Francophonie minoritaire : un projet de recherche sur le sentiment d’appartenance commun

Gabrielle Samson, une étudiante à la maitrise de l’Université Sainte-Anne, mène un travail de recherche sur les facteurs contribuant au sentiment d'appartenance des locutrices et locuteurs en milieu francophone minoritaire. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Dans le cadre du programme de maitrise en cultures et espaces francophones de Sainte-Anne, cette recherche, fondée sur des témoignages d’intervenants en situation minoritaire, servira d’outil pour mieux comprendre les facteurs influençant le sentiment d’appartenance chez les francophones.

Mme Samson ciblera les acteurs communautaires qui ont œuvré et ont été impliqués dans le secteur associatif. Les questions porteront sur leurs expériences et la manière dont leur identité a été marquée par des événements culturels, historiques et personnels.

L’idée du projet est de savoir si les francophonies canadiennes ont toujours des atomes crochus et si un sentiment d'appartenance est encore partagé par l’ensemble de cette population.

«Le plus que je faisais mes travaux, dans mes cours de maitrise - on parlait de la francophonie internationale -, je voyais beaucoup ce sentiment que la francophonie au Canada avait été créée au début avec une identité, une histoire, une culture, une religion, avec des buts principaux très communs», explique-t-elle.

Mais les États généraux du Canada français de 1967, rappelle la chercheuse, ont changé la donne en morcelant la francophonie du pays. «J’aimerais voir si cette identité commune, ce sentiment d’appartenance commun, existe encore», déclare-t-elle.

Maintenant résidente de Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, la native d’Isle Madame a vécu dans plusieurs autres communautés francophones pour le travail et des opportunités professionnelles.

Son parcours lui a «permis d'œuvrer et d’investir dans d’autres communautés francophones, et chaque fois, moi-même, je me suis senti à l’aise dans ces communautés-là parce que je connaissais la structure communautaire».

Elle veut donc voir si d’autres francophones qui ont interagi et travaillé avec des locuteurs en dehors de leur communauté ont eu une expérience semblable à la sienne ou s’ils ont fait face à divers obstacles afin de se réinvestir.

Mme Sanson souhaite recueillir des témoignages expérientiels qui mettent en lumière les histoires de plusieurs individus, y compris ceux qui ont contribué au développement communautaire pendant une courte période.

«Je cherche à voir qu’est-ce qui a marqué leur identité culturelle pour être francophone en milieu minoritaire ou est-ce que leur identité a changé en se déplaçant ou en interagissant avec d’autres francophones», précise la chercheuse.

Elle mentionne que sa recherche pourrait être utile pour les francophones qui songent à aller vivre ailleurs. Selon elle, ils pourraient prendre conscience du fait qu’ils peuvent retrouver une communauté semblable à laquelle s’intégrer en arrivant.

C’est aussi une manière, poursuit-elle, de s’assurer de diminuer l’assimilation qui se déroule dans la francophonie canadienne. «S’il n’y a pas un sens d’appartenance chez l’individu, c’est beaucoup plus facile pour l’individu de choisir la langue et la culture dominante [...] ça serait vraiment facile de dire, “Okay, peut-être que personne me connait ici. Je pourrais juste faire semblant d’être anglophone.”»

Pour la communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse, elle voit son projet comme un outil de validité pour concrétiser, dans une publication, ce sentiment ressenti par les interlocuteurs.

Les lecteurs pourraient également y découvrir les similarités entre les communautés de différentes provinces, s’inspirer d’elles pour bâtir leurs projets régionaux, stimuler l'entraide et les échanges d’idées, développer des partenariats et des jumelages interprovinciaux, etc.

Elle souhaite que son travail soit utilisé par les acteurs communautaires et les associations pour faire avancer le dossier, encourager les échanges interprovinciaux et faire comprendre que les communautés ne sont pas seules.

Les lecteurs voulant contribuer au travail de recherche peuvent contacter soit la chercheuse ([email protected] ou 867 447-0314) ou la directrice du projet, Stéphanie St-Pierre ([email protected] ou 902 260-5097).

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 8 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 8 avril, 2024
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