«Greenstone ne mesure pas l’impact négatif que peut avoir cette décision» — Fabien Hébert

Le président du conseil d’administration de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, assure que «la communauté francophone est à l'affût de ce qui se passe à Greenstone», et que «si la communauté doit se mobiliser, elle va le faire». 

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Mehdi Mehenni 

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Le Voyageur : Comment avez-vous accueilli la nouvelle du retrait de la permanence du drapeau franco-ontarien par la municipalité de Greenstone ?

Fabien Hébert : J'étais vraiment surpris. Je ne croyais pas que j’allais voir encore cela de mon vivant. Pas en 2024, en tout cas. Je suis d’autant plus surpris que cette révision vient au moment où des municipalités comme Sault Ste-Marie sont en train de faire des démarches pour se réconcilier avec la communauté francophone, à travers sa politique d'aménagement linguistique et sa dotation en personnel bilingue pour répondre aux besoins des francophones. C’est le cas aussi dans la région de Cornwall, où l'administration s'assure que la communauté francophone est bien distribuée, bien représentée à l'intérieur des bureaux de la municipalité. La ville du Grand Sudbury vient aussi de faire une révision positive sur sa politique d'aménagement linguistique dans la municipalité. Force est de constater que la municipalité de Greenstone prend le chemin inverse de la tendance actuelle dans la province. 

Comment expliquez-vous une telle décision ?

La population de Greenstone est constituée d’environ 35% de francophones. J’ai donc de la peine à m'expliquer cette décision. C'est un peu comme si, avec la population autochtone, on voulait mettre deux communautés à dos.

Alors que dans le fond, ce serait plus simple de respecter les deux communautés. 

Quelles seront les répercussions de cette décision à l’échelle provinciale ?

Je ne sais pas si les gens de Greenstone réalisent qu'au niveau provincial, l'apport économique de la communauté francophone n'est vraiment pas négligeable. On parle de 80 milliards $ de contributions des entreprises francophones et bilingues en Ontario. C'est un apport incroyable. Je pense que le maire et le conseil municipal de Greenstone n'ont certainement pas pris en considération l'impact négatif que cette décision-là peut avoir. Je me l'explique vraiment mal dans le sens que c'est un investissement banal pour une municipalité que de rajouter un autre mât, puis mettre en permanence le drapeau de la communauté autochtone et ainsi personne n'est brimé. Mais au lieu de cela, on a choisi d'enlever le drapeau franco-ontarien, alors que l’ancien conseil municipal avait adopté sa permanence en 2015. C'est tout de même pas si loin que cela. On parle de 10 ans passés. C’est une provocation à l'égard de 35% de la communauté. 

En quoi cela avance-t-il la municipalité de Greenstone ? 

Je crois que la communauté de Greenstone n'a rien à gagner à prendre cette décision. Je pense qu'elle a tout à perdre avec sa relation avec sa communauté francophone. Je crois vraiment aussi que de façon économique, la région de Greenstone a bénéficié dernièrement de très bonne croissance avec l'établissement d'une mine d'or en permanence à l'intérieur de l'enceinte du territoire municipal. Donc je m'explique mal aussi que c'est une décision financière, malgré que possiblement ça peut l'être. 

Envisagez-vous une action pour contrer cette décision ?

Je sais que la présidente de l'AFNOO se déplace cette semaine à Greenstone pour rencontrer le maire. J'appuie et j'espère que la rencontre va être fructueuse.

Je pense aussi qu'on devrait lancer l'appel à la communauté francophone de Greenstone de se mobiliser derrière le mouvement pour faire valoir les droits de la communauté franco-ontarienne. 

De notre côté, on va attendre l'issue de la rencontre de la présidente de l'AFNOO avec le maire pour voir qu'est-ce qui va en découler. À partir de là,  on va envisager des actions. Mais c'est clair que la communauté francophone est à l'affut de ce qui se passe à Greenstone. Si on doit se mobiliser, on va le faire. Et si je dois me déplacer à Greenstone pour rencontrer le maire et discuter de l'impact de la décision politique qui vient d'être prise, je vais le faire aussi.  

 

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Entretien express avec le président de l’AFO, Fabien Hébert.jpg

Fabien Hébert au congrès annuel 2023 de l'AFO, à Toronto. — Photo : Courtoisie

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  • Date de création 24 février, 2024
  • Dernière mise à jour 24 février, 2024
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