Faire le choix éclairé de se lancer en médecine familiale

Alors que l’Association médicale ontarienne (OMA) tire la sonnette d’alarme sur le manque de médecins de famille et le fardeau administratif qui les accable, l’Université de l’École de médecin du Nord de l’Ontario cherche à redorer le blason de cette profession. Une série de conférences aura lieu au cours des prochains mois pour répondre aux questions de tous les étudiant.e.s en médecine du Canada.

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Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Dre Émilie Gillissie était l’une des conférencières de la première conférence du 1er février. L’étudiante de l’École de médecin du Nord de l’Ontario (EMNO) fait présentement sa résidence en médecine familiale à Kapuskasing, sa ville natale.

«Je me compte chanceuse de pouvoir pratiquer et faire mon training où que je veux éventuellement pratiquer», dit-elle en entrevue avec Le Voyageur. Après ses études en sciences infirmières, elle a travaillé avec l’équipe de santé familiale de Kapuskasing. C’est là qu’elle s’est aperçue qu’il y a avait un besoin de sa ville.

Plusieurs aspects de la profession l’attiraient également. «Une des choses que j'aime le plus de la médecine familiale, c'est que tu apprends vraiment à connaitre tes patients, tu bâtis une bonne relation avec eux, tu les suis au courant de leur vie, au courant de leur parcours, de leur santé…»

Une pensée pour les francophones

Accompagner sa grand-mère à ses rendez-vous médicaux a provoqué une autre révélation pour Émilie Gillissie. 

Sa grand-mère parlant très peu anglais, Dre Gillissie l’a accompagnée pour traduire et l’aider à comprendre ce que disait le personnel médical. «Dans nos petites communautés, il y a beaucoup de personnes, encore, surtout les personnes âgées, qui parlent seulement le français. Alors je crois qu'elles méritent d'être servies dans leur langue maternelle.»

Elle a été aux premières loges déjà, pendant sa résidence, et a vu à quel point le stress des patients diminue lorsqu’ils peuvent parler à une médecin dans leur langue maternelle. 

«Juste cette semaine, j'étais à l'urgence, puis j'avais un patient francophone. Quand je suis entré dans la salle, tu voyais que le patient était super nerveux. Puis aussitôt qu'on a commencé à parler français, tu voyais que la nervosité a commencé à partir.»

«Mauvaise presse»

Pour la rectrice et vice-chancelière de l’EMNO, Dre Sarita Verma, elle-même médecin de famille, il n’y a pas meilleur choix de carrière en médecine que la pratique familiale. Ce n’est cependant pas tous les étudiant.e.s qui peuvent s’y lancer. Comme ce ne sont pas tous les étudiant.es en médecine qui ont une assez bonne coordination œil-main pour être chirurgien, ce ne sont pas tous les étudiant.e.s qui ont l’esprit de détective nécessaire à la médecine familiale.

Dre Verma tient cependant à offrir un message positif au sujet de la médecine familiale. «Honnêtement, il y a tellement eu mauvaise presse au sujet de la médecine familiale que je crois que ça a un effet nocif sur le choix de carrière des étudiants.»

Malgré cela, près de 50 % des étudiant.e.s de l’EMNO choisissent la médecine familiale, contrairement à environ 30 % pour les autres écoles de médecine du pays.

Donner la chance aux petits

Pour Dre Sarita Verma, le secret est d’exposer les étudiant.e.s le plus rapidement possible à une expérience de médecine familiale. 

Dre Émilie Gillissie est d’accord. «Je pense que c'est comme ça qu'on commence à les recruter. Ils viennent pour une couple de mois, après ils réalisent comment c’est l’fun, alors ils décident de rester par après.»

Elle affirme que ses collègues étudiant.e.s pourraient parler des efforts qu’elle déploie pour les encourager à travailler dans les petites villes ou en milieu rural. «Je trouve que pouvoir élever une famille dans une petite communauté a tellement d'avantages», dit l’amatrice de sports extérieurs.

Surchargé

En novembre 2023, l’OMA rappelait qu’ils s’attendent à ce que 40 % des médecins — toutes disciplines confondues — prennent leur retraite au cours de cinq prochaines années. Même si la région a réussi à recruter environ 200 médecins de famille au cours des dernières années, ce n’est pas suffisant pour répondre au besoin.

L’Association prévient également que le système de santé ontarien écrase les médecins de famille sous le poids de la paperasse. «Les médecins de famille passent 40 % de leur temps chaque semaine à remplir des formulaires et à essayer de guider leurs patients à travers un système déconnecté et fragmenté», peut-on lire dans un communiqué publié le 29 janvier.

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Dre Émilie Gillissie fait sa résidence en médecine familiale à Kapuskasing et aimerait y pratiquer la médecine. — Photo : Courtoisie

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  • Date de création 24 février, 2024
  • Dernière mise à jour 24 février, 2024
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