Instruction dans une langue officielle minoritaire : le Yukon se démarque

Après le Québec et le Nouveau-Brunswick, c’est au Yukon que l’on compte le plus grand pourcentage d’enfants admissibles à l’éducation dans la langue officielle minoritaire, révèlent les données de Statistique Canada. C’est sur ces chiffres que s’appuient les commissions scolaires, notamment, pour faire valoir davantage de besoins de financement.

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Laurie Trottier

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

Pour la première fois, Statistique Canada a recueilli des données sur l’instruction en français en milieu minoritaire, pour tenter de peindre un portrait un peu plus représentatif de la situation.

En 2021, au Yukon, 810 enfants âgés de 5 à 17 ans étaient admissibles à l’instruction dans une langue officielle minoritaire, dans ce cas-ci le français. Parmi eux, 575 élèves (71 %) ont, au cours de leur parcours scolaire, déjà fréquenté ou fréquentent une école francophone au territoire.

Tous ne restent pas forcément dans le réseau de français langue première pour l’entièreté leur scolarisation. Selon le rapport annuel de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), en 2021, 339 élèves étaient inscrit·e·s à un des trois établissements scolaires de français langue première, à savoir l’École Émilie-Tremblay, le Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile-Mercier et l’École Nomade.

Jean-Sébastien Blais, président de la CSFY, estime que ces chiffres montrent toutefois « une forte réponse des élèves admissibles » aux programmes mis en place.

À noter que pour cette étude, Statistique Canada s’est basé sur les critères d’admissibilité figurant à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Or, au Yukon, des élèves intègrent également les écoles de la CSFY selon d’autres critères, comme celui concernant l’immigration. Selon ce critère, des élèves dont les parents (ou les frères ou les sœurs) auraient été admissibles aux écoles francophones s’ils étaient citoyens canadiens peuvent recevoir la permission d’intégrer une institution de la CSFY.

Le nombre d’élèves admissibles à l’instruction dans la langue officielle minoritaire au Yukon pourrait donc s’avérer plus grand que ne le laissent présager les résultats de Statistique Canada.

Les données, un outil politique

Peu importe la précision de ces données, les commissions scolaires en milieu minoritaire peuvent les utiliser pour expliquer aux différents paliers gouvernementaux la nécessité d’investir dans la francophonie. « Ça nous donne des chiffres probants, qui ont une crédibilité. Ça nous permet d’amorcer des discussions sur les infrastructures à mettre en place. […] Sans données, ces discussions ne vont nulle part », affirme ainsi Jean-Sébastien Blais.

Cette collecte de données aide aussi les commissions scolaires à planifier le développement de nouvelles écoles, programmes ou services.

« Ces données seront aussi très utiles aux représentants de communautés de langue officielle en situation minoritaire et aux personnes intéressées aux besoins éducatifs des enfants de leur collectivité, tout particulièrement ceux des enfants de la minorité de langue officielle », souligne Statistique Canada dans son rapport.

Charmer les enfants admissibles

Selon Jean-Sébastien Blais, ces données, combinées au nombre d’élèves qui fréquentent un programme d’immersion en français dans une école anglophone, prouvent qu’il y a un intérêt pour la langue de Molière. Statistique Canada relève d’ailleurs qu’un enfant sur huit, soit 12,5 % des élèves admissibles à une éducation en français à travers le Canada hors Québec, fréquente un programme d’immersion en français au sein d’une école anglaise.

D’où l’intérêt, selon le président de la CSFY, de travailler sur la fierté et la valeur ajoutée d’un diplôme de français langue première, pour convaincre ces élèves et leurs parents de faire le saut : « Une école d’immersion, tu apprends le français. Mais dans un programme de français langue première, tu vis le français ». La CSFY fait également valoir le fait que ses élèves obtiennent, en fin de parcours, un diplôme bilingue, et non pas unilingue francophone.

D’autres données à venir

Au pays, quelque 10,5 % des enfants sont admissibles à une instruction en français en milieu minoritaire. « La croissance soutenue des inscriptions aux programmes réguliers d’enseignement en français observée au Canada hors Québec dans les années 2010 s’explique par les effets conjugués de l’offre et de la demande, notamment l’immigration et la construction de nouvelles écoles au fil des ans », cite le rapport, publié le 30 novembre dernier.

Il faudra attendre 2024 pour avoir des données de Statistique Canada sur les raisons expliquant le choix des parents d’envoyer leurs enfants dans une école francophone.

D’après des informations de Francopresse

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Crédit : Statistique Canada.

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  • Date de création 23 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 21 décembre, 2022
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