Faire payer les compagnies polluantes suite aux catastrophes climatiques

Feux de forêt, inondations et chaleurs extrêmes ne sont que quelques exemples de catastrophes qui résultent des changements climatiques, répète à outrance la communauté scientifique. Et si l’on faisait payer les compagnies d’énergie fossile pour ces événements?

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Le NPD ontarien a déposé un projet de loi début juin pour appliquer le principe du pollueur-payeur aux grandes compagnies d’énergie fossile, surtout pétrolière.

Le Projet de loi 120, Loi de 2023 sur la responsabilité à l’égard des dommages liés au climat, veut faire payer en partie ces géants lorsqu’il est prouvé scientifiquement que leur empreinte environnementale est responsable d’un événement climatique en Ontario.

Le député ancré dans Toronto—Danforth depuis 2006, Peter Tabuns avait soumis ce projet de loi pour la première fois en 2018 et revient à la charge avec trois autres signataires.

Une d’entre elles, Sandy Shaw, explique que ce projet de loi est une première étape pour avertir les entreprises de leur impact environnemental.

«On veut que les compagnies portent une attention sur l’enjeu climatique. Les dommages des catastrophes climatiques ont un coût pour le gouvernement et la population, l’industrie aussi doit payer et être tenue responsable de ses actions.»

Elle souhaite que cette politique décourage du même coup les investisseurs d’acheter des actions dans les compagnies pétrolières, étant donné que leur valeur pourrait baisser si elles devaient payer pour leurs dommages.

Impact dans la région

La tempête derecho en mai 2022 est un exemple récent de catastrophes naturelles causées par les changements climatiques. Le vice-président de Boisé Est, qui représente les propriétaires de forêts privées dans l’Est ontarien, Jean Saint-Pierre, accueille favorablement cette initiative du NPD.

«C’est une bonne idée de lancer cette initiative, même si c’est une première étape et qu’il y aurait beaucoup de règlements à élaborer. L’effet de causalité est clair sur la santé des gens», souligne le biologiste de formation.

Plus d’un an après la tempête, M. Saint-Pierre observe encore des dommages frappants de cet événement. «Je me promène dans l’Est ontarien et il n’est pas rare que je parle à des membres qui sont obligés de laisser leur maison là, inhabitable, parce qu’il y a trop de dommages.»

Il propose un fonds financé par les producteurs d’énergie fossile, où l’argent serait utilisé pour réparer les dommages de catastrophes causées par les changements climatiques.

Première pierre dans l’édifice

À la fin du 20e siècle, les compagnies polluantes niaient publiquement l’existence des changements climatiques. Maintenant que les scientifiques et la population savent pertinemment que l’énergie fossile contribue au réchauffement planétaire, la stratégie des compagnies est de retarder leurs actions concrètes de réduction des gaz à effet de serre, explique la chargée de campagne climat pour Greenpeace Canada, Salomé Sané. L’écoblanchiment et le lobbying en sont des exemples.

«Les compagnies canadiennes d’énergie fossile sont les principales responsables du réchauffement climatique au Canada, qui est la cause des catastrophes naturelles, soutient-elle. Il est donc de mise de les faire payer pour leurs actions. Le but est que les compagnies remettent leurs pratiques en question, car elles sont la principale cause du dérèglement climatique.»

Les scientifiques sont de plus en plus en mesure de lier un événement climatique à l’empreinte environnementale d’une compagnie. L’Union of Concerned Scientist aux États-Unis publiait plus tôt cette année une étude prouvant que 37% de la superficie forestière brûlée dans l’ouest des États-Unis et le sud-ouest du Canada depuis 1986 peut être attribuées aux 88 plus grands producteurs de combustibles fossiles et cimentiers du monde.

L’adoption de ce projet de loi représente tout un défi avec le gouvernement conservateur en place, concède la députée Shaw. «On dirait que le gouvernement Ford ne croit même pas en l’impact des changements climatiques. Il nous fait reculer dans nos progrès.»

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Le NPD ontarien a déposé un projet de loi début juin pour appliquer le principe du pollueur-payeur aux grandes compagnies d’énergie fossile, surtout pétrolière. Le Projet de loi 120, Loi de 2023 sur la responsabilité à l’égard des dommages liés au climat, veut faire payer en partie ces géants lorsqu’il est prouvé scientifiquement que leur empreinte environnementale est responsable d’un événement climatique en Ontario. (123rf)

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  • Date de création 11 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 11 juillet, 2023
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