Feux de forêt : les émissions de carbone du Canada les plus élevées jamais enregistrées

Alors que 120 feux sont toujours actifs aux TNO et que plus de 4 millions d’hectares ont brûlé, le Service de surveillance de l'atmosphère Copernicus (CAMS), établi en Europe, a divulgué une estimation des émissions totales de carbone au Canada dues aux feux.  

Pour 2023, les émissions de carbone du pays s’élèvent à près de 410 mégatonnes, un nombre jamais atteint auparavant au Canada.

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Nelly Guidici – Articles de l'Arctique

IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon

Le précédent record national d’émissions annuelles de carbone remontait à 2014, avec 138 mégatonnes de carbone. L’étendue, la persistance et l’intensité des feux de forêt à travers le pays expliquent en partie pourquoi les émissions de cette année sont près de trois fois supérieures à celles de 2014.

Un record pour les TNO

Les émissions estimées des incendies de forêt dans les Territoires du Nord-Ouest pour 2023 sont déjà les plus élevées des deux dernières décennies, avec plus de 105 mégatonnes. Les émissions de carbone estimées en Colombie-Britannique, en Alberta et au Québec sont également les plus élevées jamais enregistrées, avec des émissions au Québec presque quatre fois supérieures au précédent record, établi en 2014.

Cependant, cette estimation ne prend en compte que les émissions directes dues aux feux. Au cours des prochaines années, la biomasse (ensemble des matières organiques comme le bois, l’écorce et les feuilles) en décomposition rejettera du carbone jusqu'à ce que la régénération de la forêt se mette en place. En moyenne, il faut compter dix ans avant qu’une forêt se régénère après un épisode de feu. 

Pour Martin Girardin, chercheur scientifique au sein de Ressources Naturelles Canada, un cercle vicieux se met en place lorsqu’un grand nombre d’incendies se déclarent dans une région.

« Ce qui influence le climat global c’est entre autres le carbone qui est émis dans l'atmosphère et à son effet de serre. Les forêts qui sont brulées émettent une grande quantité de carbone et ça alimente le réchauffement climatique,» souligne-t-il lors d’une entrevue. 

Une intensification des feux dans le futur

Différents scénarios sont anticipés dans le Nord et varient d'une région à l'autre. Les simulations scientifiques montrent que dans les régions les plus au nord-est du Canada et autour de la baie d’Hudson notamment, il y aura un réchauffement climatique considérable. L’accroissement important de la biomasse dans ces régions génèrera une augmentation de la fréquence des feux. 

De plus, vers le sud-ouest des TNO et au nord de l’Alberta, l’intensification des feux sera tellement importante que les espèces n’arriveront pas à se régénérer après les feux et le couvert forestier disparaitra. 

« Ce sont des accidents de régénération, indique M. Girardin, et la végétation sera plus proche des prairies. Ces zones seront dénuées de forêts dues à une activité des feux très fréquents, poursuit-il.»

Une migration des feux vers le Nord et en altitude au fur et à mesure que la biomasse se forme sur les flancs des montagnes est une possibilité à envisager selon lui.


« On a des variabilités spatiales dans les feux et ce sont des projections plus vers la fin du siècle quand on sera dans un scénario climatique avec des changements importants,» précise-t-il. 

Une étude appelée Les interactions entre le climat, la végétation et les incendies pourraient transformer les forêts boréales du nord-ouest canadien au XXIe siècle et publiée le 16 juin 2023 sur la plateforme iScience indique que les modèles climatiques prédisent des températures plus chaudes et des sècheresses plus fréquentes ou graves au cours du XXIe siècle. Ces modèles suggèrent également que les hivers pourraient être plus courts et plus doux, avec une profondeur et une durée de l'enneigement favorisant un séchage de la végétation plus tôt dans l'année et donc une saison des incendies qui s'avère plus longue. 


La foudre, principale cause des feux dans le Nord

Les éclairs liés à la convergence des masses d’air et à l’instabilité atmosphérique devraient également se produire plus souvent et favoriser ainsi le déclenchement des incendies. En Arctique, la foudre est la principale cause de déclenchement des feux. 

Dès juin 2017, une étude financée par la NASA et dirigée par l’Université libre d’Amsterdam et l'Université de Californie à Irvine mettait de l’avant le rôle de la foudre.

« Il y a eu un nombre record d'incendies provoqués par la foudre dans les Territoires du Nord-Ouest canadiens en 2014 et en Alaska en 2015. Il y a aussi une augmentation de deux à cinq pour cent par an du nombre d'incendies déclenchés par la foudre depuis 1975,» peut-on lire dans l’étude. 

D’après M. Girardin, la prévention dans les communautés est une solution à envisager pour limiter l’ampleur des incendies. Le choix de matériaux plus résistants au feu, lors de la construction de bâtiments devrait être, selon lui, une norme dans les territoires afin de réduire le risque.

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Photos

Titre : 2023.09.01_Feux TNO Forêt 2023 (2).webp

Légende : Courtoisie GTNO

Titre : Copie de hayriver_oli2_2023236_lrg

Légende : Hay River et le hameau Entreprise plus bas, recouverts d’une épaisse fumée dues aux feux de forêt (Source : https://earthobservatory. nasa.gov/images/151758/wildfires-burn-nearhay-river – NASA)

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  • Date de création 25 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 25 septembre, 2023
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