Govrache : le sportif du slam

Au bar Le Coude de l’Université de Moncton, la soirée de clôture du Festival de slam/poésie en Acadie a mis en vedette le Français David Hébert, alias Govrache. Son spectacle a lancé une tournée de trois semaines au Canada.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

Moncton n’est pas une inconnue pour Govrache. Il y a mis les pieds pour la première fois en 2019, à l’occasion de la Francofête en Acadie. C’est là que fut décidée une tournée canadienne qui aurait dû avoir lieu en 2020. Enfin de retour parmi nous, il s’est dit ravi de revenir. Pour les musiciens qui l’accompagnent sur scène, c’est cependant une première. Quelques heures avant le spectacle, ils frétillaient d’impatience. Retard des temps pandémiques oblige, ce sont deux albums qui ont été présentés au public.

« Il y a du bois et de l’électronique, des textes engagés et des textes tendres. On essaie d’en faire un mélange pour créer une identité qui est la nôtre. Ça reste malgré tout du slam mis en musique. »

C’est dans le quotidien que Govrache puise son inspiration. Il dit se servir simplement de ses yeux et de ses oreilles. Que les choses soient belles ou moins reluisantes, il prend son stylo et en parle. Ensuite, avec ses acolytes, ils composent des mélodies pour leur donner un habillage sonore. Pour écrire, le Normand d’origine travaille à l’ancienne.

« J’aime la plume, l’encre et le papier. Je ne suis pas du tout un mec d’ordinateur. Quand je prends un cahier, je le prends juste pour écrire des textes. C’est un moment privilégié et solennel. Un cahier d’écriture, rien que pour l’objet en soi, c’est tellement beau. J’ai gardé tous mes cahiers, j’en ai des dizaines. »

L’artiste multidisciplinaire a commencé la guitare à l’âge de 19 ans, et l’écriture à 23 ans. Autrefois, il s’adonnait au jazz manouche. Le slam lui est venu sur le tard, en 2014, et son premier album de ce style est sorti quatre ans plus tard. Il fait ce métier depuis longtemps, mais avec des saveurs, des tonalités et des styles différents selon les époques.

« Je me vois davantage comme un artisan plutôt que comme un artiste, dit-il. Quand on a 30 ans, on ne fabrique pas une chaise ou une table comme lorsque l’on a 20 ans. C’est pareil pour l’écriture : on évolue avec le temps, on la peaufine. »

Govrache le slameur n’aime pas se définir comme un poète. Il estime ne pas avoir encore atteint ce rang qu’il place au-dessus de l’art qu’il pratique. À cet égard, il confie que son premier contact avec le monde du verbe et de la rime fut difficile. Un peu comme une histoire d’amour qui débute sur un malentendu.

« En France, quand on est gamin, on nous fait apprendre des poèmes par cœur, et on doit les réciter devant la classe. Quand j’étais petit, ça m’a fermé à la poésie. Plus tard, j’ai finalement rencontré un professeur qui me l’a fait aimer. Il a dit : je ne vais pas vous demander d’apprendre de la poésie, je vais vous en lire. Ça a tout changé pour moi. »

Ancien champion de kung-fu contact, il ne voit pas le slam comme un sport. Dans les joutes de slam, l’esprit de compétition est absent. Il estime toutefois que pour se donner les bons réflexes, l’écriture exige une rigueur de travail quasi-sportive, comme un muscle qu’il faut entretenir.

Pour conclure, Govrache nous révèle qu’il pioche (« pige ») à droite et à gauche des mots et des expressions typiquement acadiennes dans l’optique de son prochain retour en février 2023. Il compte en faire un texte qui parlerait des expériences qu’il a vécues par ici.

 

 

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Photo

 

Titre : Govrache

Légende : Govrache (au centre) avec ses musiciens quelques heures avant le spectacle.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 19 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 19 octobre, 2022
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