La LINO fête ses 15 ans avec des rires garantis

Christian Gammon-Roy

IJL – Réseau.Presse - Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

Cette année marque le 15e anniversaire de la Ligue d’improvisation du Nord de l’Ontario (LINO), fondée à Sturgeon Falls. Le groupe est bien connu au niveau local, et ses matchs font partie intégrante de la culture francophone de la région, mais la ligue se démarque aussi à travers la province, et l’on en parle de plus en plus dans tous les coins de l’Ontario français. Les co-administrateurs et fondateurs de la LINO, Stéphane Marcoux et Luc Larocque, en sont fiers, et se disent émerveillés par l’évolution de la ligue, et surtout la fidélité de ses joueurs et ses spectateurs.

C’est à l’été 2009 que la LINO a été créée. «Il n’y avait pas de ligue à Sudbury, il n’y avait pas de ligue universitaire. On se disait «c’est plate qu’une fois que le secondaire est fini, on n’a pas de place à jouer,»» se souvient Stéphane Marcoux. À l’époque, il était étudiant à l’Université Laurentienne de Sudbury. Un vétéran de l’équipe d’improvisation de Franco-Cité, il se trouvait soudainement sans option pour continuer à faire de l’impro. Son ami Mathieu Séguin, lui aussi un habitué de l’impro au niveau secondaire, était dans le même bateau. Le duo a donc eu l’idée de lancer une ligue pour adultes. «Je me souviens, on est entré dans le bureau de Luc Larocque au printemps cette année-là. À l’époque, il était Directeur-adjoint à Franco [Cité]» et l’entraîneur de l’équipe d’impro de l’école. D’ailleurs, M. Marcoux a pris la relève comme entraîneur depuis qu’il enseigne lui-même à Franco-Cité.

M. Larocque, un passionné d’impro initié en 1987, s’est laissé emballé par la proposition de ses anciens élèves. «Initialement quand ils sont venus me voir, j’étais vraiment excité de l’idée, mais très appréhensif, je ne vais pas le cacher. Appréhensif parce que je me disais que la culture d’impro n’existait pas dans la communauté.» Il se demandait s’ils allaient pouvoir trouver des joueurs, attirer des spectateurs, trouver un local où jouer, et ainsi de suite. Malgré ses craintes par rapport «aux détails,» dit-il, il a voulu tenter l’aventure. La LINO est donc née.

Les premiers matchs se sont joués dans un local de l’École secondaire Franco Cité, devant des petites foules d’environ 20 personnes, qui «étaient surtout des parents des joueurs,» rappelle Stéphane Marcoux en riant. Aujourd’hui, c’est une centaine de personnes en moyenne qui viennent voir les matchs. «Le plus gros challenge au début c’était de trouver des joueurs. On se limitait à trois équipes, puis on est venu à bout de trouver 18 joueurs, mais ça n’a pas été facile. On a commencé à Sturgeon, puis, autre que le monde qui avaient fait [de l’impro] au secondaire, y’avait pas beaucoup de gens dans la communauté qui connaissaient ça à l’époque,» raconte M. Marcoux.

Ils sont allés recruter des personnes du milieu théâtral, et même des personnes sans expérience de scène qui ont bien voulu se lancer dans l’aventure. Les joueurs ont été répartis sur les trois équipes pour avoir un bon équilibre d’expérience, de manière à ce que les initiés puissent transmettre leur savoir. La LINO est donc devenue une ligue de développement du talent, aussi.

La qualité du spectacle a toujours été prioritaire pour la LINO, et la recherche de joueurs fiables reste un défi même 15 ans plus tard. M. Marcoux explique que c’est une question d’horaire, car les joueurs doivent s’engager à un horaire fixe, mais aussi d’être capable d’offrir une bonne qualité de jeu. «Oui, c’est une compétition, mais au bout de la ligne, si tu veux que la compétition soit bonne il faut que les joueurs ne pensent pas à la compétition. Faut penser au spectacle en premier, puis si l’on pense au spectacle, la compétition va être bonne. C’est là où la foule va voter de façon équitable, tu vas avoir un score très serré, (…) tandis que des matchs qui finissent 8-0, ce n’est pas nécessairement un bon spectacle. Ce qui est unique à l’improvisation, c’est que c’est une compétition dans l’entraide. Si je ne t’aide pas à faire un bon spectacle, je vais paraitre mal aussi,» dit M. Larocque en résumant sa philosophie du jeu.

En effet, ce souci pour la qualité du spectacle est plus important que jamais, car le public est au rendez-vous. «En moyenne on va avoir entre 90 et 120 personnes à chaque fois. C’est pas mal constant, puis on a des gens qui sont fidèles au rendez-vous. On a des réguliers qui sont là à chaque deux mois, puis c’est le fun de les voir. Ils connaissent tous les règlements, ils connaissent toutes les catégories. Mais aussi, on a des nouveaux, on a des gens qui n’ont jamais vu de l’improvisation,» décrit M. Marcoux. Le dernier match de la LINO, un match spécial hors-saison pour le Carnaval des Compagnons des Francs Loisirs, a attiré des gens de North Bay à Sturgeon Falls. C’était salle comble, et les rires fusaient de partout.

Ce ne sont pas seulement les spectateurs qui viennent de loin pour la LINO. La ligue accueille des joueurs d’un peu partout en province. «On en a qui partent d’Ottawa pour venir jouer, de New Liskeard, de Sudbury, on a Steph Paquette qui part de Timmins pour venir jouer,» dit Stéphane Marcoux. Il ajoute que la réputation de la LINO a grandi et que la ligue est connue jusqu’au niveau national. «On a accueilli la LNI (Ligue nationale d’improvisation) à Sturgeon! On a eu un match entre la LNI puis la LINO, et ça été un match très chaudement disputé.»

La LINO n’a pas encore participé à des tournois à l’extérieur de la région. «C’est un rêve qu’on a, mais qui n’est pas facile à réaliser avec tous les horaires de tous les gens, mais c’est sûr qu’un jour j’aimerais ça,» dit M. Marcoux. Cependant, il a confiance en ses joueurs et leurs capacités. «Je suis convaincu que si tu prenais les meilleurs joueurs de la LINO, puis tu allais jouer un tournoi ailleurs, ils vont faire bonne figure. Ils ne vont pas gagner,» lance-t-il en riant, puis il se rattrape «bien non, excuse, ils ne vont pas gagner le championnat national, c’est ça je que devrais dire. Ils vont gagner des matchs, ça c’est sûr.»

Pour le moment, les membres de la LINO se contentent de pouvoir jouer devant une bonne foule locale, et se sentent choyés d’avoir un local où se produire, dans la salle des Chevaliers de Colomb à Sturgeon Falls, généreusement offerte sans frais. Chaque saison, la ligue trouve des commanditaires afin que les soirées d’impro restent gratuites pour les spectateurs. «Ça a toujours été important pour nous que ça soit gratuit, puis ouvert à tous. Si les jeunes du secondaire veulent aller voir un show en français, si les gens veulent emmener leur famille voir un spectacle en français, on offre ça peur eux, puis c’est gratuit et je n’envisage aucun changement. Cela dit, on est vraiment reconnaissants envers nos commanditaires qui nous appuient chaque année pour faire certain que ça reste gratuit,» exprime M. Marcoux. Il ajoute que ce soutien est «absolument primordial à ce que la LINO puisse continuer à exister.»

La fin de cette 15e saison de la LINO approche vite. «La saison se déroule très bien. On a 4 équipes super bien équilibrées. (…) Les demi-finales se passent le samedi 23 mars, et ensuite les finales [auront lieu] au mois de mai. C’est une soirée de rires garantis, puis ça ne coute absolument rien pour y aller. Donc, si vous cherchez une dose de francophonie, si vous cherchez juste du divertissement en soirée, c’est le samedi 23 mars chez les Chevaliers de Colomb. Ne manquez pas ça, ça va être excellent,» promet M. Marcoux.

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Photos :

LINO1 : Deux équipes de la Ligue d’improvisation du Nord de l’Ontario s’apprêtent à s’affronter devant de nombreux spectateurs qui remplissent la salle des Chevaliers de Colomb à Sturgeon Falls.

LINO2 : Fondateur et administrateur de la LINO, Stéphane Marcoux, lors d’une improvisation avec son équipe.

Crédit photos : Christian Gammon-Roy

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  • Date de création 16 février, 2024
  • Dernière mise à jour 16 février, 2024
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