Handicap intellectuel : toutes les voix doivent être entendues

Alors que les élections se profilent, tous les électeurs se préparent à prendre une décision avant de se présenter devant les urnes. Une étape dans la vie citoyenne qui peut s’avérer plus difficile pour certains Manitobains.

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Hugo Beaucamp

IJL – Réseau.Presse – La Liberté

Au risque de pointer du doigt l’évidence, le droit de vote est un droit inaliénable et fondamental. Le 13 juillet 2023 démarrait la campagne de sensibilisation Disability Matters Vote. Qu’ils se trouvent en situation de handicap mental, physique ou autre, la campagne a pour but d’assurer que tous les Manitobains et Manitobaines, puissent faire entendre leur voix au moment des scrutins. Parce que les enjeux d’une élection sont différents pour chaque communauté, mais aussi pour chaque individu, tout le monde doit avoir la possibilité de se battre démocratiquement pour les causes qui lui sont propres.

C’est là qu’intervient la période de campagne électorale. C’est à ce moment-là que les candidats peuvent aller chercher les indécis, mais c’est aussi l’occasion pour les votants d’entendre les promesses, de comprendre les programmes et ce qu’ils impliquent. La tâche peut s’avérer ardue, et l’être d’autant plus pour les personnes vivant avec un handicap intellectuel.

Pierre Delcy est superviseur du programme de service de vie résidentielle au sein de l’organisme St.Amant. L’organisme à but non lucratif soutient plus de 2 200 Manitobains et Manitobaines atteints, entre autres, de troubles du développement ou de troubles du spectre de l’autisme. Pierre Delcy le confirme, au sein de l’organisme, on prépare ses membres aux élections et c’est un travail assez conséquent auquel « on accorde beaucoup d’importance.

« Cela demande une préparation à plusieurs niveaux. C’est une question de droit et nous faisons en sorte qu’ils comprennent qu’eux aussi ont une voix. »

| Des degrés de compréhension différents

Effectivement, aider les personnes en situation de handicap à saisir toute la portée d’un vote n’est pas forcément facile : « Parce que les handicaps sont variés, souligne Pierre Delcy. Certains individus sont non verbaux, et de manière générale, ils ont des degrés de compréhension différents, parfois limités. » L’intérêt porté au vote lui-même est aussi très variable.

« Toujours est-il que nous partons du principe que tout le monde doit voter, même ceux qui n’ont pas une connaissance complète de la chose. » Par la même occasion, s’assurer que les personnes en situation de handicap votent, quelque part, c’est aussi envoyer un message aux candidats, les pousser à penser une politique qui soit plus inclusive.

Pour autant, le personnel de St.Amant fait tout son possible pour renseigner au mieux ses votants. Car si le contraire est aussi valable, certains individus sont particulièrement investis dans la politique. Après tout, les fonds dont les personnes en situation de handicap intellectuel ont besoin pour améliorer leur qualité de vie viennent principalement du gouvernement.

| Vote électronique : une solution?

Pierre Delcy explique que lorsque des questions sont posées, le maximum est fait pour trouver des réponses, allant parfois même jusqu’à les chercher directement à la source : « Pour une situation particulière, nous avons pu faire venir un candidat directement dans l’une de nos maisons pour qu’il explique lui-même son programme. »

Toutefois, la condition des personnes que l’organisme soutient se manifeste parfois comme un ultime obstacle avant l’urne. « Leur manière de prendre une décision est particulière, elle peut changer d’un jour à l’autre. Parfois, arrive le moment de voter, et elles n’en ont plus du tout envie. C’est alors toute une approche pour tenter de les convaincre, mais on ne peut pas les forcer à le faire. »

Ces aléas, aussi imprévisibles qu’inévitables une fois qu’ils se manifestent, Pierre Delcy les regrette et aimerait voir instaurer « une période pendant laquelle les gens peuvent exercer leur droit de vote par voie électronique ». Selon lui, cela permettrait d’éviter ce genre de situations.

De son côté, Élections Manitoba fait déjà beaucoup pour faciliter le vote des personnes en situation de handicap. Michael Ambrose, directeur des communications pour l’organisme public, rappelle que rendre accessible le vote est l’un des principaux mandats d’Élections Manitoba. Il ajoute : « Les responsables de vote reçoivent une formation afin d’offrir un service inclusif aux Manitobains en situation de handicap. » Une formation qui a été développée en collaboration avec Manitoba Possible.

Photos : 

  • Pierre Delcy est superviseur du programme de service de vie résidentielle au sein de l’organisme St.Amant. + photo : Marta Guerrero

Encadré

Des urnes accessibles pour tous

Le vote est un droit. Par définition, tous les citoyens et citoyennes doivent pouvoir l’exercer. À cette fin, des modèles de bulletins de vote sont disponibles en braille dans chaque bureau de vote.

Des loupes sont aussi mises à disposition des votants. Mike Ambrose, directeur des communications à Élections Manitoba, précise d’ailleurs que « Les votants peuvent être accompagnés d’un aidant pour les aider à voter, ce dernier doit être âgé d’au moins 18 ans. L’aide d’un scrutateur peut aussi être demandée.

« Les votants peuvent aussi apporter leurs propres dispositifs d’assistance, y compris des applications pour smartphone, pour les aider à voter ».

De plus, si des électeurs ne peuvent pas entrer dans un bureau de vote en raison d’un handicap, « un agent électoral apportera le bulletin de vote et l’urne jusqu’à leur véhicule ».

Enfin, s’ils ne peuvent pas se rendre en personne dans un bureau de vote, « les votants peuvent déposer une demande et obtenir une dérogation afin de pouvoir voter depuis chez eux ».

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  • Date de création 18 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 18 septembre, 2023
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