Insécurité alimentaire au Yukon : les banques alimentaires sont une solution provisoire

De plus en plus de personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Canada, particulièrement dans les territoires nordiques. Pour pallier ce problème, plusieurs mesures sont mises en place pour permettre aux communautés d’avoir un meilleur accès à la nourriture.
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Gwendoline Le Bomin - IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

Pour Michelle Watson, les banques alimentaires représentent une solution temporaire. L’augmentation des salaires et des aides supplémentaires seraient une meilleure solution pour vaincre l’insécurité alimentaire.

PHOTO : GWENDOLINE LE BOMIN

En 2020, 15,3 % des ménages au Yukon étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave.

À la banque alimentaire de Whitehorse, David Whiteside, président de United Way et bénévole pour la banque alimentaire, raconte voir de plus en plus de personnes venir chercher des denrées alimentaires. La demande s’est accentuée avec la pandémie, souligne-t-il.

De plus, le francophone rapporte que ces personnes ont des profils différents : « Il y a des gens très pauvres et des gens qui ont un emploi à temps plein, mais qui ont quand même besoin de l’aide pour la nourriture […] Je vois souvent des familles nouvellement immigrées au Yukon. »

Michelle Watson est coordonnatrice au Yukon Energy Food Security Network, un regroupement d’organisations yukonnaises ayant pour but de mettre fin à l’insécurité alimentaire en créant des systèmes alimentaires résilients et adéquats à travers le territoire. Elle rapporte que les personnes issues de la classe ouvrière sont de plus en plus nombreuses à faire appel aux services des banques alimentaires.

Les banques alimentaires : une solution insuffisante

Selon Michelle Watson, « la fourniture d’aliments d’urgence ne résoudra pas l’insécurité alimentaire. Je pense que cela est réellement démontré par le fait que nous continuons à voir des taux croissants de personnes ayant recours à l’aide alimentaire d’urgence au cours des dernières années. »

Elle ajoute que les organisations font face à plusieurs défis. Elles ont en effet vu les coûts de l’alimentation grimper de 24 % entre 2022 et 2023, ce qui représente une augmentation considérable pour une organisation à but non lucratif. En même temps, ces organisations peinent à répondre à une demande croissante, car leurs aides financières n’augmentent pas forcément, déplore Michelle Watson.

Entre 2022 et 2023, la banque alimentaire de Whitehorse a vu une augmentation de la demande de 22 %. Elle a distribué au total 463 491 repas entre octobre 2022 et septembre 2023.

« Je pense que nous devons réévaluer toute la façon dont nous abordons la sécurité alimentaire et la manière dont nous l’atteignons », conclut Michelle Watson.

Elle avance que la création d’un revenu de base, l’augmentation du revenu, ou la création d’aides supplémentaires pour les ménages à faibles revenus seraient des solutions plus solides sur le long terme pour diminuer l’insécurité alimentaire.

De l’aide dans les communautés

Une étude publiée en automne 2023 et menée par les Universités du Yukon et de la Saskatchewan rapporte que les communautés, comme Watson Lake, ont un accès moindre au soutien et qu’il existe également moins de services. Le coût de la vie y est plus élevé et un pourcentage important du revenu des ménages est consacré aux besoins de base.

L’insécurité alimentaire touche jusqu’à 23 % des familles dans les communautés, tandis qu’à Whitehorse, le pourcentage atteint les 13 %.

La banque alimentaire de Whitehorse a récemment changé de nom pour devenir la Food Bank Society of the Yukon, afin de refléter la portée accrue de ses activités.

Puisque les personnes ne pouvaient plus se déplacer à Whitehorse pour aller chercher de la nourriture pendant la pandémie, la banque alimentaire du Yukon distribue désormais de la nourriture dans plusieurs communautés, comme à Haines Junction, Carmacks, Faro, Atlin et Watson Lake.

Michelle Watson précise que l’Association alimentaire de Haines Junction envoie des paniers aussi à plusieurs Premières Nations, à Takhini River, Champagne, Canyon, Haines Junction, Kluane et Beaver Creek.

Solutions au sein des Premières Nations

Le programme Hamper (« panier » en français) permet de fournir des paniers de nourriture à tous les enfants des Premières Nations du Yukon âgés de 0 à 18 ans pendant les vacances scolaires.

Le programme de nutrition promeut également des pratiques alimentaires traditionnelles saines telles que la récolte saisonnière, la conservation et la préparation des repas, peut-on lire sur le site du programme.

Lors des dernières vacances scolaires, 784 paniers ont été distribués à Whitehorse et 689 paniers ont été envoyés dans les autres communautés du Yukon.

Michelle Watson salue le « travail incroyable » de la Direction de l’éducation des Premières Nations du Yukon : « Ils relient les écoles à un financement qui soutient les étudiants des Premières Nations. Ils vont souvent offrir un soutien supplémentaire comme à Haines Junction, par exemple. Ils ont un cuisinier, ils vont à l’école et fournissent à manger aux élèves. »

En décembre 2023, le Dr Brendan Hanley a annoncé que la Direction de l’éducation des Premières Nations du Yukon recevrait 845 000 $ afin de créer une cuisine traditionnelle centralisée à Whitehorse, pour soutenir la transformation et l’entreposage du gibier en milieu urbain.

Trois autres organisations du Nord ont également reçu des fonds pour améliorer la sécurité alimentaire.

Cette subvention s’inscrit dans le Défi innovation alimentaire dans le Nord, lancé en 2021 par l’Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor). Le Défi a pour but de s’attaquer aux préoccupations en matière de sécurité alimentaire à l’échelle locale.

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  • Date de création 29 janvier, 2024
  • Dernière mise à jour 29 janvier, 2024
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