La baisse de l’inflation ne profite pas aux Prince-Édouardiens

À l’Île-du-Prince-Édouard, l’inflation poursuit sa baisse sur un an et chute sous le seuil de 1%. Les Prince-Édouardiens n’en ressentent pas encore les bénéfices quand ils paient leur loyer ou font leur épicerie. Le ralentissement est principalement dû à un recul des prix de l’énergie.

 

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Marine Ernoult 

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

Depuis le mois de mai, l’Île-du-Prince-Édouard peut se targuer d’avoir le taux d’inflation le plus bas du pays. Il a chuté sous le seuil de 1% selon les plus récentes données publiées par Statistique Canada.

En mars dernier, le taux d’inflation est tombé sous la moyenne nationale pour la première fois depuis janvier 2021. D’avril à mai, le taux annuel a chuté de trois points de pourcentage pour tomber à 0,7 %. Le taux national était alors de 3,4 %.

Pourtant, les consommateurs de l’Île ne semblent pas ressentir cette baisse dans leur porte-feuille.

«Les prix n’ont pas augmenté aussi rapidement cette année parce qu’ils étaient comparés à des prix déjà élevés un an plus tôt, explique James Sentance, professeur d’économie à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. Mais dans l’absolu ils restent très élevés par rapport à ce qu’ils étaient il y a quelques années.»

L’économiste rappelle que la province a souffert du taux d’inflation le plus élevé au Canada pendant les deux ans de la pandémie.

Le mazout, un arbre qui cache la forêt

Une grande partie du reflux actuel est dû à un repli du prix du mazout qui a perdu 42 % en juin par rapport à l’année dernière.

Le mazout joue un rôle particulièrement important dans l’indice des prix à la consommation de l’Î.-P.-É., car les habitants comptent plus que les autres Canadiens sur cette source d’énergie pour se chauffer.

«L’été, les gens ne dépensent pas beaucoup d’argent pour remplir leur cuve à mazout. Cet aspect saisonnier n’est pas pris en compte par Statistique Canada», observe James Sentance.

Dans le même temps, les coûts des produits alimentaires et des loyers continuent à grimper. En juin, faire son épicerie coûtait 8,1 % de plus qu’un an auparavant. Un chiffre qui correspond à peu près à la moyenne nationale.

«L’indice des prix à la consommation de Statistique Canada est une moyenne, la baisse des prix de l’énergie masque la hausse des coûts des autres produits, notamment dans le secteur alimentaire», résume James Sentance.

Hausse des salaires en ligne de mire

Le coût de la possession d’une maison a par ailleurs augmenté de 5,35 % en juin, à cause de la hausse des taux d’intérêt des prêts hypothécaires.

«Il y a un grand risque pour que la Banque du Canada augmente à nouveau ses taux directeurs dans les mois qui viennent, prévient James Sentance. Elle veut garder le contrôle de la situation et éviter un emballement des salaires.»

Les hausses de salaire sont en effet considérées comme des coûts supplémentaires pour les entreprises, qui répercutent ensuite ces coûts aux consommateurs, lesquels doivent alors payer leurs biens et leurs services plus cher.

James Sentance est également persuadé que le taux d’inflation va remonter dans les mois à venir : «Les mesures de base de l’inflation, qui éliminent les produits dont les prix sont volatils comme le mazout, n’ont pas beaucoup diminué ces derniers mois ; c’est un signe.»  

 

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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)

James Sentance est professeur d’économie à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. (Photo : Gracieuseté)

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  • Date de création 30 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 30 juillet, 2023
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