François Gaudet : sortir des galeries pour rendre l’art plus visible 

Initialement un projet conçu afin de surmonter les défis de la pandémie, l’art urbain de François Gaudet n’en est qu’à ses débuts et prend de nouvelles proportions le plus qu’il évolue. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Gaudet a commencé son projet en 2020 durant la période de confinement, qu’il a vécu difficilement. Pour passer à travers, il s’est tourné vers l’art urbain. « Je trainais beaucoup dans les rues et puis en même temps, dans la maison, je tournais mon appareil vers moi parce que je voulais faire quelque chose à propos de moi, parce que j’étais la personne qui vivait seule », explique M. Gaudet.

Ce dernier confie que son projet a « peut-être sauvé ma vie durant la pandémie. Ça m'a donné quelque chose à réfléchir dessus, à vraiment avoir un projet qui n’a pas de limites ».

Même s’il s’agit d’un projet personnel, Gaudet est d’avis que ses créations donnent de la visibilité aux Acadiens et aux autres langues parlées à Halifax, du moins de manière indirecte.

De l’art vivant

Mais d’où est venue l’idée de faire de l’art urbain ? Lorsqu’il faisait ses études à l’Université d'art et de design Emily Carr, à Vancouver, François Gaudet passait beaucoup de temps à faire de la photographie de rue et à développer des photos argentiques. C’était un processus spontané, ne sachant pas ce qui allait en ressortir.

Aujourd’hui, Gaudet combine ses compétences en photographie et en art visuel pour créer de l’art urbain avec des images transfigurées de son visage, qu’il photographie pour son portfolio et ses réseaux sociaux. Il s’inspire des méduses, des chevaux de l'Île de Sable, des papillons, d'Évangéline et des partitions de musique acadienne.

Bien agrafé sur les poteaux de bois du North End, il laisse ses compositions se transformer par la pluie, le vent et le mauvais temps. Les autres résidents posent souvent des affiches sur ses créations. Parfois, il les déchire et les enlève. D'autrefois, il incorpore des morceaux de ces annonces pour donner une nouvelle vie aux œuvres, qu’il visite régulièrement lors de ses balades dans le quartier.

Ce qu’il aime aussi, c’est le côté collaboratif de cet art, présenté dans sa « galerie extérieure », qu’il partage avec les autres Haligoniens. « Parfois, les gens mettions des choses sur mon visage. Parfois, je peux l’enlever, travailler avec », relate l’artiste.

Tout comme sa photographie urbaine, Gaudet ne savait pas à quoi s’attendre en partant. Il ignorait aussi comment les piétons et les conducteurs allaient réagir. « Au début, c’était vraiment difficile parce que je pensais que j’étais peut-être en train de casser des règles ou que quelqu’un me dirait de pas le faire. Mais, tout de suite, j’ai remarqué que personne regarde, personne va te dire quoi ce que tu vas faire. C’est une certaine démocratie, une certaine liberté, que j’ai pas besoin de demander la permission à personne. Je suis responsable de moi-même. »

En temps normal, un artiste visuel doit franchir plusieurs étapes avant de pouvoir présenter son travail, précise-t-il. Il faut soumettre des demandes, contacter des galeries, charrier des toiles, etc. Avec l’art urbain, Gaudet se sent libre de créer à son propre rythme et de manière instantanée, comme un musicien de rue.

Inclure plus de disciplines 

L’art urbain de François Gaudet a même mené à la réalisation d’un t-shirt pour la maison de disques indépendante de Trevor Murphy, Acadian Embassy.

Il trouve bien que des artistes comme Murphy collabore avec des artistes visuels comme lui. « Pour raconter l’histoire acadienne, il faut avoir toutes les différentes disciplines, pis c’est souvent, comme je dis, que la musique prend toute la place », déplore-t-il.

Selon lui, il manque d’appui pour les artistes visuels acadiens de la province. « Ça serait pas mal cool si on pouvait supporter les différentes formes d’art, qui inclut les arts visuels. C’est souvent qu’en Nouvelle-Écosse - parce qu’on est une minorité toute séparée par des villages - il n’y a pas d’art dans les écoles », commente Gaudet.

La musique est plus facile à organiser et à diffuser, fait-il remarquer, ce qui explique peut-être pourquoi il y a un plus grand nombre de musiciens.

Gaudet insiste sur le fait qu’il y a des Acadiennes et des Acadiens qui se dépassent dans plusieurs domaines comme les arts visuels, la danse contemporaine, etc., et qu’ils méritent d’être valorisés également.

  • Nombre de fichiers 8
  • Date de création 13 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 13 octobre, 2023
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