La déqualiflation dans l’assiette

La fameuse tartinade au fromage Cheese Whiz n’a plus le même goût qu’avant ou même la garniture de tarte à la citrouille d'E.D. Smith. Les ingrédients d’un aliment peuvent être modifiés subtilement pour répondre à différents besoins économiques, mais aussi réglementaire. Ce phénomène nommé « déqualiflation » implique aussi bien des avantages que des désavantages.

 

Pascale de Montigny Gauthier

IJL – Réseau.Presse – Agricom

« C’est le changement de recette. C’est l’introduction d’un nouvel ingrédient, une amplification possible d’un ingrédient qui coûte moins cher pour changer l’intégrité nutritionnelle d’un produit alimentaire comme tel », explique Sylvain Charlebois, professeur titulaire à la Faculté en management et en agriculture de l’Université Dalhousie à Halifax et directeur scientifique du Laboratoire de science analytique en agroalimentaire. « Ça arrive de plus en plus souvent. Par exemple, on va augmenter la teneur d’eau  afin de réduire le nombre de calories. Souvent c’est pour réduire les coûts, mais il y aussi une composante réglementaire. Les entreprises peuvent vouloir suivre de nouveaux règlements et changer la composition d’un produit. »

« Les entreprises font des efforts de reformulation pour rendre les produits plus attrayants pour des groupes démographiques spécifiques. Cela peut impliquer des modifications intentionnelles de parfums, de compte de calories, de niveau de sodium, de teneur en matières grasses, voire de teneur en sucre », poursuit Sylvain Charlebois.

« Cela peut avoir des impacts au niveau de la santé, spécialement lorsque le taux nutritionnel est réduit ou s’il y a présence d’additifs malsains qui sont ajoutés comme substituts », explique Veronica Rouse, diététicienne et nutritionniste spécialisée en santé cardiaque à Ottawa.

« Les aliments les plus touchés sont ceux qui sont transformés tels que les plats prêt-à-manger et les collations, car il est plus facile d’apporter des changements subtils sans que le consommateur s’en rende immédiatement compte », ajoute Veronica Rouse. « Les entreprises peuvent être motivées envers la déqualiflation afin de maintenir ou augmenter leur profits face à la hausse actuelle des coûts des aliments.»

« Afin de minimiser les carences nutritionnelles, je recommande toujours de prioriser les aliments frais aux aliments transformés dans une diète », poursuit Veronica Rouse. « Les aliments transformés ont souvent une teneur très élevée en sucre, en gras et en sodium. En consommant une bonne variété de fruits et de légumes, des grains entiers, des protéines maigres et des gras sains, il est assuré que vous obtiendrez une quantité suffisante de nutriments. Advenant que vous consommiez tout de même des aliments transformés, assurez-vous de bien lire les étiquettes et de choisir des aliments avec peu d’additif avec un taux nutritionnel élevé. »

« Les motivations derrière ces ajustements sont variées », affirme Sylvain Charlebois. « Bien que le terme «déqualiflation» puisse laisser entendre une dégradation délibérée de la qualité et de la valeur nutritionnelle pour réduire les coûts, la réalité est plus complexe.»

L’importance n’est pas de chercher à comprendre cette réalité complexe, puisqu’il est possible, grâce aux aliments non transformés et aux bonnes connaissances de la lecture des étiquettes alimentaires, d'avoir une alimentation saine et équilibrée.

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Légende photo 1 : Veronica Rouse, diététicienne et nutritionniste spécialisée en santé cardiaque.

Légende photo 2 : Sylvain Charlebois, professeur titulaire à la Faculté en management et en agriculture de l’Université Dalhousie à Halifax ainsi que directeur scientifique du Laboratoire de science analytiques en agroalimentaire à l’Université Dalhousie

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  • Date de création 19 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 19 septembre, 2023
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