La pénurie de place en garderie persiste toujours en Nouvelle-Écosse

Avec la collaboration du fédéral, la province investit pour accroître la capacité d'accueil en garderie pour répondre aux besoins de sa population. Néanmoins, les familles néo-écossaises font toujours face à un déficit de place.

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Farida Agogno 

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse - Atl

Cette année, la province a augmenté son investissement de 83 millions de dollars dans la garde de jeunes enfants. Pourtant, le besoin des parents à trouver une place pour leurs enfants est toujours d’actualité.

Selon Becky Druhan, ministre du Développement de la petite enfance, ce problème est bien plus profond et remonte à des années. « Le service de garde d’enfant est un secteur qui réclame et nécessite des investissements depuis des décennies. Il a été sans soutien et sous-financé pendant plusieurs années », affirme-t-elle.

Ayant vécu ce parcours de combattant comme beaucoup de parents néo-écossais, Mme Druhan confie qu’il y a 15 ans, elle cherchait une place pour son enfant. Elle était sur la liste d’attente de plusieurs centres de garde et peinait à trouver une place.

Au vu de problèmes qui altèrent le secteur, l’une des conséquences, surtout chez les communautés francophones, est l’assimilation.

En ce sens, Jane Williamson, directrice générale de la garderie le Petit Voilier ainsi que vice-présidente du conseil d’administration du Centre d’appui à la petite enfance de la Nouvelle-Écosse (CAPNÉ), précise que le manque de place fait en sorte que les parents francophones inscrivent leurs enfants dans les garderies anglophones pour élargir leur chance de trouver une garde.

Les parents en subissent aussi les conséquences, souligne Mme Williamson. Cette dernière met l’accent sur la situation des nouveaux arrivants, qui font la course entre trouver un emploi et une place en garderie.

Les mères, après l’accouchement, prennent beaucoup de temps pour retourner sur le marché du travail, à cause de cette lacune dans le secteur, ajoute-t-elle.

Des mesures insuffisantes

Rappelons que le gouvernement provincial a investi un total de 277 millions de dollars dans ce secteur cette année. « Notre gouvernement a déjà ajouté 17 000 places supplémentaires. Mais notre grande mission en Nouvelle-Écosse est de créer 9 500 places d’ici 2026 », dit Mme Druhan.

Le mois dernier, la province a annoncé l’ajout de 150 places au sud-ouest du territoire. Cet automne, 44 places devront être accessibles, soit 34 dans le comté de Digby, dont 24 à La P’tite académie, à Pointe-de-l’Église, 10 à la garderie Learning Grove et 10 à la garderie The Fox and the Hare à Lockport.

La province a aussi, l’an dernier, réduit les frais de garde de 50 % en moyenne.

En dépit de ces initiatives, le secteur souffre toujours. Pour Mme Williamson, la réduction des frais est une très bonne nouvelle, mais elle a accentué le problème du manque de place.

Elle dit que, face à cette baisse, plus de familles ont désormais accès aux garderies à des frais abordables, ce qui a fait augmenter le nombre de personnes sur les listes d'attente.

La liste d'attente dans sa garderie est conséquente. « Actuellement, pour les enfants de un à trois ans, on a environ 300 enfants sur notre liste d’attente, explique-t-elle. Et, pour les enfants de moins d' un an, j’en ai un autre 100. Pour les enfants d’âge scolaire, j’ai environ 200 enfants. »

En parlant des communautés francophones, elle ajoute que la plupart dépendent de la construction des écoles. Autrement dit, quand une école voit le jour, sa garderie fait un partenariat avec l’école afin d’en ouvrir une dans l’établissement.

Pour soutenir cette idée, elle affirme que « lorsqu’on a annoncé l’ouverture d’une nouvelle école à  Mer et Monde dans le centre-ville d’Halifax, nous, on était inclus dans le projet. Et donc nous, on va ouvrir une garderie dans cette école de 42 places. Nous, les francophones, on est dépendant des constructions de nouvelles écoles. »

Des pistes de solutions 

L’autre défi du secteur est le manque de personnel. D’ailleurs, la recherche en matière de main-d'œuvre est connue dans toute la province. Pour résoudre ce problème, Mme Williamson dit qu’elle a eu recours au recrutement à l’international.

Elle souhaite qu’on réduise le temps de reconnaissance des acquis et compétences des éducateurs et éducatrices, ce qui n’aura plus d’influence sur la date d’arrivée de ses nouveaux employés.

Le salaire est également un problème chez le personnel francophone, ce qui décourage les candidats de l’international et même ceux de la province. Elle espère que le salaire dans ce secteur augmentera.

Le CAPENÉ a fait une demande pour gérer le centre de la petite enfance.  « On voudrait être capable de gérer nos propres centres pour aider, aller faire le recrutement, aller chercher des gens de la communauté francophone. C’est essentiel que la gestion puis le développement de service de garde en français en Nouvelle-Écosse doivent être par et pour les Acadiens et francophones », raconte-t-elle.

Toujours dans la même logique, Mme Williamson rappelle qu’il est nécessaire de valoriser le travail des éducateurs et éducatrices de la petite enfance pour mieux attirer les jeunes vers ce secteur, surtout les francophones. « Il faut valoriser ce travail, mais aller aussi chercher ces jeunes, tout en augmentant les salaires des personnes qui y travaillent », dit-elle.

Une transformation qui prendra du temps

La ministre Becky Druhan affirme que son gouvernement continuera de travailler pour subvenir aux besoins de la population. « Le secteur a depuis longtemps été négligé, soutient-elle. Donc, ce n’est pas quelque chose qu’on peut transformer du jour au lendemain. Nous travaillons fort pour améliorer le système. Et notre travail n’est pas fini. »

Elle renchérit : « Nous investissons afin de créer un système accessible, abordable et inclusif dans toute la Nouvelle-Écosse pour que les habitants puissent disposer de services de garde d’enfants là où ils vivent, quand ils en ont besoin, et que ces services soient le reflet de leurs familles. Cela signifie, par exemple, que les Acadiens et francophones aient accès à des services dans leur langue maternelle. »

Pour Mme Druhan, ces initiatives et investissements dans la petite enfance sont historiques. Elle déclare que le gouvernement s’engage à continuer la transformation dans le secteur de la  petite enfance.

  • Nombre de fichiers 5
  • Date de création 20 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 20 septembre, 2023
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