Impact Francophonie : des souvenirs éclairants sont partagés à Évangéline

Dans la région Évangéline, la consultation/soirée d’échange Impact Francophonie a eu lieu le mardi 4 octobre au Centre Goéland à Cap-Egmont.  Lors de cette soirée, plusieurs personnes ont partagé des expériences remontant loin dans leur passé.

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Jacinthe Laforest

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

 

 

Jeannette Gallant, parfois surnommée «notre Jeannette nationale», a toujours parlé français.  Très jeune, elle a connu un moment «Éloize» du genre prise de conscience.  «Ma grande sœur était partie étudier au Québec.  Un été, une amie de par-là est venue en visite et elle disait des mots que je ne comprenais pas.  Elle était fascinée par la sciure de bois, que nous autres on appelait “saw dust”.  Je pense que j’avais 11 ou 12 ans et c’est là que j’ai compris que, peut-être, y avaient des mots que l’on utilisait, et qui n’étaient pas si bons que ça», a-t-elle raconté.

Son frère, Edgar Arsenault, lui aussi ayant grandi à l’ombre d’un moulin à scie, a raconté que la francophonie a eu un grand impact dans sa vie, mais également qu’il a vécu des épisodes d’insécurité linguistique.

«Toute ma vie j’ai été jaloux des Jean-Paul Arsenault, des Maurice X Gallant, et même des Alcide Bernard qui sont capables d’écrire.  Un jour j’ai même demandé à Aurella Arsenault, enseignante à la retraite, de me donner des cours de français.  Elle a vu que je j’avais des forces, mais que le français n’en faisait pas partie, et elle m’a encouragé à travailler sur mes forces», a-t-il raconté.

Actuellement président de la SAF’Île, Edgar Arsenault a toujours fait partie de ceux qui «poussaient pour le français».  «Parfois, des gens me disaient : “attention, si tu pousses trop, tu vas perdre”.  Pour moi, ça n’a pas de sens de penser cela», dit-il.

Un de ceux qui lui ont inspiré de la jalousie, Alcide Bernard, avoue que s’il a une facilité en français à présent, ça n’a pas toujours été le cas.  Aux études, il en a arraché.

«Vers le début des années 1980, j’ai pris la direction de la SSTA.  Je n’étais pas certain de pouvoir faire ce travail et vraiment, je ne connaissais pas grand-chose dans l’organisation.  Mais je peux dire que ces sept années m’ont appris énormément.  Après cela, je suis allé travailler en anglais, et j’avoue que je n’ai pas vraiment aimé travailler en anglais», a-t-il avoué.

Julie Gallant et Amy Richard, ainsi que Raymond J. Arsenault, sont tous trois à l’emploi du RDÉE, dans des postes différents.  «Des fois, on me dit de faire application pour l’Agence du revenu.  C’est vrai que peut-être, je ferais de meilleurs salaires, mais je n’ai pas l’impression que je ferais une si grande différence.  J’aime travailler en français, dans ma communauté», dit Amy Richard.

Sa collègue Julie Gallant a travaillé une bonne dizaine d’années en anglais avant d’accepter un poste au RDÉE.  «Je connaissais Amy depuis longtemps, on avait fait des activités jeunesse ensemble dans le passé.  J’avais peur de ne pas être capable de travailler en français», avoue-t-elle.

Raymond Arsenault travaille lui aussi au RDÉE.  Son poste en communication utilise ses forces dans les langues.  «À l’école, j’avais une facilité pour le français et l’écriture.  Notre enseignant, Tanton Landry, nous encourageait à enrichir le plus possible notre vocabulaire.  Quand j’ai commencé mes cours en journalisme au Holland College, on m’a dit le contraire, qu’il fallait écrire le plus simplement possible.  Mon travail en journalisme, entre autres à La Voix acadienne, m’a amené à rencontrer des gens passionnés et je pense que c’est peut-être grâce à eux si je suis devenu convaincu de l’importance de développer la francophonie», dit Raymond Arsenault.

Les participants à la consultation à Évangéline étaient, comme ceux de Charlottetown, préoccupés par les prochaines générations.  «Quand ma petite-fille Taia m’a dit qu’elle tenait à poursuivre ses études en français et qu’elle était décidée à devenir enseignante, vous savez ce que j’ai fait… j’ai pleuré bien sûr», dit Jeannette Gallant.  Sa petite-fille Taia participait justement à la consultation.  «Une fois arrivé en 12e année, j’ai vraiment senti que je devais poursuivre en français», a dit la jeune femme.

Comme dans les autres régions, les propos échangés ce soir-là ont été captés par l’équipe de «On y va Media», composée de Geneviève Ouellette et de Brent Chaisson.  «C’est beaucoup de travail, mais nous sommes passionnés par les histoires que nous entendons», dit Geneviève.

Comme mentionné précédemment, un rapport, préparé par la consultante et animatrice Darlene Arsenault, sera présenté à l’AGA de la SAF’Île, le 22 octobre prochain, pour alimenter le dialogue communautaire.  Également, un résumé en vidéo des consultations Impact Francophonie sera présenté lors de l’AGA de la SAF’Île.

 

 

 

 

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Photos

 

Alcide Bernard a raconté comment son passage à l’Université de Moncton a été déterminant, pour les études mais aussi pour son engagement à venir dans le développement francophone.  «J’étais là dans la période du maire Jones à Moncton.  J’ai vu la tête du cochon avant qu’elle ne soit livrée au maire.  Je faisais partie de ce mouvement.  J’ai fait la grève avec les autres étudiants.  Avoir vécu cela, ça m’a beaucoup influencé pour plus tard dans ma vie», a-t-il confié.

 

Jeannette Gallant a toujours vécu en français.  Dans son travail de coordonnatrice provinciale des Jeux de l’Acadie, elle permet aux jeunes de vivre des expériences fondatrices en français.

 

Edgar Arsenault est actuellement président de la SAF’Île.  Il avoue qu’il est envieux des personnes qui ont de la facilité à écrire le français.  «Ce n’est pas ma force», dit-il.

 

Yvonne Gallant (à gauche) a raconté comment, après ses études en petite enfance à Ottawa, elle est revenue pour ne trouver aucun emploi en français.  Les services de garde en français n’existaient pas encore.  Maintenant à la retraite, elle continue pourtant à travailler en enseignement.  Amy Richard (à droite) travaille dans sa région natale en français et elle s’en réjouit.  (Photos : J.L.)

 

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  • Date de création 12 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 12 octobre, 2022
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