France vs Ontario: ne pas mêler les pommes et les oranges

Les images des manifestations d’agriculteurs à Paris ont fait le tour du monde. Excédés par leur marge de profit qui fond comme neige au soleil face à la hausse du coût du carburant et des fournitures, des milliers d’entre eux ont fortement exprimé leur ras-le-bol aux autorités françaises lors de démonstrations qui ont connu quelques dérapages. La réalité économique post-pandémie poussera-t-elle les agriculteurs ontariens à hausser le ton eux aussi?

 

Jean-Marc Dufresne

IJL – Réseau.Presse – Agricom

« La Bretagne est la première région agricole de France », explique Enora Molac de RBG - Radio Bro Gwened située à Pontivy. « La colère des agriculteurs monte depuis des décennies en raison d’une baisse de leurs revenus, et de la concurrence européenne, intenable. Deux regroupements sont sous les projecteurs: la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, syndicats producteurs de porc et de lait notamment. Mais en réalité, une bonne partie des grévistes n'est pas encartée. La plupart des agriculteurs et agricultrices déplore les parts importantes de profits qui vont aux transformateurs et aux grandes surfaces qui ne leur laissent pratiquement rien. »

Quelle aide?

À l’échelle européenne, l’aide financière existe, mais elle favorise davantage les grandes exploitations que les petites. « De plus, les normes de production sont plus sévères en France qu’ailleurs en Europe, ce qui donne un produit de meilleure qualité, mais plus cher que ceux en provenance de Roumanie, de Pologne ou d’Espagne », souligne-t-elle.

La Confédération paysanne, un autre syndicat agricole important, diffère cependant d’opinion: selon l’organisme, aux vues de l'urgence climatique, les normes écologiques sont souhaitables, mais nécessitent un travail main dans la main avec les institutions européennes et les agriculteurs. Rappelons que la situation agricole française est extrêmement inquiétante: une étude du Sénat publiée en 2021 estime que deux agriculteurs s’enlèvent la vie par désespoir chaque jour.

On est ailleurs

« Le climat politique de l’agriculture en Ontario est certainement différent », assure pour sa part le directeur au CA de la Fédération de l’agriculture de l'Ontario, Pierre Paul Maurice. « La Fédération représente environ 30 000 agriculteurs dans la province et nous sommes engagés à tenir un dialogue proactif à tous les niveaux de gouvernement. En Ontario, le législateur reconnaît l’importance du partenariat avec l’industrie, ce qui nous permet de faire entendre notre voix dans le cadre de décisions importantes. On l’a encore vu avec le projet de loi 267 », dit-il. ( Janvier 2024: entrée en vigueur de nouvelles normes sur l’utilisation et la disposition de matières de source non agricole (MSNA) et la protection des cours d’eau. )

À son avis, c’est ce canal de communication ouvert qui permet aux agriculteurs ontariens de faire part de leurs doléances, et aux gouvernements municipaux et provinciaux d'établir un cadre juridique favorable à la poursuite d’une agriculture durable tout en restant compétitive sur le marché international.

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Légende photo : Des milliers d'agriculteurs ont manifesté en France pour améliorer leurs conditions

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  • Date de création 16 février, 2024
  • Dernière mise à jour 16 février, 2024
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