Jardinage : planter des espèces indigènes

Pour freiner le déclin sans précédent de la nature, les Insulaires disposent d’un atout maître : leurs jardins. À la campagne comme en ville, ils peuvent se muer en réserves de biodiversité, à condition de choisir des espèces indigènes adaptées au sol et au climat.

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Marine Ernoult

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

«Avec les fleurs indigènes, vous n’aurez pas un jardin parfaitement manucuré avec des plantes identiques comme des clones, vous obtiendrez une sorte de joyeux chaos magnifique avec une floraison étalée dans l’année», sourit Gary Schneider.

Le fondateur du projet de foresterie écologique de Macphail Woods, à Vernon Bridge, encourage les jardiniers amateurs de l’Île-du-Prince-Édouard à planter des espèces indigènes.

«Elles sont à la base de nos écosystèmes locaux, elles poussent naturellement dans la province depuis plus de 1000 ans», explique l’éducateur environnemental.

Il cite pêle-mêle l’asclépiade des marais, l’échinacée, l’eupatorium purpureum, communément appelée l’herbe violette Joe-Pye, l’aronia, le rosier de Virginie, la boneset, l’anémone du Canada ou encore la violette jaune.

Des plantes plus résilientes

«Ces fleurs sauvages favorisent la biodiversité, une grande diversité d’insectes pollinisateurs et d’oiseaux les adore, insiste Gary Schneider. Un réseau complexe se tisse entre elles et une faune très riche s’y installe.»

L’asclépiade est par exemple la seule plante sur laquelle les papillons monarques pondent leurs œufs. Elle nourrit également leurs larves et leurs chenilles, qui deviennent des papillons plus tard. Sans asclépiades, il ne peut pas y avoir de monarques.

Les plantes indigènes sont également plus résilientes. «Elles sont habituées au climat que nous avons depuis des millénaires et sont assez faciles à cultiver», affirme Gary Schneider.

«La clé de la réussite c’est de planter chaque espèce à la bonne place, il ne faut pas mettre dans son jardin une fleur qui pousse dans des tourbières humides», ajoute le spécialiste.

Aux yeux de l’écologiste, créer des espaces verts pour les insectes pollinisateurs est d’autant plus important sur une île agricole.

«Les insectes sont indispensables à l’agriculture et à la diversité de notre alimentation, ils transportent le pollen nécessaire à la fécondation d’une plante à l’autre», relève-t-il.

Récolter des graines en forêt

Gary Schneider est persuadé que le regard sur les plantes indigènes est en train de changer : «Quand j’ai commencé le projet de Macphail Woods il y a 32 ans, le public les voyait comme de mauvaises herbes envahissantes. Aujourd’hui, de plus en plus de monde veut en planter.»

«Lorsque les gens réalisent à quel point elles sont belles, ils commencent à apprécier davantage la nature, à mieux prendre soin de leurs terres, de leurs forêts et de leurs jardins», poursuit-il.

Face à la difficulté de trouver des végétaux indigènes dans les jardineries, Gary Schneider invite les insulaires à se tourner vers les champs et les forêts autour de chez eux.

«On peut récolter des graines dans de nombreux endroits, il faut juste être prudent et ne pas trop en prendre pour que les plantes repoussent les années suivantes», précise-t-il.

Une pépinière de plantes indigènes a également été mise sur pied dans le cadre du projet de foresterie écologique de Macphail Woods. Plus de 130 espèces d’arbres, d’arbustes, de fleurs sauvages et de fougères y sont cultivées.

 

 

 

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Photos

 

L’asclépiade des marais est essentielle à la survie du papillon monarque.  (Photo : Marine Ernoult)

 

Gary Schneider est fondateur du projet de foresterie écologique de Macphail Woods.  (Photo : Gracieuseté)

 

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  • Date de création 8 août, 2023
  • Dernière mise à jour 8 août, 2023
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