La persévérance d’une maman pour offrir un programme parascolaire en français

Arrivée à Sudbury en septembre 2021, Rita Bareh-Gergis a dû se battre pour imposer des services en français au Centre de mathématiques et de lecture Kumon du Nouveau Sudbury, qui offre un programme d’enrichissement parascolaire. Racheter la franchise japonaise, qui donnait des cours exclusivement en anglais, était le prix à payer pour éduquer ses enfants en français. La persévérance de la maman aux origines égyptiennes a payé. 

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Mehdi Mehenni

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Rita Bareh-Gergis est née et a grandi en Égypte. La question lui est souvent posée : «les Égyptiens sont anglophones, comment se fait-il que vous parliez aussi bien le français?». 

Il faut dire que la question «agace» quelque peu la femme d’Alexandrie, cette ville balnéaire où les visiteurs embarquent pour aller côtoyer, le temps d’une croisière sur le Nil, la grandeur et la majestuosité des pyramides de Gizeh. «Les gens ne savent pas que le français est parlé aussi par les Égyptiens, surtout à Alexandrie», clame-t-elle. 

L’implication de la France, dès l’époque de Napoléon Bonaparte, dans la construction du canal de Suez pour relier la mer Méditerranée à la mer Rouge fait partie des raisons qui ont participé à répandre la langue française au pays des Pharaons

Rita Bareh-Gergis a fréquenté une école francophone. C'était le choix de ses parents. «Mon père n'était pas forcément très instruit, mais il me disait : le français est une clé qui va t’ouvrir bien des portes dans le monde», raconte-t-elle. 

Son baccalauréat en langue française à l’école de l’éducation de l’Université d’Alexandrie obtenu, elle rencontre Steve Gergis, un anglais qu’elle épouse et qu’elle suit à Londres. Son séjour en Europe lui permet de suivre une maitrise en civilisation française à la Sorbonne.

Escale au Québec 

L’histoire de Rita Bareh-Gergis au Canada a débuté en 2012, où elle a commencé par s’installer au Québec, avec sa petite famille. C’était aussi pour rejoindre sa sœur et sa cousine, déjà établies. Elle en a profité pour suivre un cours appelé «apprenants divers» à l’Université McGill, à Montréal. Ce qui lui a permis d’obtenir son brevet d’enseignement. 

C’est à cette période qu’elle prend connaissance du programme japonais Kumon, qui est enseigné en français au Québec. Son fils Matthew était âgé de 4 ans lorsqu’elle l’a inscrite. «Quand il est rentré à l’école, il savait comment prendre sa feuille et son crayon, bien se tenir pour travailler ses devoirs, se concentrer, corriger ses fautes et faire des calculs mentaux», témoigne-t-elle. 

Son second fils, Jonathan, est né en 2014, dans la région de Montréal. Elle voulait lui donner la même chance. Elle l’a inscrite à Kumon dès l’âge de 5 ans. «Rendu à l’école, je recevais des commentaires positifs de ses enseignantes et éducatrices, qui le trouvaient en avance sur ses camarades», assure la maman. 

Mais le jeune Jonathan allait perdre cet avantage lorsque ses parents ont fait le choix de changer de province et de s’installer à Sudbury. «Mon époux est anglophone, nous avons alors choisi une région en Ontario où nous pouvons chacun s'épanouir dans sa communauté linguistique», souligne-t-elle. 

«Pas de services en français!»

Rita Bareh-Gergis ne s’attendait pas à se voir refuser des services en français en inscrivant son fils, dès septembre 2021, au Centre Kumon du Nouveau Sudbury. «L’ancienne directrice avait opposé un niet catégorique, alors qu’elle pouvait faire des efforts. Ce n’est pas évident pour un enfant éduqué en français de résoudre des problèmes de mathématiques en anglais», affirme-t-elle. 

La maman prit alors sur elle de s’assoir avec son fils et de lui faire régulièrement la traduction de ses fiches de mathématiques. Mais c’est devenu intenable à la longue. Elle a fini par le retirer du centre en janvier 2022. 

Quatorze mois plus tard, soit en mars 2023, Rita Bareh-Gergis découvre un autre Centre Kumon à Cedar Pointe Plaza. Le directeur, Krishman Venkataraman, accepte d'accommoder Jonathan en français. Ce dernier renoue avec le programme japonais de mathématiques et de lecture.

Quelques mois plus tard, Krishman Venkataraman informe Rita Bareh-Gergis que le Centre Kumon du Nouveau Sudbury ferme ses portes. Il lui propose alors de l’appuyer dans le cas où elle souhaite racheter la franchise. Après discussion avec son mari, elle se lance dans l’aventure. 

C’est ainsi que Rita Bareh-Gergis offre ce programme japonais en français depuis novembre 2023. «J’ai demandé à recevoir les mêmes fiches mathématiques que les centres du Québec reçoivent du Japon. Je les ai obtenues. J’ai suivi des cours chez  Kumon pour enseigner moi-même le programme», indique-t-elle. 

Expérience positive

Mélanie Weiman avait, elle aussi, transféré sa fille Véronique, âgée de 11 ans, au Centre Kumon de Cedar Pointe Plaza, après la brève fermeture du centre du Nouveau Sudbury. 

«Dès que j’ai appris pour la réouverture du centre avec un programme en Français, j’ai remis Véronique à Kumon Nouveau Sudbury. C’est extrêmement important pour notre famille d’avoir notre fille dans un centre francophone. D’abord, en raison de la façon dont nous l’avons élevé. Ensuite, parce que nous sommes fiers d’être francophones et que nous voulons garder notre langue dans notre ville», dit la maman. 

Mélanie Weiman ne garde pas un bon souvenir de leur expérience précédente à Kumon. «Les services étaient exclusivement anglophones. Véronique avait beaucoup de difficultés. J’avais besoin de lui traduire toutes ses fiches de devoirs», se rappelle-t-elle.  

Aujourd’hui, elle trouve sa fille beaucoup plus confiante. «Véronique est maintenant fière d'elle-même. Ce qui n’était pas le cas avant. Cela l’aide beaucoup à l’école aussi, comme elle a manqué sa base en mathématiques pendant la covid», ajoute-t-elle.  

 

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Rita Bareh-Gergis, directrice du Centre Kumon du Nouveau Sudbury. — Photo : Mehdi Mehenni

 

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Mélanie Weiman en train d’aider sa fille Véronique à faire ses devoirs. — Photo : Courtoisie

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  • Date de création 20 décembre, 2023
  • Dernière mise à jour 20 décembre, 2023
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