La fin du plastique à usage unique?

C’est dans la Gazette du Canada, journal officiel du gouvernement fédéral, que le Règlement interdisant les plastiques à usage unique (RIPUU) a été publié le 25 décembre 2021. Ce dernier interdira ainsi la fabrication, l’importation et la vente de ces produits au pays. Une mesure qui réjouit les défenseurs de la cause environnementale, mais qui peut être un enjeu supplémentaire pour les commerçants.

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Chloé Liberge

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Cuillères, fourchettes, sacs, bâtonnets à mélanger, tous ces articles en plastique destinés à un usage éphémère sont censés quitter bientôt les étagères des magasins, mais aussi des restaurants et autres établissements qui les utilisent.

L’entrée en vigueur de cette réglementation fédérale est fixée au 20 décembre 2022 pour la fabrication et l’importation destinée à la vente au Canada. Quant aux marchands, ils devront arrêter la vente de ces produits un an plus tard.

Une nouvelle qui réjouit le Recycling Council of Alberta (RCA). Instauré en 1987, le RCA tente de réduire les déchets de la province en promouvant une économie circulaire. Un credo qui a besoin d’appui. La Franco-Albertaine Tessa Hill, coordonnatrice de projets du RCA, appuie le RIPUU. «C’est une bonne chose, car les produits comme ça ne devraient pas avoir été créés dès le départ.»

La population albertaine a des efforts à faire

L’Alberta était la seule province, d’après les chiffres de 2016 de Statistique Canada, à produire plus d’une tonne de déchets par an et par habitant. Cette année-là, elle comptait environ quatre millions d’habitants. Un chiffre similaire à sa voisine, la Colombie-Britannique, sauf que ces habitants ont produit moitié moins de déchets.

Au total, en 2016, sur les 25 millions de tonnes de déchets éliminés au Canada, chiffre vertigineux, quatre millions étaient produits par la population albertaine. Un chiffre impressionnant lorsqu’on le compare à ceux du Québec (8 millions d'habitants pour 5 millions de tonnes de déchets) et de l’Ontario (14 millions d'habitants pour 9 millions de tonnes de déchets).

Parmi les statistiques pour l’Alberta, 24% de ces déchets sont des déchets résidentiels. Le reste est surtout dû aux entreprises. C’est pourquoi le RCA travaille avec de nombreux organismes industriels. Tessa Brie Hill informe, «on a des webinaires et de nombreux projets pour aider les organisations à réduire les déchets dans leur travail ou dans leur municipalité».

Les balbutiements d’une économie circulaire

En opposition à l’économie linéaire où les matériaux sont produits et jetés à la poubelle lorsqu’ils n’ont plus d’utilité, l’économie circulaire garde les ressources en circulation.

Prenons l’exemple d’un sac d'emplettes. Si celui-ci est composé de plastique, il ne sera utilisé que quelques fois et finira généralement dans les ordures ou dans la nature avec les effets indésirables que l’on connait pour la faune et la flore.

Il mettra des centaines d’années à se décomposer, laissant des microparticules de plastique dans l’atmosphère, mais aussi dans les nappes phréatiques. Si celui-ci est en tissu, il sera réutilisable à volonté et sera conçu d’une matière souvent recyclable.

Ainsi, ce dernier modèle devrait avoir un énorme impact sur notre façon de consommer si les gouvernements provinciaux emboîtent le pas des nouvelles directives fédérales. En attendant, de nombreux organismes mettent des projets en place.

Dans le cadre de son projet Circular Communities (communautés circulaires), le RCA collabore avec plusieurs villes albertaines, telles que Lethbridge, Calgary, Banff, Edmonton et le comté de Strathcona. Leur ambition est simple : développer l’économie circulaire par le biais de nombreuses initiatives.

Cela commence par la ville de Banff. Alors que beaucoup d'habitants ne sont que de passage pour travailler que quelques mois, la municipalité s’est associée à sa bibliothèque pour créer un programme de prêt de matériel.

Avec cette Library of Things, de nombreux articles très peu utilisés sont mis à disposition des habitants de Banff et de Lake Louise. Tessa Hill révèle, «beaucoup de personnes achetaient des choses, les utilisaient puis quand elles partaient, cela créait beaucoup de déchets». Ainsi, grâce à cette initiative, chacun peut emprunter du matériel quand il le souhaite et le redonner lors de son départ.

Une nouvelle loi qui peut s’avérer être un casse-tête pour les commerçants

C’est justement en partie pour combattre ce gaspillage que le RIPUU entrera sous peu en vigueur. Pourtant, certaines boutiques albertaines n'ont pas attendu ce nouveau règlement pour mettre en place des solutions concrètes.

À La French Taste, pâtisserie située à Edmonton, les papiers en plastique commencent à disparaître petit à petit. Anthony Cucchiara, copropriétaire, témoigne, «on utilise que du papier kraft pour emballer nos produits, on met un tampon dessus avec le logo et le numéro de la société pour personnaliser le paquet et on donne aux clients». Fabriqué à base de bois, ce matériau est biodégradable et nécessite moins de ressources qu’un papier traditionnel.

Pourtant, lors d’évènements ou de marchés, la pâtisserie présente ses viennoiseries dans des sacs en plastique fins. Ce Français installé en Alberta depuis plusieurs années aimerait changer cette façon de faire. «On a pour idée d’acheter des boîtes transparentes assez larges qui permettent de mettre nos produits à l’intérieur afin que le client puisse les voir.»

Bien entendu, ce nouvel investissement représente un coût supplémentaire pour l’entreprise. Mais cela ne fait pas peur à Anthony Cucchiara. Comparés aux sacs plastiques qu’il faut racheter plusieurs fois, ces bacs transparents pour la présentation de ses pâtisseries ne seront qu’à payer qu'une seule fois.

Fini l’économie linéaire! L'entrepreneur certifie, «dans la boutique, on essaie de tout faire en matières recyclées, car pour moi, s’il y a trop de plastique, cela n’a pas de sens».

Une cause environnementale qui tient à cœur

Pour Anthony Cucchiara, il est nécessaire de préserver la planète. Et cela passe par ces petits gestes, comme la fin du plastique à usage unique. Pour l’entrepreneur, cette mesure ne lui fait pas peur puisqu’il ne propose déjà aucun couvert ou paille en plastique. «C’est le moins que l’on puisse faire étant donné qu’on la [planète] pollue déjà assez», confesse-t-il.

Une philosophie que partage également Tessa Hill. À 25 ans, elle souhaite s’investir, «je pense que le réchauffement climatique va avoir un impact sur notre génération et je veux aider en faisant quelque chose pour la société».

Face à ce nouveau règlement, la coordonnatrice de projets du RCA se dit favorable à l’arrêt de la production des articles en plastique à usage unique. «On devrait réfléchir à ce qu’on achète, car si tu n’achètes pas ces choses, elles ne seront pas produites», soutient-elle.

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Le Recycling Council of Alberta (RCA) est un organisme sans but lucratif qui puise ses sources de financement dans les cotisations de ses membres et de ses différents projets. Pour en savoir plus : recycle.ab.ca

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Le Règlement interdisant les plastiques à usage unique s’applique aux ustensiles, récipients alimentaires ou pailles en plastique. Cliquez ici pour voir la liste des produits dont la production sera interdite à partir du 20 décembre 2022 : canada.ca

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Journal officiel du gouvernement du Canada, la Gazette du Canada est composée de trois parties : 1- avis publics et nominations officielles, 2- règlements et décrets officiels et 3- lois du Parlement. Pour en apprendre plus ou pour faire une recherche : gazette.gc.ca

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  • Nombre de fichiers 5
  • Date de création 12 septembre, 2022
  • Dernière mise à jour 12 septembre, 2022
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