Foire de l’emploi, le bilinguisme est un atout pour la communauté

Le 7 mars dernier, une vingtaine d’employeurs ont répondu à l’appel du CANAF afin de rencontrer la communauté francophone et de partager avec elle leurs possibilités d'emploi. De la construction, à la sécurité en passant par la logistique et les nouvelles technologies, l’offre était abondante et plurielle et le public a répondu à l’appel.

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Arnaud Barbet

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Les francophones qui arrivent ont un énorme avantage, ils sont en général bilingues […] et hautement qualifiés», assure Erwan Oger, le directeur général par intérim du Centre d’accueil pour nouveaux arrivants (CANAF). Des qualifications qui, selon lui, prennent un peu plus de temps à être reconnues en Alberta.

Une situation qui n’est pas passée inaperçue pour Manel Bahri et Walid Affes arrivés de Tunisie, il y a quelques semaines, dans le cadre du programme Entrée express. Ingénieurs en génie civil en Tunisie, chacun d’eux possède plus de neuf ans d’expérience et, pourtant, «nous n’avons pas encore pu décrocher un entretien d’embauche», soupire Manel, quelque peu découragée. Et pourtant son expertise en structure lui a permis de travailler sur des projets en France.

«On est là pour le rêve canadien!», ajoute Walid, qui a œuvré de nombreuses années en tant que gestionnaire de projets. Mais ce rêve semble s’éloigner, «la transition est extrêmement difficile», avoue à l’unisson les parents de deux jeunes enfants.

Le bilinguisme, un atour évident pour les employeurs

Luis Banaj, directeur des ressources humaines chez GardaWorld, a tout mis en œuvre pour être présent et offrir des occasions d’emploi aux francophones, malgré une «invitation de dernière minute». Si la présence de son entreprise est importante, c’est aussi parce qu’il est conscient que cette communauté immigrante est de plus en plus importante en Alberta et va jouer un rôle essentiel sur le marché de l’emploi.

«Les francophones sont généralement bilingues et nous avons aujourd’hui de plus en plus d’opportunité de postes» nécessitant cette expertise reconnue par de nombreux employeurs. «Nous sommes à la recherche d’agents de sécurité, mais aussi d'opérateurs dans les centres de contrôle et pour cela, nous avons besoin de gens complètement bilingues», confie-t-il. Il ajoute qu’à l’heure actuelle, «c’est prêt de 10% des salariés de l’entreprise de sécurité qui sont totalement bilingues». Des cibles qui vont encore augmenter dans les prochaines années.

Il reconnaît d’ailleurs qu’il est nécessaire d’aller au-devant de ces demandeurs d’emploi en personne, car «jusqu’à présent, il n’était pas si simple de trouver en Alberta de futurs employés capables de pourvoir ces postes bilingues». Lors de la foire, il a retenu une dizaine de candidatures potentielles. Il avoue néanmoins que la majeure partie de ces futurs employés devront acquérir la licence des travailleurs en sécurité de l’Alberta. Mais il assure que l’entreprise prend en charge l’obtention de celle-ci et les accompagne dans leur démarche.

Erwan Oger opine en ce sens. Cette foire de l’emploi en présentiel est essentielle pour les employeurs et les demandeurs d'emploi. Aujourd’hui, «les processus d’embauche ne se font plus en personne et les personnes qui prennent des décisions sont difficiles à contacter», alors si cet évènement en présentiel peut apporter une certaine crédibilité, il suppose que les employeurs seront encore plus nombreux la prochaine fois et «les bailleurs de fonds» plus conscients des besoins dans ce domaine.

Car même si l’on a pu remarquer de grands absents comme les compagnies aériennes ou les collectivités locales, il sait que le succès de cette première édition va «les inciter à frapper à la porte du CANAF». D’ailleurs, Erwan Oger est un optimiste dans l’âme et préfère s’attacher au succès de l’évènement. «On est parti de 0 à 19 entreprises présentes en très peu de temps» et le centre d’emploi a ouvert en août dernier, «c’est une start-up» qui ne demande qu’à prendre son essor.

Une foire de l’emploi bilingue, mais aussi d’autres occasions

Si certains organismes communautaires étaient présents, d’autres avaient passé le message aux agents du CANAF de récupérer des candidatures spontanées. Parmi les présents, le Conseil de développement économique de l’Alberta n’a pas désempli. Et c’est d’ailleurs là que Manel Bahri a trouvé un peu d’espoir. Puisqu’ici la qualification d’«ingénieur, c’est sacré» et qu’elle ne peut travailler en tant que telle, elle pense trouver une solution intermédiaire.

La rencontre avec un membre du CDÉA «m’a permis de penser autrement». Aujourd’hui, elle souhaite peut-être créer son entreprise de conseils dans ce domaine de l’ingénierie où elle excelle. «Je dois payer les factures, alors si je dois travailler encore avec ma clientèle en France plutôt que d’être employé ici, pourquoi pas.» Une adaptation malheureusement impossible pour Walid qui est «un homme de terrain». Conscients qu’ils vont devoir être patients, ils sont malgré tout près à certains sacrifices. «Franchement, pour les prochains mois, on sera obligé de prendre un emploi "alimentaire"», conclut-elle sous le regard de Walid qui acquiesce.

Erwan Oger souligne d'ailleurs une certaine volonté d'aller de l'avant avec le CDÉA pour répondre aux besoins de celles et ceux qui vivent au sud de la province. Il a «hâte d’explorer les futures opportunités de collaboration avec le nouvel axe CDÉA – Accès Emploi». Il est aussi certain que l'évolution de l'économie albertaine vers les nouvelles technologies va ouvrir de nombreuses portes aux nouveaux immigrants bilingues.

Ce n'est donc pas par hasard que l'on remarque la présence de Callista Rothwell, chargée de compte et dédiée à l'engagement communautaire pour Npower Canada. En effet, cette organisation propose «des formations gratuites en technologie […], qui leur permettront de travailler ensuite pour Google, Microsoft et bien d'autres», explique-t-elle, dans un français timide, mais appliqué.

Elle est d'ailleurs très heureuse d'aller à la rencontre des nouveaux arrivants francophones. «Comme beaucoup d'individus qui arrivent, ils ont besoin de valider ou de perfectionner leurs compétences» et elle assure que les programmes de formation technique et les certifications proposées répondent aux besoins très demandés de l’industrie.

Et lorsque l'on parle de bilan de cette matinée studieuse, Erwan Oger semble satisfait. Il évoque le travail de son équipe et estime qu'ils «ont livré» ce que le CANAF a promis. Il insiste aussi sur le sérieux des entreprises et organisations présentes et souhaite affiner sa démarche. «Cette première édition va nous permettre de mieux définir les besoins des nouveaux arrivants» et d'adapter l'offre proposée.

  • Nombre de fichiers 7
  • Date de création 24 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 24 mars, 2023
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