Intervenir autrement auprès des victimes d’opioïdes à Cornwall

La confiance des utilisateurs de substances illicites envers les institutions publiques s’est beaucoup fractionnée au fil du temps.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Les services d’urgence vont maintenant aller à leur rencontre, avant d’attendre un appel de détresse.

Le fléau de la consommation d’opioïdes s’est accentué dans les dernières années à Cornwall. Elle est la ville qui compte le plus grand nombre de victimes de surdoses dans l’Est ontarien. Les visites à l’urgence de l’Hôpital communautaire de Cornwall (HCC) pour empoisonnement aux opioïdes ont grimpé de 86% de 2020 à 2022. Les services paramédicaux de Cornwall-SDG ont en plus répondu à 143 appels reliés aux intoxications à ces substances en 2022, soit une hausse de 170% par rapport à 2020. Ajoutez à cela 17 personnes qui sont décédées d’une surdose d’opioïdes à Cornwall en 2022, confirme le Bureau du coroner en chef de l’Ontario.

Pour faire face à ce problème criant, les différents partenaires se réunissent pour aller directement à la rencontre des victimes afin de rétablir une confiance et de connaître leurs préoccupations.

Cette vingtaine de partenaires communautaires du réseau de la santé, des services sociaux, de l’éducation et des autorités de Cornwall, de Stormont, Dundas et Glengarry et d’Akwesasne, inclut le Bureau de santé de l’est de l’Ontario (BSEO), l’HCC, Recovery Care, Change Health Care et les corps policiers.

La première étape de cette Stratégie santé sur l’usage de substances (SSUS) consiste à aller sur le terrain pour rencontrer les personnes aux prises avec une dépendance pour connaître leurs inquiétudes par l’entremise d’un sondage.

«On veut autant l’avis des personnes qui consomment ces substances, leurs proches et les gens qui ont consommé dans le passé, énumère le gestionnaire de prévention d’utilisation de substances au BSEO, Nikolas Hotte. Ils vont nous pointer les lacunes dans le système, leurs inquiétudes, ce qui fonctionne bien.»

L’avis des victimes est primordial pour leur venir en aide et leur offrir les ressources nécessaires. «On a une idée de ce qui ne fonctionne pas, mais on doit travailler avec ces gens-là pour voir si nos idées correspondent, ajoute M. Hotte. C’est crucial d’avoir leur avis, sinon on peut manquer la cible.»

Briser la stigmatisation

La préoccupation des personnes aux prises avec des dépendances est souvent l’attente. Ils ont besoin de l’aide immédiate, surtout en santé mentale. La SSUS est au courant de la problématique et veut s’assurer que les personnes consultent les bons services associés à leurs problèmes.

Comme actions immédiates pour améliorer les services, le groupe de partenaire veut accentuer la distribution de trousse de naloxone et faire plus de promotion des services de Recovery Care, qui rencontre directement les toxicomanes.

Afin de réduire la stigmatisation qui est encore très forte chez les gens aux prises avec des dépendances, la SSUS met l’accent sur l’écoute de leurs histoires.

«Ça prend beaucoup d’effort et de temps de conversation pour réduire la stigmatisation qui perdure [envers les autorités et les services hospitaliers], avoue Nikolas Hotte. Le langage qu’on utilise est très important. Le plus important est d’écouter les gens et de les laisser nous compter leur histoire. Ça prend un rétablissement de confiance entre les acteurs de la communauté. Il y a eu beaucoup de stigmatisation dans le passé, alors les gens ont peur d’aller chercher des services.»

Il ajoute la primordialité des services de santé mentale dans le processus. «Dès qu’on parle de toxicomanie, on parle de santé mentale, c’est inévitable. Tout part de notre tête.»

Les personnes concernées sont invitées à répondre au sondage en ligne, qui prendra fin le 31 juillet.

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Melanie Astle (Charles Fontaine, Le Droit)

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  • Date de création 20 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 20 juin, 2023
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