Itinérance à Moncton : l'APRC consulte la population et les intervenants

L’Autorité policière régionale de Codiac a tenu sa première réunion publique de l’année le 9 février. Le défenseur des sans-abri de Moncton y a fait part de sa préoccupation dans la perspective de la fermeture de deux refuges au printemps prochain.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

L’Autorité policière régionale de Codiac (APRC), organisme de gouvernance civile du Service régional de Codiac de la GRC, examine de près les problématiques entourant l’explosion de l’itinérance dans le Grand Moncton. Le conseil d’administration a invité un intervenant communautaire à prendre la parole lors de la première réunion publique ordinaire de l’année 2023, jeudi dernier à l’hôtel de ville de Moncton.

Directeur du programme Reconnect du YMCA, Trevor Goodwin a exprimé sa crainte de voir une nouvelle crise survenir dans quelques mois lorsque des sans domicile fixe quitteront les deux refuges temporaires dont la fermeture est planifiée. Les deux principaux refuges de la ville, Harvest House et la Maison Nazareth, sont quant à eux réputés être complets la plupart des nuits.

Un abri d'urgence contre le froid a été mis en place en décembre au centre communautaire des Lions de la rue St. George. George. Il est géré par The Humanity Project, sous contrat avec le gouvernement provincial, et accueille 80 à 100 personnes chaque nuit. L’autre structure qui devrait fermer ses portes fin avril à l’expiration du contrat avec la province est un refuge se trouve au Club des Lions sur l'avenue Mark. Ce dernier est géré par le programme Reconnect du YMCA et peut accueillir 60 personnes.

M. Goodwin a déclaré qu'il était absolument nécessaire de continuer à soutenir la population itinérante. Il avance que si la plupart des sans domicile fixe ont cherché un abri cet hiver, il y en a encore 35 à 50 qui vivent dans leurs propres campements isolés, loin du centre-ville.

« Pour certaines de ces personnes, il est préférable qu'elles soient éloignées des gens et des drogues, pour leur propre santé mentale », a-t-il déclaré. (1)

Trevor Goodwin a suggéré que Moncton devrait avoir un centre d'accueil centralisé où les gens pourraient se mettre à l'abri des intempéries et demander de l'aide aux divers services offerts par les programmes gouvernementaux pour les sans-abri, la toxicomanie et les problèmes de santé mentale.

« Être sans-abri n’est pas un crime »

Le surintendant Benoit Jolette, officier responsable par intérim du Service régional de Codiac de la GRC, pense également que l’ouverture d’un centre d’accueil pourrait aider la police à faire face à ses obligations. Le chef du détachement a affirmé que ses équipes consacraient beaucoup de leur temps aux problèmes connexes à l’itinérance. Il a déclaré que certains jours, quatre agents passent tout leur quart de travail à s’occuper de tels problèmes alors qu’ils pourraient travailler sur d’autres dossiers.

« Chaque jour, nous recevons 10, 20 ou 40 appels de service concernant l'un des refuges ou des personnes qui vivent dans la rue à Moncton, dit le surintendant. Les appels vont de plaintes concernant des personnes qui campent sur des propriétés privées et/ou publiques à la consommation de drogues, aux vols et aux agressions. »

Le président de l’APRC, Don Moore, précise que les policiers n’ont pas vocation à être les gardiens de sécurité des refuges. Cependant, lorsqu’un délit s’y produit, la GRC de Codiac est appelée à gérer la situation.

« Le fait d'être sans-abri n'est pas un crime, dit-il, mais il y a des crimes associés au fait d'être sans-abri et la police veut toujours s'assurer qu'elle surveille la situation et s'occupe des choses du point de vue de la sûreté et de la sécurité. »

Augmenter les effectifs de la police

L'an dernier, une série de réunions publiques a été organisée pour donner aux habitants de la ville la possibilité de s'exprimer sur leurs frustrations concernant l’itinérance, la consommation de drogues en plein air, les infractions contre les biens et les délits contre les personnes. Après ces réunions, l'APRC a mené sa propre enquête auprès de divers groupes et a conclu que la ville en pleine expansion avait besoin de plus d'officiers de police. La ville de Moncton effectue une étude sans rapport avec les besoins futurs de la ville en matière de services de police.

Quatre agents payés par la province ont déjà été ajoutés au service de la GRC de Codiac, et cinq agents supplémentaires seront embauchés cette année. L'APRC est en train d'élaborer une série d'indicateurs de rendement clés qui permettront de mesurer de quelle façon l'augmentation des effectifs se traduit par une réduction de la criminalité. M. Moore a précisé que ces indicateurs sont encore en cours d'établissement. Dans les semaines à venir, il fera des présentations aux villes de Moncton, Dieppe et Riverview qui ont chacune des représentants au sein du conseil d’administration de l’APRC.

L’Autorité policière régionale de Codiac invite la population à assister à ses réunions publiques. Tout citoyen qui souhaite y prendre la parole dispose d’un temps de cinq minutes pour s’adresser au conseil d’administration. Les membres du public qui veulent faire une présentation à l’aide d’un PowerPoint doivent l’adresser au conseil deux semaines avant la date pour permettre aux membres d’en prendre connaissance du contenu. La prochaine réunion aura lieu jeudi 20 avril à 18h à l’hôtel de ville de Dieppe.

  • Toutes les personnes citées dans cet article et qui ont pris la parole lors de la réunion publique l’ont fait en anglais. Le Moniteur Acadien a traduit leurs propos.

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Photo

Titre : Goodwin

Légende : Devant le conseil d’administration de l’APRC, Trevor Goodwin a exprimé son appréhension devant la fermeture programmée de deux refuges temporaires.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 18 février, 2023
  • Dernière mise à jour 18 février, 2023
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