François Gaudet : articuler sa patrie, à sa manière
À l’intersection de plusieurs identités, un artiste acadien utilise la photographie et la peinture pour faire sens de son histoire et de son bagage linguistique.
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Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
François Gaudet, originaire de la Baie Sainte-Marie, est un artiste qui se taille une place dans le monde des arts visuels.
Il fait partie d’une poignée d’artistes acadiens mis en valeur dans le cadre de l’exposition Acadie. Le pays et ses gens, au musée Michel Ciry à Varengeville-sur-Mer, en Normandie, pour « proposer un regard contemporain sur l’Acadie ».
M. Gaudet a grandi avec un père photographe. Ce dernier aimait capturer la beauté des Maritimes. Très jeune, l'artiste était fasciné par cette « boîte magique » qui encadrait le monde autour de lui.
Le Haligonien mentionne les défis linguistiques auxquels il a fait face durant sa jeunesse, notamment de se sentir pris entre un univers francophone et anglophone, de se sentir « toujours dans le milieu de quelque chose ».
Et il redécouvre souvent cet entre-deux dans son quotidien. Durant la pandémie, il a commencé à « se déguiser » en modifiant une image de lui-même. Il le manipule pour exprimer son identité. Le résultat final : un autoportrait qui mélange son univers fictif, la peinture, avec celui de la photographie, qui se rapproche du réel.
Ne sachant pas quoi faire avec ces images de son visage, il s’est trouvé une nouvelle tribune. Sur les poteaux électriques des rues de Halifax, il arrive de croiser son art qui ressemble à des affiches promotionnelles de festivals ou de concerts.
Pour lui, ce geste est symbolique, voire politique. La fondation de la capitale de la Nouvelle-Écosse, en 1749, marque le début et la fin des Acadiens, raconte M. Gaudet.
Son art public est donc une manière de « sortir des galeries » et de démontrer que son peuple est encore vivant. « Dans le milieu anglophone, on est invisible », déplore l’artiste.
Il trouve que son art se perd également dans le monde acadien, reconnu pour ses musiciens qui prennent beaucoup de place. C’est pour cette raison qu’il a réalisé l'œuvre Révangéline avec oiseau, soit un portrait d’Évangéline peinturé sur un vinyle, symbolisant le rapport entre la culture populaire et marginale.
Cette icône acadienne, née du poème Evangeline, A Tale of Acadie, composé par l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow, est très importante pour M. Gaudet. Grâce à elle, le premier long métrage canadien a été réalisé, pour souligner la Déportation des Acadiens, et une industrie touristique s’est développée, notamment avec la création d’un village mythique en son honneur, à Grand-Pré.
L’artiste insiste sur le fait que la découverte d’Évangéline a permis aux Acadiens de découvrir leur culture et que son influence est réelle, bien qu’elle soit fictive.
L’art lui donne du courage et de l’espoir. Coincé entre une langue orale et l’anglais, ses œuvres lui permettent de découvrir qui il est et d'articuler sa propre patrie, tout en soulève des questions liées à la religion, la sexualité et l’assimilation.
Ses œuvres seront exposées au musée Michel Ciry jusqu’au 4 septembre.
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- Date de création 9 août, 2022
- Dernière mise à jour 9 août, 2022