La ministre ontarienne Merrilee Fullerton démissionne

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

La ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires Merrilee Fullerton a démissionné.

La députée qui représente la circonscription de Kanata-Carleton depuis 2018 a remis sa démission au premier ministre ontarien Doug Ford, vendredi après-midi. 

Sa démission, annoncée au lendemain du dépôt du budget annuel de son gouvernement et au même moment où le président américain Joe Biden prononçait son discours au Parlement canadien, entre en vigueur immédiatement.

«Ce fut un honneur et un privilège de servir les Ontariens en tant que membre du parlement provincial et ministre du Cabinet au cours des cinq dernières années», a-t-elle écrit dans sa lettre, sans offrir les raisons expliquant son départ soudain. 

Merrilee Fullerton a été élue le 7 juin 2018, lorsque le Parti progressiste-conservateur de Doug Ford a été mené au pouvoir. 

Elle est passée de ministre des Soins de longue durée à ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires en juin dernier.

Plusieurs ont perçu ce transfert comme une rétrogradation.

Aux commandes de la gestion de la pandémie de COVID-19 dans les foyers de soins de longue durée au moment où la crise a frappé la province, 

Merrilee Fullerton avait été vivement écorchée le rapport de la commission d’enquête sur les soins de longue durée de l’Ontario d’octobre 2020, à la suite des constats troublants faits par les Forces armées canadiennes, déployées dans les foyers ontariens pour appuyer le personnel en pleine crise.

Elle avait aussi été visée par le rapport de la vérificatrice générale au même sujet, en 2021.

Son successeur Rod Phillips, s’était excusé au nom du gouvernement pour avoir laissé tomber le personnel et les familles dans les foyers de soins de longue durée durant la pandémie de COVID-19, chose que Merrilee Fullerton n’a jamais voulu faire.

Elle avait catégoriquement refusé d’assumer toute responsabilité pour les ravages de la COVID-19 dans les établissements pour aînés de la province, blâmant plutôt de façon persistante les gouvernements précédents.

Merrilee Fullerton a aussi été ministre de la Formation et des Collèges et Universités de 2018 à 2019. 

Avant de devenir politicienne, elle a fait carrière comme médecin de famille.

«Un sens aigu du devoir m'a amené à la politique après des décennies en tant que médecin de famille au service de ma communauté, pour poursuivre mon travail vers des solutions qui combleraient les lacunes de notre système de santé et amélioreraient les services de santé pour les individus.»

Remplacement

C’est l’adjoint au ministre du Logement, Michael Parsa, qui remplacera Merrilee Fullerton à titre de ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires.

«Je tiens à remercier le premier ministre Doug Ford de m'avoir fait confiance avec ce nouveau dossier, le ministre [des Affaires municipales et du Logement] Steve Clark pour votre partenariat au cours de la dernière année et mon amie, la Dre Merrilee Fullerton pour son travail inlassable sur ce dossier», a écrit Michael Parsa dans une déclaration envoyée vendredi soir.

Nina Tangri, l’une des seules députées du Parti progressiste-conservateur qui s’est retrouvée sans portfolio à la suite des dernières élections provinciales, prend la place de M. Parsa comme adjointe au ministre du Logement.

Réactions 

Le premier ministre ontarien Doug Ford affirmé, dans une déclaration envoyée aux médias à la suite de la démission de Merrilee Fullerton, qu’elle «a été un membre clé» de son équipe «depuis le premier jour».

 

«Je souhaite le meilleur à mon amie alors qu'elle se retire du monde de la politique. Je n'ai aucun doute qu'elle continuera à redonner et à contribuer aux grandes communautés de Kanata et de Carleton de tant de façons.»

 

Surprise, l’une de ses députées voisines Lucille Collard dit que personne ne s’attendait à cette démission à Queen’s Park. «Je ne l’ai pas vu venir du tout», réagit-elle.

Plusieurs questions demeurent face aux raisons pouvant expliquer le départ soudain de la députée Fullerton. «Ce que je retiens d’elle, c’est qu’elle est une bonne personne avec les meilleures intentions au monde. Je pense qu’elle a eu des dossiers vraiment difficiles, et il y a des limites à ce qu’un humain peut prendre. On ne peut que spéculer sur les raisons de son départ, mais elle est responsable du dossier des services pour les familles avec les enfants qui sont sur le spectre de l’autisme. On est le lendemain du budget. Moi, à sa place, j’aurais été très frustrée avec mon gouvernement en voyant l’absence de ressources dédiées à régler les lacunes dans ce dossier.»

La présidente de la Coalition de l’Autisme de l’Ontario (OAC) Alina Cameron affirme qu’une occasion se présente pour le gouvernement Ford «d’offrir le poste à quelqu’un qui sera prêt à travailler avec la communauté».

Merrilee Fullerton n’était pas dans les bonnes grâces de la communauté autiste de l’Ontario, affirme-t-elle. «Elle refusait de nous rencontrer, elle ignorait les famillles qui demandaient de la rencontrer.»

La présidente de la OAC note que la province devra maintenant nommer une quatrième personne en cinq ans au poste de ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires. «Les familles sont confuses et n’ont pas accès à toutes les informations disponibles. Le ministère est tellement inconsistant, et les agences responsables des programmes sont complètement décousues et incohérentes.»

La Fédération du Travail de l’Ontario (OFL) n’avait pas de mots doux à offrir à Merrilee Fullerton dans le cadre de sa démission. «La ministre Fullerton a été un désastre absolu lorsqu'elle était en charge du dossier des Soins de longue durée et s'est avérée tout aussi incompétente dans le dossier de l'autisme. Bon débarras.»

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  • Date de création 24 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 24 mars, 2023
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