La langue française est-elle en déclin en Nouvelle-Écosse ?

Bien que le nombre de personnes pouvant converser en français augmente chaque année en Nouvelle-Écosse, on constate aussi une baisse de la population dont le français est la première langue parlée. Sommes-nous donc confrontés à un « déclin » linguistique ? Voici les plus récentes données de Statistique Canada sur l’état de la langue française.

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

La part de la population capable de soutenir une conversation en français est passée de 76 465 en 1991 à 95 380 en 2021, ce qui équivaut à une hausse de 24,7 %.

Cependant, en isolant les locuteurs unilingues, on remarque une croissance du nombre de personnes bilingues et une baisse constante du pourcentage de Néo-Écossais parlant seulement le français.

Statistique Canada attribue cette tendance à l’augmentation du bilinguisme parmi les personnes dont la première langue apprise est l’anglais. En 1991, 39 435 résidents de la Nouvelle-Écosse étaient en mesure de soutenir une conversation en français. Trois décennies plus tard, ce nombre a augmenté de 23 510 pour atteindre 62 945.

Les municipalités avec la plus grande proportion de personnes connaissant le français sont Richmond et l’Isle Madame (56 %), Argyle (57,2 %) et Clare (69,6 %). Il faut souligner également la capitale, Halifax, où 53 755 personnes peuvent converser en français, soit plus de la moitié des résidents au niveau provincial.

Dans 38 des 84 municipalités de la province, moins de 5 % des résidents pouvaient soutenir une conversation dans cette langue en 2021.

La langue de choix

Lors du dernier recensement, 26 775 Néo-Écossais ont indiqué que le français était leur première langue officielle parlée, une baisse de 8 695 depuis 1991.

D’après les données de Statistique Canada, le nombre de personnes ayant seulement le français comme première langue a diminué progressivement depuis les 30 dernières années, tandis que la proportion de la population dont les deux langues officielles sont fréquemment utilisées est en croissance.

En 2021, 2 325 personnes ont affirmé avoir le français et l’anglais comme première langue, soit une augmentation de 6 % comparativement à 2016.

Quelque 830 personnes avaient le français et l’anglais comme premières langues officielles parlées en 1991.

Chez les immigrants installés en Nouvelle-Écosse, plus de deux tiers d’entre eux dont le français est la langue officielle dominante habitent dans la région de la capitale.

À la maison

Le nombre de gens ayant comme langue maternelle le français ainsi que d’autres langues a presque doublé entre 2016 et 2021, allant de 3 880 à 7 330.

En 2021, il y avait 27 345 personnes pour qui le français était la seule langue maternelle, ce qui représente une diminution de 2 120 par rapport au recensement précédent.

Pour ce qui est de la population dont le français est présent à la maison, 28 635 résidents parlaient « régulièrement » la langue et 12 680 le parlaient « de façon prédominante ». Pour 2 940 personnes, la langue de Molière était «  à égalité avec d’autres langues ».

Les données démontrent également que la majorité des couples au sein de la communauté sont exogames. « Chez les personnes mariées et les conjoints de fait ayant le français comme l’une de leurs langues maternelles, près de deux personnes sur cinq étaient en couple avec une autre personne de langue maternelle française », peut-on lire dans le feuillet d’information de Statistique Canada.

Comme pour la langue maternelle, il y a une décroissance du nombre de personnes qui font de la place au français à domicile, mais le pourcentage de gens qui parlent plus d’une langue chez soi augmente graduellement.

Quelque 9 025 personnes n’ayant pas le français comme langue maternelle, en grande partie des anglophones, parlent cette langue de façon secondaire à la maison.

Instruction en français

Selon les critères prévus par la Charte canadienne des droits et libertés, 10 % des enfants de moins de 18 ans sont admissibles à l’éducation en français, ce qui représente 16 800 jeunes.

Notons que le Conseil scolaire acadien provincial compte plus de 6 500 élèves dans son réseau et a annoncé en novembre 2022 qu’il modernisera ses critères d'admissibilités pour accueillir plus d’élèves, notamment les francophiles.

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  • Date de création 31 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 4 avril, 2023
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