Germaine Paquette récompensée pour son implication communautaire francophone

Germaine Paquette récompensée pour son implication communautaire francophone

 

Germaine Paquette était très émue de recevoir, récemment, le Prix de la francophonie de l’ACFO du Grand Sudbury. Ce n’est pas la première fois qu’on reconnait les efforts que cette dame, originaire de Hallébourg, investit pour les droits des Franco-Ontariens. Nommée chevalière de l’Ordre de la Pléiade en 2014, Mme Paquette voit à travers son cheminement les raisons qui lui ont apporté le Prix de la francophonie. Sa plus grande fierté c’est d’avoir partagé son amour de la langue française avec ses enfants et ses petits-enfants.

 

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Renée-Pier Fontaine

IJL – Réseau.Presse – Journal Le Nord

 

 

La jubilaire a quitté Hallébourg pour faire ses études postsecondaires à l’École des sciences de l’éducation à Sudbury et n’en repartira plus par la suite. Étant l’une des plus jeunes d’une famille de 13 enfants, ses frères et sœurs ainés étaient mariés avec des enfants et la plupart étaient installés à Hearst, c’est ce qui a dissuadé Germaine de revenir dans sa région natale. « Je ne voulais pas devoir rencontrer ma famille durant des réunions de parents et avoir à dire des commentaires sur leurs enfants, j’ai donc décidé de m’établir à Sudbury. J’ai enseigné un an à Wawa, ma cousine était la directrice de l’école là-bas. J’étais nouvellement diplômée avec des dettes d’études et ils offraient une prime d’éloignement à l’époque pour répondre à la pénurie d’enseignants dans la région de Wawa », explique-t-elle.

Après cette expérience d’un an, Germaine retourne dans la région de Sudbury pour y rester. Quelque temps plus tard, elle reçoit une demande en mariage de son petit-ami de l’époque.

 

Sa carrière en enseignement aura duré 35 ans. Provenant d’une région très francophone comme Hallébourg et Hearst, son accent était remarqué dans sa nouvelle ville d’adoption, même que parfois le service en français dans des commerces et établissements était inexistant.

 

Implication dans la francophonie sudburoise

 

Une fois retraitée, Mme Paquette a reçu un appel lui demandant de joindre le conseil d’administration du Centre de santé du Grand Sudbury. « Pendant que j’y étais, parce que je suis restée pendant plusieurs années, on reçoit une lettre du gouvernement qui nous demande de devenir bilingue et si on ne se conforme pas, ils allaient retenir nos subventions. Ce n’était pas acceptable, alors on se rend à Toronto, moi et d’autres membres du CA pour parler au ministre de la Santé de l’époque, George Smitherman. Il ne nous écoutait pas, donc quand c’est venu mon tour de parler, pour avoir son attention, j’ai donné un coup de poing sur la table en disant : “Listen to us!” Cela a réveillé tout le monde dans la salle et je lui ai expliqué la réalité des francophones du Nord de l’Ontario. Le mot bilingue devient glissant, car de dire bilingue ça devient anglophone », dit-elle.

 

Grâce à cette intervention et avec l’aide de Maitre Casa, le Centre de santé a conservé son statut francophone et Germaine Paquette a été nommée chevalière de l’Ordre de Pléiade à la suite de cet évènement.

 

Elle s’est consacrée aussi à la cause des francophones qui sont en situation de vulnérabilité dans des contextes médicaux. Elle aidait les gens qui n’ont pas accès à une personne-ressource pour traduire ce que le personnel soignant anglophone explique. « Je n’ai pas pu être auprès de ma mère durant un séjour d’un mois qu’elle avait dû faire avec des spécialistes dans la région de Toronto et je l’avais vue dépérir. Quand je lui ai demandé qu’est-ce qui se passait avec elle, elle m’a raconté qu’elle ne comprenait rien de ce que les médecins lui disaient et personne à l’hôpital ne parlait français. Ça m’a crevé le cœur et je m’étais dit qu’un jour j’allais m’impliquer auprès des personnes âgées qui veulent s’exprimer dans leur langue », explique Mme Paquette.

 

C’est à ce moment qu’elle décide de suivre un cours de soins palliatifs et un autre pour accompagner les gens qui souffrent de démence. Par la suite, lorsqu’un patient francophone qui était traité dans un hôpital anglophone avait besoin de soutien, Germaine répondait à l’appel.

 

Malgré toutes ces réussites accomplies dans la communauté pour préserver sa langue maternelle, elle estime que la grandeur des gestes n’a pas d’importance. « J’ai fait plein de petites choses, mais je les ai faites avec amour ».

 

Sa plus grande fierté c’est d’avoir élevé ses enfants en leur transmettant son amour pour la langue française. L’artiste et comédien Stéphane (Stéph) Paquette est son fils, celui-ci refusait de parler sa langue maternelle à l’adolescence et Mme Paquette a décidé de l’impliquer dans les arts, de l’amener voir du théâtre au Théâtre du Nouvel Ontario (TNO) et c’est comme cela qu’il a appris à aimer la langue.

 

Elle raconte avoir fait la même chose avec son petit-fils, qui lui est issu d’un mariage exogame. C’était important pour elle de l’intéresser au français, surtout par le biais des arts. Son petit-fils travaille maintenant dans un théâtre à Montréal, preuve que ses efforts ont porté fruit. « En grandissant ici à Sudbury, mes enfants parlaient anglais, même s’ils allaient à l’école en français. Mon fils invitait ses amis et lorsque je les entendais parler anglais ensemble, je lui demandais s’ils fréquentaient tous l’école française et la réponse était toujours oui. J’ai donc instauré une règle à la maison, si vous voulez jouer en dedans vous devez parler en français, sinon aller jouer dehors ! Mon fils en parle encore en spectacle », dit-elle en riant.

 

Germaine Paquette est l’une des administratrices de la page Facebook « Je suis Franco-Ontarien/Franco-Ontarienne » depuis 2015 et elle s’implique au Club Âge d’Or Azilda. Tout récemment, elle est devenue bénévole à la Place des Arts de Sudbury et aimerait beaucoup recommencer l’accompagnement en fin de vie auprès des francophones de la région de Sudbury.

 

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Photo : Germaine Paquette récompensée pour son implication communautaire francophone

Légende : Germaine Paquette avec son prix lors de la soirée organisée par l’ACFO du grand Sudbury

Crédits image : Inès Rebei

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  • Date de création 29 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 2 octobre, 2023
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