La passion du piano au bout de ses jeunes doigts

Il a 15 ans et le piano semble lui couler dans les veines. Le prodige de Vankleek Hill Tristan Das Eiras pourrait parler de piano classique et de l’histoire qui l’enrobe pendant des heures. Sa passion l’a même mené à se produire dans la prestigieuse salle de concert du Carnegie Hall, à New York.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Chemise repassée, ceinture chic, Tristan Das Eiras projette la rigueur qu’il accorde à ses répétitions de piano. Le Droit le rencontre dans la charmante demeure aux allures vieillotte de son professeur privé Ian Hepburn, à Vankleek Hill.

Ce dernier affirme sans équivoque que Das Eiras est le meilleur élève à qui il a enseigné en 50 ans de carrière.

La passion du piano pour le jeune Tristan s’est révélée du jour au lendemain à l’âge de huit ans. Lui qui n’était pas du tout intéressé par cet instrument auparavant a eu le coup de foudre lorsque son grand-père lui a transmis une pièce folklorique.

Pourquoi cet élève est-il si doué ?

Difficile de répondre à la question, répond le professeur Hepburn.

«Il faut remercier sa mère, dit-il à la blague. Certains naissent avec un talent. Il faut toutefois travailler pendant longtemps avant qu’il apparaisse. La plupart des enfants suivent des cours de piano pour avoir une activité à faire, peu vont prendre le temps nécessaire pour développer leur talent.»

Il souligne également qu’il est inhabituel qu’un jeune de 15 ans compose ses propres mélodies, comme Tristan le fait avec aisance.

«Ça provient d’improvisation à travers mes séances, explique-t-il. La partie la plus difficile est de prendre une mélodie improvisée et de la mettre sur papier. Il faut se rappeler des notes. C’est pour ça que je m’enregistre toujours lorsque je pratique.»

Se rapprocher de la perfection

Lorsqu’il embarque sur une scène, rien d’autre que le piano n’importe pour le Franco-Ontarien.

«J’essaie de jouer chaque note le plus près de la perfection possible», décrit-il.

Il n’existe pas de perfection en musique, ajoute-t-il.

C’est ce qui s’est produit en février 2023 sur la scène de la mythique salle de concert du Carnegie Hall à New York. La compétition réunissait des prodiges d’un peu partout dans le monde. Le pianiste a pu y participer en raison de sa deuxième position à la compétition régionale d’Ottawa. Il a choisi de jouer une pièce assez lente, mais plus mélodieuse : le Prélude de Maurice Ravel.

«Ce n’est pas une pièce de compétition, dit le jeune d’emblée. Normalement, on choisit des pièces très techniques, mais pas nécessairement musicales. J’ai opté pour cette pièce, car on a besoin de faire une interprétation quasi parfaite, on n’a pas droit à l’erreur.»

C’est ce qu’il a tenté d’exécuter, en n’étant qu’un avec son instrument.

«Quand je suis sur scène, je ne pense à rien d’autre qu’à jouer, mentionne-t-il. C’était l’une de mes meilleures performances avec cette pièce. Je me sens assez fier de m’être rendu à New York. J’aimerais y retourner un jour, mais pour un concert solo.»

Grandes ambitions

Dès qu’un espace libre se présente à lui, l’élève de l’École secondaire publique Le Sommet le consacre au piano. Que ce soit pour répéter 10 minutes avant d’aller à l’école ou écrire ses compositions en salle de classe. Il indique d’ailleurs n’avoir aucune difficulté à combiner l’école et le piano.

Ce n’est pas ses parents qui vont l’arrêter.

«Il a le feu vert avec nous, lance sa mère Nathalie Poupart. C’est important que le parent prenne le temps d’encourager son enfant, sinon il ne pourra pas s’améliorer. Je le laisse pratiquer parce que je sais qu’il en a besoin et c’est en pratiquant qu’on peut avancer.»

Ayant évolué dans des harmonies, elle se permet de lui donner ses impressions lorsqu’il répète.

Est-ce qu’il se voit dans un conservatoire d’Ottawa, de Montréal ou de Toronto après le secondaire ?

«Je me vois plutôt en Europe, comme en Allemagne, à Paris ou à Madrid, répond-il avec conviction. Je souhaite obtenir un doctorat en composition et en direction d’orchestre. On y retrouve les meilleures écoles de musique au monde. Les grands compositeurs sont passés par ces écoles-là.»

Son coup de cœur est la musique espagnole classique, comme celle de Manuel de Falla, et Enrique Granados qui ont évolué au conservatoire de Madrid. Il apprend déjà l’allemand, rêvant d’études à Leipzig.

Il faut dire qu’il se sent un peu seul dans sa passion dans la région. À la campagne, peu de gens peuvent jouer d’un instrument à un niveau comme le sien. C’est aussi pour ça qu’il envie la ville.

Sa dernière représentation devant public remonte en janvier dernier au Centre culturel Le Chenail. Il avait présenté une de ses compositions, accompagné à la flûte par Maïté Poulin de Courval, élève de 12e année à son école. Il souhaite présenter davantage de spectacles dans la région.

Amoureux du classique

Sa mère, joueuse de saxophone, a été étonnée lorsque son garçon est tombé amoureux de la musique classique à un jeune âge.

«Il aimait Lenny Kravitz et les avions et du jour au lendemain tout ça a disparu», raconte-t-elle.

Elle rit lorsque son adolescent explique ce qui le fascine dans la musique classique. Il tombe rapidement dans les détails, qui témoignent également de son intérêt pour l’histoire.

«La musique classique incorpore beaucoup de notions de la musique folklorique, qui diffère entre les régions, débute-t-il. Contrairement à la pop, le compositeur a le temps de développer ses idées dans des pièces plus longues. La musique classique est également fortement inspirée de l’Histoire. Prenons par exemple le Russe Dmitri Chostakovitch qui était victime de l’oppression de Staline dans l’URSS. Il avait peur de mourir la majorité de sa vie, mais ça engendre des pièces de musique extraordinaire qui entremêle l’histoire. Il a écrit une pièce durant la Seconde Guerre mondiale où il était pompier. Elle commence par une petite mélodie et on entend beaucoup de tambours à la fin, pour représenter la terreur des nazis.»

Tristan Das Eiras sera en concert le 21 avril à 14h et le 26 avril à 19h à l’église presbytérienne Knox à Vankleek Hill, dans le cadre du Festival de Musique de Vankleek Hill.

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Photos

Le pianiste de Vankleek Hill Tristan Das Eiras, âgé de 15 ans, a de grandes ambitions pour sa carrière. (Etienne Ranger/Le Droit )

Tristan Das Eiras est le protégé du professeur de musique Ian Hepburn depuis sept ans. (Etienne RANGER/Le Droit )

La mère de Tristan Das Eiras, Nathalie Poupart, soutient qu'il est primordial d'accompagner son enfant dans ses passions pour qu'il réussisse. (Etienne Ranger/Le Droit )

Outre le piano et l'histoire, Tristan Das Eiras s'amuse à exprimer son art avec la peinture à l'huile. (Etienne Ranger/Le Droit )

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  • Date de création 15 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 15 avril, 2024
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