt à travailler à Stella-Maris. Cependant, ce sont les conditions de travail imposées par Vitalité qui les découragent. Pour le député de Kent-Sud, le problème peut se régler pour autant que les parties prenantes le veuillent.

«La régie peut décider elle-même de résoudre ce problème. Si elle ne le fait pas, le gouvernement du Nouveau-Brunswick peut l’y contraindre car Vitalité répond au ministre de la Santé. Cependant, je commence à avoir des doutes sur la volonté de l’un et de l’autre.»

Maire suppléant de Champdoré, Marc Babineau constate qu’en perdant les soins aigus, l’hôpital Stella-Maris devient de facto un foyer de soins avec un service d’urgences. Le bâtiment, qui a 58 ans, a besoin de rénovations. Cependant, les intervenants conviennent que si le «problème systémique avec la régie» n’est pas réglé, il n’y aura bientôt plus d’édifice à rénover.

Une première rencontre entre les émissaires de la CSR-Kent et Vitalité a eu lieu lundi. Les informations ne sont pas parvenues au journal avant la fin du bouclage. Une deuxième réunion suivra mercredi 13 février.

«Il faut considérer une mobilisation publique et populaire avec manifestations et pétitions car, si on laisse les choses se faire, on accepte que Kent ait des soins de santé de 2e classe», affirme Benoît Bourque qui a probablement trouvé un thème sur lequel faire campagne aux prochaines élections.

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Titre : CSR-Kent
Légende : Les membres de la Commission des services régionaux de Kent ont débattu pendant d’une heure sur l’avenir de l’hôpital Stella-Maris-de-Kent après la fermeture inopinée de l’unité des soins aigus.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 8 février, 2024
  • Dernière mise à jour 8 février, 2024
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