Faire briller sa langue par l’intermédiaire d’une comédie musicale

Ayant écrit en français pour une grande partie de sa carrière, une dramaturge du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse voulait faire quelque chose de différent : réaliser une œuvre théâtrale en utilisant les couleurs d’un parler régional. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Yvette d’Entremont, réalisatrice de la comédie musicale Nelson dormait, est une Acadienne originaire de Pubnico-Ouest qui porte plusieurs chapeaux. Au fil de sa carrière, ses œuvres théâtrales lui ont permis de voyager et de voir le monde. Or, avec son nouveau projet, c’est le monde qui peut voir son coin de pays.

Nelson dormait est, en partie, le récit de Vince et Rose, un vieux couple de la région du sud-ouest qui s’apprête à se marier. Les deux reçoivent un coup de main de la communauté afin d’organiser la cérémonie, après avoir appris la nouvelle. Il y a aussi la ligne narrative d’un personnage prénommée Nelson que personne n’arrive à retrouver le jour des noces, trop occupé à sommeiller en cachette.

Le spectacle est un mélange de danse, de chant et d’humour exprimé dans un parler familier. Avec le dialecte « colorié » de la région de Pubnico et de Wedgeport, le spectateur est transporté dans un univers qui ressemble à un milieu pas très loin de chez lui.

Pour son nouveau projet, elle avait l’idée de réaliser une comédie musicale qui reflète le vécu des gens de sa région. Pour ce faire, la dramaturge a décidé de travailler seulement avec des adultes de son entourage. « Je pense que ça nous a donné un niveau de confort, surtout avec les deux ans qu’on a eus, révèle l’artiste. Les spectateurs nous ont beaucoup dit qu’ils ont vraiment apprécié pouvoir rire et comprendre tout le long. Ça ne veut pas dire qu’ils [n’auraient pas] compris si on avait parlé en français standard, mais juste le fait que le registre était à leur portée, que c’était accessible… en plus du fait que c’était drôle ! »

Comme son public, Mme d’Entremont dit avoir eu l’envie elle aussi de lâcher prise. La grande majorité du temps, ses textes sont écrits en français standard, parsemés d’expressions régionales. Cette fois-ci, son cœur l'a poussé à faire autrement. « J’ai senti un besoin de lâcher, d'enlever mon chapeau d’enseignante et juste parler comme chez nous, raconte-t-elle. J’avais besoin de ça, moi aussi. »

Les premières présentations de Nelson dormait ont eu lieu du 2 au 5 juin 2022 à la Salle Père-Maurice-LeBlanc à Tusket, en Nouvelle-Écosse.

Les défis de la pandémie

Le projet de l’artiste a émergé bien avant la crise sanitaire. La première fois que Mme d’Entremont a tenté de mettre la comédie musicale sur pied, elle avait eu beaucoup de collègues à ses côtés. Malheureusement, la pandémie a été déclarée deux semaines avant la première.

En septembre 2021, lorsqu’elle a lancé une seconde tentative pour réaliser son œuvre, environ la moitié des anciens participants ont refusé de prendre part au projet de nouveau. « [Pour] la majorité, c’était un manque de temps et ils ne voulaient pas faire quelque chose à moitié », explique Mme d’Entremont.

En vue de présenter son œuvre, la dramaturge a été obligée de s’adapter en y apportant certaines modifications, entre autres à la description des personnages et à la mise en scène. En outre, quelques répétitions avec les comédiens se sont déroulées par Zoom, chose qui n’a pas toujours été facile. « Ils ont beaucoup de patience, beaucoup d’endurance, beaucoup de persévérance », mentionne-t-elle.

Par l’entremise de cette expérience hors de l’ordinaire, Mme d’Entremont dit avoir rencontré des « gens exceptionnels » qui lui ont permis de mettre au monde un projet qui se veut d’être bien plus qu’une source de divertissement.

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 7 juillet, 2022
  • Dernière mise à jour 7 juillet, 2022
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